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Né dans une petite ville du Sud de la France et ayant grandi à Paris, Viktor a toujours voulu acquérir une expérience à l’étranger. Après avoir travaillé en tant qu’architecte au sein d’un groupe mondial de l’hôtelière en Californie, il tenait à retourner en Europe afin d’être plus proche de sa famille. Toujours désireux de découvrir de nouveaux endroits, il a accepté en 2011 une offre d’emploi impliquant des voyages d’affaires réguliers entre Saint-Pétersbourg et Nice. « Je ne connaissais pas grand-chose sur la vie de tous les jours en Russie à part ce qu’on apprend à l’école et à la fac, mais une fois que j’ai mis mon pied à Saint-Pétersbourg, je suis tout de suite tombé amoureux de la ville », relate ses souvenirs Viktor.
Le riche héritage à la fois historique et culturel de Saint-Pétersbourg, ainsi que le mélange de différents styles d’architecture, et même la façon dont la ville est construite, voilà ce qui captive depuis le cœur de Viktor. « À première vue, ça m'a même rappelé un peu Paris, où il y a la Seine au milieu et la ville autour, sauf qu’ici c’est la Neva. J’adore ces grands espaces ouverts au bord de la rivière et des rues plus petites avec de vieux bâtiments sur l’île Vassilevski ou dans l’arrondissement de Petrogradskaïa. Mais ce que j’aime le plus et ce qui m’a manqué aux États-Unis, c’est l’ancienneté de la ville avec tous ces quartiers avec une grosse histoire derrière chacun », explique Viktor d’où vient son amour pour la Venise du Nord.
Ainsi, après avoir vécu pendant 5 ans entre la Russie et la France, il a décidé de s’installer définitivement à Saint-Pétersbourg en 2016. « En restant ici, j’ai même commencé à écrire mon prénom à la russe (en français : Victor) pour mettre fin à toutes les confusions bureautiques liées au visa et d’autres documents », raconte-t-il avec sourire les détails de son déménagement. Toutefois, les changements, liés à cette décision de rester en Russie, se sont avérés bien plus grandioses. En effet, c’est grâce à Saint-Pétersbourg, où il avait commencé à prendre des photos dès le premier jour, qu’il s’est immergé dans le domaine artistique. Finalement, cet engouement pour la photographie, inspiré par la ville et encouragé par ses amis et ses abonnés sur Instagram, est devenu sa principale activité professionnelle depuis plus d’un an déjà : « J’ai vu que les gens aimaient bien les photos que je faisais et encore, j’ai compris que j’aime bien apprendre l’art de la photo aux gens ».
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D’après Viktor, Saint-Pétersbourg est une ville avec un fort caractère et parfois même dur, et toutefois confortable à vivre et toujours intéressant à découvrir. Le fait que la ville n’est pas devenue une attraction touristique, contrairement à la plupart des grandes villes européennes, permet, selon Viktor, de saisir quotidiennement l’authenticité des différentes périodes historiques. « Ce n’est pas une ville triste, ni heureuse non plus, à l’image par exemple des villes en Espagne ou au Mexique pleines de couleurs. Aussi, plus tu y vis, plus tu ressens son histoire qui n’est pas toujours positive, mais très présente même aujourd’hui », raconte Viktor.
Un autre facteur qui influence énormément l’esprit de Saint-Pétersbourg est le climat qui ne se distingue pas par sa douceur. Ce dernier, d’après Viktor, fait en sorte que les habitants de la ville savent apprécier à fond chaque saison de l’année, et surtout l’arrivée du printemps après un long hiver et les beaux jours chauds d’été accompagnés par le phénomène connu sous le nom de Nuits blanches. Cependant, ce sont des paysages du Saint-Pétersbourg hivernal avec la Neva gelée et couverte de neige que l'on trouve le plus souvent sur les photos de Viktor. « Moi personnellement, j’aime le plus la ville en hiver quand tout est pris dans la glace. En fait, c’est ma période d’année préférée, car il y a cette ambiance particulière qui donne parfois l’impression de vivre dans un film », précise-t-il.
La perspective Nevski, artère principale de Saint-Pétersbourg, est un endroit que Viktor évite de capturer avec son appareil photo. Dans la liste de ses endroits préférés, on retrouve par contre l’île Vassilevski, Petrogradskaïa, Tchernychevskaïa et les quartiers plus modernes avec un style d’architecture futuriste au bord du golfe de Finlande, où se trouve le nouveau stade et le gratte-ciel Lakhta Center. « J’aime beaucoup montrer l’esprit de la ville et ça ne marche pas avec les lieux pleins de touristes dans un temps normal sans pandémie », explique Viktor la logique selon laquelle il choisit les scènes pour ses photos, « Des quartiers éloignés du centre-ville et hors Nevski, ce sont des endroits où les gens vivent ! Et dans mes photos, je cherche avant tout à capturer ces moments de la vie quotidienne de la ville ».
Une composante importante de toute photographie est la lumière. Un invité plutôt rare de la capitale du Nord de la Russie, Viktor cherche à en profiter surtout en été : « La lumière ici est magnifique pendant les Nuits blanches, car le coucher et le lever du soleil durent plusieurs heures, c'est hyper intéressant pour les photos ». En hiver, lorsque la ville s'endort littéralement sous une couverture de neige, Viktor accorde plus d'attention aux jolies perspectives : « C’est pendant cette période-là, que je me permets d’aller sur la place du Palais ou au Canal d’hiver à côté de l’Ermitage, d'où s’ouvre une belle vue sur la Neva avec la forteresse Pierre-et-Paul en arrière-plan. Une fois que j’ai trouvé une jolie composition, j’attends que les gens passent et entrent dans le cadre ».
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La capacité de représenter Saint-Pétersbourg non pas du côté touristique, mais plutôt plus quotidien et très familier à tous ceux qui y ont vécu quelque temps, tout en préservant la magie de la ville, est une caractéristique distinctive inhérente aux photos que réalise Viktor. Comme il l'admet, au début de son parcours en tant que photographe, il recevait de nombreux messages élogieux des Russes vivant à l'étranger : « au final, ce sont des Russes expatriés qui m’ont fait comprendre qu’il y avait quelque chose de spécial à montrer ». Cette reconnaissance de la part des Pétersbourgeois, qui sont aujourd’hui loin de chez eux, est due, selon Victor, au fait que sur ses photos « ils voient avant tout des rues qu’ils ont l’habitude de vivre ».
Cette fine connaissance d’endroits et cette perception originale de la ville, comme s’il y était né, s’expliquent aussi par la passion de Viktor pour la littérature classique russe. Cette dernière lui donne des idées pour ses photos et lui permet de visualiser la ville comme s’il s’agissait d’une pièce de théâtre. « Quand je partais en France pour les vacances, je lisais beaucoup d’incontournables de la littérature classique russe, Dostoïevski et Tolstoï, raconte Viktor, et aujourd’hui, quand je marche dans la ville, j’imagine très souvent être dans l’un de ces livres, par exemple Les Nuits blanches de Dostoïevski. Je trouve que c’est toujours d’actualité et on retrouve très facilement des ponts, bâtiments et petits squares qui gardent la même apparence décrite dans ses livres ».
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