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Les institutions culturelles de l'URSS étaient entièrement subordonnées à l'État et c'était ce dernier qui décidait quels films, livres et œuvres musicales verraient le jour (tout comme pour la presse officielle) et lesquels n’auraient pas ce privilège. On considérait alors que les écrivains avaient pour devoir d'inculquer au citoyen soviétique les bonnes valeurs : l’amour du travail et de la patrie, l’héroïsme, le sacrifice et l’égalité. Les auteurs qui suivaient ce précepte étaient donc particulièrement appréciés et largement publiés. Voici quelques-uns des livres que tous les écoliers soviétiques ont dû lire.
Gorki était une véritable superstar en URSS : il jouissait d’une position spéciale, le Parti l'ayant installé dans le magnifique hôtel particulier Riabouchinski, au centre de Moscou, tout en lui accordant diverses faveurs et en lui permettant de passer de longues périodes en Italie pour se refaire une santé. L'écrivain était le favori de Staline et le chantre de la première Révolution de 1905, à laquelle beaucoup de ses œuvres sont consacrées.
L'action du roman La Mère se déroule dans les années 1900 prérévolutionnaires : un jeune ouvrier nommé Pavel Vlassov rassemble chez lui des camarades en un cercle secret. Ensemble, ils discutent du lourd fardeau des travailleurs dans les usines et décident d’appeler à l’union afin de lutter pour leurs droits. La mère de Pavel, même si elle craint que son fils ne soit arrêté, est fière de lui. Lorsque le jeune homme est jeté en prison, elle commence donc à distribuer elle-même des tracts appelant à la révolte et continue à croire en son travail. La fin du livre est particulièrement pathétique : des gendarmes attrapent cette femme, qui crie alors héroïquement les slogans de son fils.
Gorki compare évidemment son personnage principal à Jésus-Christ, ses compagnons aux apôtres, et sa mère à la Vierge Marie. De telles analogies convenaient évidemment au pouvoir soviétique, qui a nié l'existence de Dieu, mais créé un culte autour de valeurs similaires à celles du christianisme, avec Lénine en guise de divinité. Les révolutionnaires étaient considérés comme des héros parce qu'ils renonçaient à leur bonheur et à leur liberté personnelle afin de se battre pour les intérêts des travailleurs. Le roman La Mère a été adapté au cinéma à plusieurs reprises et a même été mis en scène dans un opéra, qui est monté sur la scène du Bolchoï.
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Ce roman autobiographique raconte la vie d'un homme soviétique exemplaire, Pavel Kortchaguine. L'auteur décrit les années 1918-24, la formation de la personnalité du héros, comment il a été expulsé de l'école, mais est parvenu à faire son chemin, comment il a combattu pendant la guerre civile, est devenu un membre actif du Komsomol (organisation de la jeunesse communiste), puis un travailleur politique exemplaire et un membre du Parti. Amoureux d’une camarade du Parti, il réprime par la force de sa volonté le désir de s'en rapprocher. Il travaille dur et retourne au travail, même gravement atteint du typhus. À la fin du livre, Pavel n'a que 24 ans, mais il semble avoir déjà vécu toute une vie.
« La chose la plus précieuse de l’homme est la vie. Elle lui est donnée une fois, et il est nécessaire de la vivre pour qu'elle ne soit pas atrocement douloureuse pendant des années vécues sans but ». Cette phrase du roman a bien été transmise au peuple ; cependant, la fin s’est perdue, l'auteur ayant en effet conseillé de consacrer toute vie et toute force « aux plus beaux du monde – la lutte pour la libération de l'humanité ».
Le roman s’est vu attribuer un caractère singulièrement héroïque de par le fait que Nikolaï Ostrovski l'a écrit en étant gravement malade et presque aveugle. Durant la rédaction, il a même perdu l’usage de sa main, de sorte que la majeure partie de l’œuvre a été dictée. La maison d'édition a d'abord critiqué le manuscrit, mais la direction du Parti est intervenue et le livre a été publié.
Au cours de l'existence de l'Union soviétique, 36 millions d'exemplaires du roman ont été publiés (en plusieurs éditions). Il a également été traduit dans de nombreuses langues de l'URSS et a été adapté à l’écran à plusieurs reprises. Le protagoniste Pavel Kortchaguine et le nom même du roman sont en outre devenus des expressions ancrées dans le langage courant.
Cholokhov était déjà incroyablement connu pour son précédent livre, un roman épique sur la guerre civile intitulé Le Don paisible. Cette fois, l'écrivain a décrit la collectivisation sur les berges du fleuve Don : comment les kolkhozes sont apparus, comment les paysans y ont été conduits, comment a été menée la dékoulakisation (la chasse aux propriétaires terriens) et comment ont été pris bétail et grain aux paysans riches.
À l'origine, le roman s'appelait À la sueur et au sang, reflétant la difficulté de conduire les gens dans des fermes collectives et de les faire travailler pour le bien commun. Cholokhov montre le choix difficile des gens ordinaires, qui aiment Staline et soutiennent le pouvoir soviétique, mais qui en même temps sont en colère à cause des actions des dirigeants sur le terrain. Cholokhov décrit également la forte impression qu'a eue sur les paysans l'article de StalineVertige du succès, dans lequel il disait aux décideurs locaux de ne pas trop tirer sur la ficelle et de ne pas forcer la collectivisation.
Dans le roman, il n'y a pas de représentation caricaturale des travailleurs politiques soviétiques et des membres du Parti au travers des héros. Il s’agit de gens ordinaires, indécis et pleins de doutes. Mais il y a assurément un personnage négatif – un ancien garde blanc – qui pousse ses concitoyens à la rébellion et à la désobéissance et tue les personnages clés que le lecteur a suivis tout au long de l’œuvre.
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Vassili Tiorkine est un poème sur la vie difficile au front, qui rappelle les épopées populaires et les contes de fées russes. Tvardovski avait été correspondant de guerre durant la Seconde Guerre mondiale et dans son œuvre, il a décrit les scènes auxquelles il a personnellement assisté pendant le conflit. Tiorkine est une figure fédératrice : joyeux, aimant les chansons et compagnies bruyantes, soldat modèle et héros de la Seconde Guerre mondiale. Le cinéma soviétique utilisera souvent une image similaire.
Le Parti a approuvé le poème, cependant, le texte a été raccourci et jugé insuffisamment vérifié sur le plan idéologique, ainsi que trop pessimiste. Il a cependant connu un grand succès, mais ce qui est intéressant, c'est que Tvardovski n’y mentionne ni le Parti ni même Staline (ce qui était impensable pour les œuvres militaires qui popularisaient le slogan principal de la propagande « Pour la patrie, pour Staline ! »).
En 1954, Tvardovski a préparé la deuxième partie du poème, Tiorkine dans l'au-delà, mais il n'a pas été autorisé à l'imprimer en raison de son caractère manifestement antistalinien. Cette œuvre s'est néanmoins avérée très utile lors de la débâcle du culte de la personnalité de Staline et a donc été publiée en 1963, pour connaître un grand succès, comparable à celui de la première partie.
Alexandre Fadeïev a longtemps été à la tête de l'Union des écrivains de l'URSS et a été l'un des principaux idéologues et propagandistes littéraires de la nation. C'est lui qui a par ailleurs été à l'origine de nombreuses décisions de censure, d'arrestations de manuscrits de romans, ainsi que de la persécution et de l'interdiction de publier d'écrivains tels que Mikhaïl Zochtchenko, Anna Akhmatova et Andreï Platonov.
Son roman le plus célèbre est basé sur des événements réels et raconte les activités de l'organisation clandestine de jeunesse antifasciste baptisée La Jeune Garde pendant la Seconde Guerre mondiale. De jeunes guérilleros ont en effet essayé de combattre les nazis par leurs propres moyens, et ont finalement été capturés, mais n'ont pas trahi les leurs, même sous la torture.
Le roman a été considéré comme une œuvre exemplaire de la littérature enfantine et a été inclus dans le programme scolaire obligatoire. Au total, 26 millions d'exemplaires ont été publiés.
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