Rapport McLaren: quelles conséquences pour la Russie?

Richard McLaren présente son rapport sur le dopage en Russie.

Richard McLaren présente son rapport sur le dopage en Russie.

AFP / East News
La présentation par l’avocat canadien Richard McLaren de la seconde partie du rapport de la commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA) a suscité une réaction tout à fait prévisible : les fonctionnaires russes affirment que l’enquête est partiale. Les conséquences de cette histoire peuvent être différentes, allant d’un scandale sans sanctions sérieuses à l’interdiction à participer aux Jeux olympiques d’hiver de 2018.

La seconde partie du rapport de la commission indépendante de l’AMA où la Russie est accusée de trucage des tests de dopage confirme dans les grandes lignes la première partie présentée en juillet dernier. Richard McLaren a de nouveau déclaré que la Russie avait eu recours, de 2011 à 2015, à « un système de dopage institutionnalisé » qui permettait aux sportifs russes de contourner les contrôles et ce, avec l’aide du ministère des Sports et du Service de sécurité (FSB).

Selon le rapport de l’AMA, le scandale de dopage éclabousse plus d’un millier de sportifs russes, notamment des participants aux JO de Londres en 2012 et de Sotchi en 2014. Le document affirme qu’un niveau de salinité « physiologiquement impossible » a été détecté dans les prélèvements appartenant à deux champions russes qui ont remporté quatre médailles d’or. D’autres trucages sont attribués aux sportifs des Jeux paralympiques.

« Il est impossible de faire ce dont nous sommes accusés »

Vitaly Moutko, ancien ministre des Sports, aujourd’hui vice-premier ministre, a indiqué après la publication du rapport que la Russie ne pouvait pas influer sur les résultats des JO à domicile. Il était « impossible » de manipuler des échantillons de contrôle à Sotchi, a-t-il fait remarquer : « Les Jeux avaient été organisés par des structures sportives internationales, tout était sous contrôle ».

Vitaly Moutko estime possibles des cas isolés de consommation de produits dopants, mais nie l’existence en Russie d’un programme de dopage au niveau de l’État. « Nous ne voulons pas de victoires malhonnêtes », a-t-il noté dans une interview à l’agence TASS.

Vitaly Smirnov, le président de la commission antidopage indépendante qui a été mise en place en Russie en juillet dernier après la publication de la première partie du rapport de Richard McLaren, dément lui aussi la possibilité même de l’existence d’un système institutionnalisé.

Il rappelle notamment que les accusations sont fondées sur les témoignages de l’ancien patron du Laboratoire antidopage de Moscou, Grigori Rodtchenkov. Ce dernier, exilé aujourd’hui aux États-Unis, affirme avoir organisé le trucage d’échantillons. Vitaly Smirnov estime que ses dépositions ne sont pas dignes de confiance.

Perspectives floues

Le dénouement de cette épopée demeure un mystère. Après la parution de la première partie du rapport, il a été question d’abord d’écarter des JO de Rio la sélection russe au complet, mais au final le Comité international olympique (CIO) a interdit de participation les sportifs qui ont été convaincus précédemment de consommation de produits dopants, ainsi que l’équipe d’athlétisme impliquée dans un scandale.

Le sujet revient en force aujourd’hui et il est possible que la Russie ne s’en sorte pas trop facilement : le pays pourrait être non seulement rayé de la première ligne au classement des médailles à Sotchi, mais également privé du droit de participer aux JO de 2018 à Pyeongchang.

Dans une interview au journal Kommersant, Alexeï Karpenko, avocat spécialisé en droit du sport, a souligné que la Russie risquait l’annulation de compétitions internationales chez elle et que plusieurs sélections pourraient être interdites de participation aux compétitions.

Toutefois, les avis ne sont pas unanimes. Ainsi, Andreï Smolenski, directeur de l’Institut de médecine sportive de l’Université de la culture physique, des sports et du tourisme, estime que Richard McLaren « a baissé le ton » par rapport à sa rhétorique d’été. Selon lui, l’avocat canadien a constaté que la Russie avait fait « des choses positives » dans la lutte contre le système de dopage.

« Je ne pense pas que le CIO décide de priver la Russie de compétitions ou de Jeux olympiques, a-t-il dit à RBTH. Il se peut que certains pays boycottent des compétitions organisées en Russie. Mais ça, c’est de la politique et non du sport ».

La balle est dans le camp du CIO

Quelle que soit la décision du CIO, c’est elle qui sera juridiquement contraignante et non le rapport de Richard McLaren, a rappelé le juriste de sport Artiom Patsev. « Richard McLaren le dit lui-même : Je suis une personnalité indépendante, je n’ai fait qu’analyser les documents et tirer mes conclusions. Il ne formule même pas de recommandations au CIO ou aux fédérations sportives internationales, il ne fait que leur remettre des données », a-t-il indiqué à RBTH. 

Il a rappelé qu’une commission spéciale dans le cadre du CIO enquêtait sur l’éventuelle existence en Russie d’un système organisé de dopage. « Certains cas isolés de violation (des règles antidopage) par certains sportifs ne prouvent rien, a-t-il expliqué. C’est des résultats des travaux de la commission du CIO que dépendra la décision sur une éventuelle application de sanctions internationales contre la Russie ». C’est la commission du CIO et non le rapport de Richard McLaren qui révèlera le fin mot de l’histoire.

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