Le sauvetage du sport russe a été confié à Vitaly Smirnov, le plus prestigieux des fonctionnaires sportifs russes.
Sergei Fadeichev / TASSAprès la publication, en juillet 2016, d’un rapport de la commission indépendante de l’AMA rédigé par l’avocat canadien Richard McLaren, la Russie a été accusée d’avoir créé un système de dopage chapeauté par l'État et d’avoir remporté toutes ses médailles aux Jeux olympiques de Sotchi (2014) par le biais de procédés malhonnêtes.
Le sauvetage du sport russe a été confié à Vitaly Smirnov, le plus prestigieux des fonctionnaires sportifs russes. C’est à cet homme de 81 ans, qui a travaillé au sein du CIO de 1971 à 2015 et qui est aujourd’hui son membre d’honneur, que le président russe Vladimir Poutine a proposé fin juillet de se placer à la tête de la Commission antidopage indépendante à peine formée.
L’homme bénéficie d’une réputation irréprochable tant en Russie qu’à l’étranger. De 1990 à 2001, il a présidé le Comité national olympique. Il est resté membre du CIO plus que quiconque au monde : pendant 44 ans.
Il se devait d’agir promptement, car les premiers résultats de ses activités seront examinés lors de la réunion exécutive du CIO du 6 au 8 décembre. Le 9 décembre, Richard McLaren présentera la seconde partie de son rapport.Vitaly Smirnov s’est concentré avant tout sur le rétablissement des droits de l’Agence antidopage russe (Rusada) dont les activités ont été suspendues par l’AMA en novembre 2015. Pour convaincre l’AMA de l’absence de toute pression des autorités sur Rusada, il a exclu le ministère des Sports des rangs des fondateurs de l’agence russe et a recruté deux experts étrangers qui ont déjà organisé un stage pour les représentants des fédérations sportives. En outre, Vitaly Smirnov a proposé à l’AMA de nommer un spécialiste étranger pour diriger le laboratoire antidopage de Moscou.
Autre initiative : il a proposé d’introduire une responsabilité pénale pour incitation à l’usage de produits dopants. Une loi ad hoc est entrée en vigueur en novembre dernier.
Vitaly Smirnov a autorisé les officiers de contrôle antidopage de l’AMA à se rendre dans les villes interdites aux étrangers en raison de la présence d’entreprises de l’industrie militaire. La Russie avait été effectivement accusée d’administrer des produits dopants à ses sportifs dans ces villes fermées aux étrangers.
En quatre mois, Vitaly Smirnov a réussi à matérialiser le programme minimum de sauvetage du sport russe. Le 30 novembre, il a déclaré que la Russie avait appliqué la majorité des exigences de l’AMA exposées en 14 points. Selon lui, Richard McLaren s’est dit satisfait des activités de la partie russe. La balle est désormais dans le camp du CIO et de l’AMA, qui doivent prendre prochainement de nouvelles décisions concernant la Russie.
L’expérience, le prestige et l’influence de Vitaly Smirnov, seront-ils capables de modifier l’attitude de l’AMA envers la Russie ?
Tatiana Lebedeva, championne olympique du saut en longueur en 2004, estime qu’un règlement à l’amiable n’est possible que si les deux parties sont prêtes à dialoguer. « Vitaly Smirnov est l’un des rares personnages capables de coordonner les activités et de jouer le rôle de médiateur », a-t-elle dit à RBTH.
« Il bénéficie d’un grand prestige auprès de l’Occident… Reste à savoir si nos partenaires étrangers le souhaitent vraiment, car certaines des tâches fixées sont pratiquement impossibles à réaliser », a indiqué à RBTH Dmitri Svichtchev, membre de la commission des sports à la Douma (chambre basse du parlement russe).
Le juriste du sport Alexandre Tchébotariov estime au contraire que les mesures prises jusqu’ici sont insuffisantes et que même le prestige de Vitaly Smirnov ne suffira pas à changer la donne. « Il faut mettre en œuvre les prescriptions… Si elles ne sont pas concrètes comme l’affirment certains de nos fonctionnaires, il faut demander à les concrétiser et appliquer les exigences de la communauté internationale », a-t-il déclaré à RBTH.
La publication de la seconde partie du rapport de Richard McLaren est prévue le lendemain de la réunion du comité exécutif du CIO. Les attentes de la Russie sont très divergentes.
« Il n’y aura toujours aucune preuve… Les dirigeants des fédérations sportives n’arrêtent pas de demander des témoignages. Ils sont las », a noté Dmitri Svichtchev.
Selon Alexandre Tchébotariov, les tentatives de la Russie d’engager le dialogue avec la communauté sportive internationale n’auront pas d’influence sur l’enquête de l’avocat canadien.
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