La Finlandaise Kaisa Makarainen lors de la Coupe du monde de biathlon à Khanty-Mansiïsk.
Alexeï Filippov/RIA NovostiLe scandale de dopage qui touche la Russie et qui semblait s’être éteint avec l’achèvement des Jeux olympiques et paralympiques à Rio a été ravivé.
La tension entre l’Agence mondiale antidopage et les fonctionnaires russes est montée d’un cran après que l'Union internationale de biathlon (IBU) eut décidé le 5 septembre dernier d'attribuer l'organisation des Championnats du monde 2021 à la ville de Tioumen (Sibérie orientale, à plus de 2 000 kilomètres à l’est de Moscou).
L’AMA contre des compétitions en Russie
La demande déposée par la Russie a remporté le vote, en totalisant 25 voix des délégués au congrès. Les concurrents de Tioumen, Pokljuka en Slovénie et Nove Mesto en République tchèque, n’ont obtenu respectivement que 13 et 11 voix.
Le choix de l’IBU s’explique par le fait que Tioumen dispose d’un centre moderne de sports d’hiver (Perle de la Sibérie) ainsi que par l’expérience de la Russie dans le domaine de l’organisation de compétitions internationales. En effet, Tioumen a accueilli en février dernier les Championnats d’Europe, tandis qu’une autre ville de Sibérie, Khanty-Mansiïsk, est devenue le lieu de Championnats du monde à trois reprises, en 2003, en 2010 et en 2011.
Néanmoins, la victoire de Tioumen a provoqué la grogne de l’AMA qui a exigé des explications de la part de l’IBU au sujet de l’attribution de compétitions à un pays « mis en examen » dans le cadre d’une affaire de dopage. Les Fédérations internationales ne doivent pas accorder de championnats du monde aux pays dont le Comité olympique et l’organisation antidopage nationale ne sont pas conformes au Code mondial antidopage, a déclaré le service de presse de l’AMA à rsport.ru, site russe des nouvelles du sport.
Passer outre à la recommandation du CIO
La décision de l’IBU va en sens inverse de la recommandation du Comité international olympique (CIO) qui, le 19 juillet dernier, a exhorté les fédérations internationales à renoncer à organiser des compétitions internationales de sports d’hiver en Russie. Le CIO a ainsi réagi au rapport de la commission indépendante de l’AMA dirigée par l’avocat canadien Richard McLaren accusant les fonctionnaires russes d’avoir escamoté des échantillons positifs lors des JO de Sotchi en 2014.
Les fédérations internationales ne sont pourtant pas obligées d’appliquer les recommandations du CIO et de l’AMA et elles prennent librement leurs décisions sur l’organisation de championnats du monde et d’étapes de coupes du monde, a expliqué le juriste sportif russe Valéry Fedoreïev dans une interview à RBTH.
« Il semble que l’IBU n’ait pas pris en compte les résultats intermédiaires du rapport de Richard McLaren. Toutefois, après la publication du document dans sa version définitive avant la fin de l’année, je n’exclus pas une éventuelle révision de ce choix. Et plus nombreux seront les nouveaux faits, plus de tels développements seront possibles. Le nombre de biathlètes cités dans le rapport aura également une grande importance », a-t-il fait remarquer.
Pour le moment, la protestation élevée par l’AMA n’a pas poussé l’IBU à revenir sur sa décision d’organiser les compétitions à Tioumen. Le président de l’IBU Anders Besseberg a déclaré que l’Union pourrait priver Tioumen du tournoi uniquement si le rapport de Richard MacLaren cite de nouveaux faits, a indiqué rsport.ru se référant à la chaîne de télévision norvégienne NRK.
Les compétitions internationales suivent leur calendrier
Entretemps, les compétitions internationales de sports d’hiver en Russie ne sont pas annulées en réaction en chaîne comme s’y attendaient certains. Ainsi, l’Union internationale de patinage (UIP) prévoit toujours de tenir à Moscou, du 4 au 6 novembre, une étape de la Coupe du monde de patinage artistique et à Tcheliabinsk (à 1500 kilomètres à l’est de Moscou) une étape de la Coupe du monde de patinage de vitesse, du 10 au 12 mars 2017. La Fédération Internationale du Ski (FIS) maintient pour sa part l’organisation d’une étape de la Coupe du monde de saut à ski du 10 au 12 décembre à Nijni Taguil (à 1700 kilomètres à l’est de Moscou).
Aucune décision officielle n’a frappé non plus les préparatifs des Jeux universitaires d’hiver de 2019 à Krasnoïarsk (à 3300 kilomètres à l’est de Moscou) ni ceux du Championnat du monde de luge de 2020 à Sotchi (à 1600 kilomètres au sud de Moscou).
« Nous n’avons pour le moment aucun problème avec les compétitions internationales », a déclaré à rsport.ru Vitali Moutko, ministre russe des Sports, en précisant que les fédérations internationales ne reportaient pas les épreuves dont l’organisation était initialement prévue dans le pays.
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