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Le lecteur fait la connaissance d’Ilia Oblomov, allongé sur son canapé. C’est un noble qui vit à Saint-Pétersbourg. À un peu plus de 30 ans, il est célibataire, un peu rondouillard, mais très gentil. Le principal trait de caractère d’Oblomov est la paresse... Il ne fait littéralement rien. Il ne se mêle pas à la société noble, ne lit même pas de livres. Il se contente de faire la sieste et rêve de s’installer à la campagne et de mener une vie rurale dans un domaine qui lui appartient.
Dans sa jeunesse, Oblomov menait une vie plus active, étudiait, travaillait dans un bureau, rêvait d’une famille. Ayant commis une grave erreur, il a toutefois pris peur et a quitté son emploi. Peu à peu, il en est arrivé à la vie qu’il mène aujourd’hui.
L’antagoniste d’Oblomov est son vieil ami Andreï Stolz, qui est tout le contraire. Il est travailleur, très actif, rationnel, méticuleux et tente de sauver son ami de ce mode de vie. Stolz oblige Oblomov à sortir en public et lui présente une jeune femme intelligente et énergique de 20 ans, Olga.
Pour la première fois de sa vie, Oblomov sort alors de sa coquille, commence à courtiser Olga et loue même une maison de campagne à côté d’elle. Un jour, il se rend compte qu’il est amoureux. Oblomov demande donc Olga en mariage, qui accepte avec joie.
Cependant, l’énorme insécurité d’Oblomov gâche tout. Il commence à penser qu’en étant à côté d’Olga, il la compromet, que les gens les regardent avec désapprobation. À leur retour à Saint-Pétersbourg, des rumeurs sur leur mariage commencent à circuler, bien qu’ils aient gardé leurs fiançailles secrètes. Oblomov s’en effarouche (comme avec son travail) et rend de moins en moins visite à Olga. Et, inévitablement, ils se séparent.
Oblomov sombre alors dans la dépression et des escrocs parviennent à lui soutirer la majeure partie de son argent. Stolz s’inquiète pour lui et tente de l’aider à nouveau. Cependant, Oblomov n’a pas vraiment besoin de cette aide. La propriétaire de l’appartement qu’il loue s’occupe de lui, se consacre entièrement à lui... et puis, ils se marient. Au même moment, Stolz rencontre Olga, tombe amoureux d’elle et se marie à son tour...
Le nom Oblomov est devenu un mot commun pour désigner un homme paresseux. La notion d’« oblomovchina » est également apparue, désignant une période de stagnation personnelle, d’apathie, de paresse et de manque de volonté de vivre. Les critiques du XIXe siècle se sont empressés d’écrire de longs essais à ce sujet. Qu’est-ce que l’« oblomovchina » et est-elle préjudiciable à la société ?
En fait, cette situation était assez courante dans l’Empire russe du XIXe siècle. Eugène Onéguine de Pouchkine parle également d’un noble qui s’ennuie, qui ne travaille pas et qui est fatigué de la vie, même s’il n’est pas si paresseux... Un noble qui possède des terres et des serfs et qui en tire des revenus n’a pas besoin de travailler. Et depuis sa plus tendre enfance, il est habitué à ce que des serviteurs l’aident à s’habiller le matin et lui servent ses repas.
Les critiques soviétiques ont perçu le roman comme un signe que la noblesse russe était au bord de la mort et que son mode de vie avait conduit à la révolution.
La dégradation morale a également été constatée dans les romans d’Ivan Tourgueniev (comme Nid de gentilhomme), qui semblait également s’en inquiéter. Mais pas Gontcharov. L’auteur ne manifeste aucun mépris à l’égard de son personnage Oblomov. Au contraire, bien que ce dernier soit montré comme faible et paresseux, il reste une personne aimable. Et il semble que Gontcharov ait même eu de la sympathie pour lui. Le critique Nikolaï Dobrolioubov a félicité Gontcharov pour avoir montré la plénitude de la vie telle qu’elle était à l’époque. Oui, il y a un paresseux, mais il ne doit à personne d’être actif. Et il mérite le bonheur, comme n’importe qui d’autre.
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