Est-il possible de conquérir la Russie en hiver?

Valeriy Melnikov/TASS
La tactique de guerre et les équipements militaires ont tant évolué au cours de ces dernières années que même un hiver rude – protecteur traditionnel de la Russie – ne constitue plus une entrave pour l’ennemi potentiel. Les Forces armées du pays ont toutefois de quoi substituer le «facteur hivernal».

Polonais en 1610, Napoléon en 1812, Hitler en 1941 - l’Histoire a démontré que l’hiver est l’un des principaux problèmes auxquels se sont heurtés ceux qui ont tenté de conquérir la Russie. Mais le XXIe siècle et les guerres modernes ont apporté des correctifs au « facteur de l’hiver russe ». En effet, à présent, les principales puissances possèdent de nouveaux moyens d’attaque – des armes nucléaires et des munitions de haute précision.

Premier scénario : guerre au moyen d’armes de haute précision, sans recours aux armes nucléaires

« Les nouvelles armes réduisent pratiquement à néant le problème de l’"hiver russe" », considère Viktor Litovkine, analyste militaire au sein l’agence d’information russe TASS.

D’après lui, tout conflit armé contemporain opposant la Russie à un agresseur s’articulera autour de la lutte pour le contrôle du ciel, de la mer et de l’espace, car c’est justement de ces zones que des missiles et des bombes de haute précision seront lancés.

« Les batailles sur le sol, pour leur part, auront pour but le contrôle des sites et des points d’importance stratégique, une fois la plupart des menaces éliminées par les missiles et les bombes. Ces sites stratégiques sont les grandes villes (Moscou, Saint-Pétersbourg, etc.) ainsi que les ponts, canaux, aérodromes, stations radar, etc. », ajoute l’expert militaire.

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Cela étant dit, il ne faut pas oublier que la Russie s’étend sur 17 millions de kilomètres carrés et que c’est donc précisément le contrôle de ces sites et de toute autre voie de communication qui constituera la base de la prise du contrôle du pays.

« Mais même si l’agresseur potentiel parvient à s’en emparer, il doit se préparer à une sanglante guerre de partisans qui s’étalera sur des années, ou à des combats dans l’enceinte de la ville rappelant la bataille de Stalingrad, lorsque les Soviétiques et les nazis luttaient pour chaque rue, voire bâtiment résidentiel », conclut l’analyste.

Second scénario : guerre à l’usage d’armes nucléaires

En vertu de la doctrine militaire russe, le recours aux armes nucléaires est la mesure ultime qui ne peut être entreprise qu’en cas de menace sur l'existence même de l'État. Ainsi, ce n’est qu’uniquement si la Russie ne parvient pas à se protéger par le biais des moyens traditionnels, qu’elle optera pour cette alternative.

« Cette guerre contre la Russie ne durera pas longtemps – près de deux heures en tout. Elle conduira à l’anéantissement réciproque garanti, car Moscou détient l’arme nucléaire et n’importe quel ennemi potentiel qui déciderait d’attaquer la Russie la possèdera sans doute aussi. En effet, il est peu probable que ce soient le Bangladesh ou le Nicaragua qui décident de lancer une offensive contre Moscou », considère de son côté l’ancien analyste militaire du journal Izvestia Dmitri Safonov.

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Les deux experts sont unanimes sur le fait que, de nos jours, une guerre contre la Russie dans son sens « classique » (avec le déploiement de troupes et une avancée sur plusieurs fronts) est par conséquent peu probable.

« Elle se déroulera soit selon le scénario “nucléaire“, soit sous la forme d’une guerre économique (sanctions, limitation des financements de la part des banques mondiales, etc.) et d’opérations de diversion à l’intérieur du pays (financement des groupes terroristes ainsi que des forces d’opposition pro-occidentales) », conclut M.Safonov.

Dans cet autre article, nous nous penchons sur la capacité des États-Unis et de la Russie à détruire le monde par le biais de l’arme nucléaire.

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