Rope. Composition de tableaux dans une structure métallique en forme de cube.
Alexander Murashkin © Musée de l'Art contemporainAu quatrième étage de Beaubourg, une nouvelle installation fait littéralement irruption dans l’exposition permanente. Occupant un espace de 400 mètres carrés, elle a pour mission d’« animer » l’ensemble, d’y insuffler un esprit novateur expérimental indispensable à l’art contemporain, etde regarder l’avenir à travers les yeux des créateurs.
Plusieurs jeunes artistes internationaux qui se consacrent à la thématique muséale ont été invités à participer au projet. Les œuvres de certains d’entre eux, dont le Russe Arseniy Zhilaev, seront exposées pendant toute la durée de la manifestation ; d’autres se succéderont dans la partie centrale de l’espace toutes les semaines, en modifiant tant sa conception générale que la perception des autres œuvres d’art.
Une autre artiste russe, Taus Makhacheva, fait partie de ces exposants « temporaires » : sa vidéo Rope offre un récit métaphorique sur les difficultés de l’organisation muséale.
Le musée du futur
Le thème du futur, mêlé au cosmisme russe, intéresse Arseniy Zhilaev depuis plusieurs années. Son projet Future Histories, réalisé en collaboration avec l’Américain Mark Dion et présenté en 2015 dans le cadre du programme parallèle de la Biennale de Venise, était déjà consacré au musée du futur. L’installation de Beaubourg traite du même sujet. Arseniy Zhilaev explique :
« L’œuvre prolonge le thème du musée, qui pour moi est central. J’y traite de la spécificité du travail entre l’artiste et le collectionneur, ainsi que des notions de paternité artistique en tant que telle. Le musée imaginaire du futur [actuellement, le Centre Pompidou] sert de cadre à ce projet. Le cœur de l’installation Musicien/ne est une grande toile peinte représentant l’artiste Henri Matisse et son principal collectionneur russe Sergueï Chtchoukine, lesquels sont ressuscités dans un seul corps. Cette image est née d’une rumeur, selon laquelle Chtchoukine aurait légèrement retouché les parties génitales d’un des musiciens de Musique. La toile serait restée ainsi jusque dans les années 1980. Ces retouches sont visibles sur toutes les reproductions de l’époque. Je leur rends leur place en créant une gigantesque abstraction et en l’entourant d’une histoire spéculative sur la manière dont Henri Sergueï-Matisse-Chtchoukine pourrait évoluer à l’avenir ».
L’installation-discussion sur l’homme du futur, son art et la place du musée dans cet art comprend également une lettre de l’artiste au public, l’œuvre originale de Matisse Nu assis sur fond rouge, conservée au Centre Pompidou, et des lettres échangées par les deux protagonistes, Matisse et Chtchoukine.
Intérieur-extérieur
Extraits de Rope : le funambule Rasul Abakarov. Alexander Murashkin © Musée de l'Art contemporain
La vidéo Rope de Taus Makhacheva fera partie de l’exposition du 11 au 16 mai. Elle comporte plusieurs niveaux : muséologie, histoire visible et invisible des arts, interaction entre musées nationaux et régionaux, ainsi que les questions éternelles – que fais-tu, pour qui le fais-tu, comment entrer dans l’histoire.
« J’ai composé une sorte d’histoire des arts du Daghestan : j’ai sélectionné une œuvre de chaque artiste local majeur depuis la fin du XIXème siècle et jusqu’en 2000 – 61 œuvres en tout. Nous en avons fait des copies. Puis, le funambule Rasul Abakarov a marché sur une corde tendue entre deux petites montagnes tenant ces copies en équilibre. Il déplaçait les œuvres d’une structure métallique, où elles étaient disposées selon leur taille, dans une autre structure en forme de cube symbolisant l’Arche, métaphore des réserves du musée », relate Taus Makhacheva.
Née à Moscou, Taus vit actuellement à Makhatchkala. Toutes ses pratiques artistiques, où elle s’interroge sur l’identité nationale, l’Est et l’Ouest et la place de la femme dans le monde musulman, sont liées au Daghestan, la terre de ses ancêtres.
À Paris, Rope deviendra une installation : la vidéo y sera présentée avec les esquisses préparatoires connexes.
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