La Russie contrôlera la production de ses fusées

Deux défauts ont été relevés en deux mois dans les moteurs de lanceurs.

Deux défauts ont été relevés en deux mois dans les moteurs de lanceurs.

Sergeï Kazak / RIA Novosti
Pour la deuxième fois en deux mois, des défauts ont été relevés en Russie dans la production de moteurs destinés aux lanceurs. L’agence spatiale russe Roskosmos a rappelé tous les moteurs suspects pour des contrôles supplémentaires. Cela pourrait retarder de six mois une partie des lancements spatiaux russes.

L’épreuve du feu des moteurs destinés aux lanceurs Proton-M (utilisés notamment pour livrer des cargaisons sur la Station spatiale internationale) a révélé des défauts de fabrication, a informé le quotidien russe Kommersant le 25 janvier. Il s’est avéré que des matériaux inadaptés avaient été utilisés dans la fabrication des moteurs – ils ne contenaient pas de métaux précieux et n’étaient ainsi pas assez résistants à la chaleur.

Le groupe Roskosmos, détenu par l’État, a retiré tous les Proton-M de la production et renvoyé les moteurs au fabricant pour un contrôle supplémentaire.

Problèmes de moteurs

Ivan Moïsseïev, directeur de l’Institut de la politique spatiale, estime que la mesure prise par Roskosmos est justifiée. « Le moteur du missile tourne à des températures qui font fondre la plupart des matériaux, ils utilisent un système de refroidissement complexe, a expliqué M. Moïsseïev à RBTH. Si des cas ne serait-ce qu’isolés d’utilisation de matériaux inadaptés sont relevés, cela présente un danger pour les missiles ».

Ce n’est pas la première fois que les moteurs des lanceurs russes présentent des défauts. Le 1er décembre 2016, la Russie a perdu le camion spatial Progress MS-04 à cause de problèmes avec le moteur du lanceur. Le moteur de ce dernier, une fusée de type Soyouz-U, qui s’est brutalement désintégrée à 192 km d’altitude, est fabriqué par la même usine que les Proton – l’Usine mécanique de Voronej (UMV).

L’expertise a déterminé que c’était bien UMV qui était responsable de la chute de Progress. Le directeur général a démissionné, alors que les Soyouz-U ont été rappelés pour des contrôles supplémentaires. « Dans ces cas, on crée une commission pour identifier et éliminer les causes de la panne et, tant qu’elles n(ont pas été éliminées, aucun missile ne sera lancé », nous explique Ivan Moïsseïev.

Les lancements reportés

Le 25 janvier, les représentants de Roskosmos ont déclaré qu’ils menaient une « vérification totale de la qualité des produits », notamment de « paramètres qui n’ont pas été étudiés depuis des décennies ». Cela concerne également les contrôles des moteurs fabriqués par UMV. Ivan Moïsseïev indique que le délai estimé du contrôle des moteurs de Proton est de six mois. Pendant tout ce temps, aucun lanceur de ce type ne sera lancé.

« Si le moteur présente une panne, il est contrôlé pour les raisons qui lui ont valu d’être rappelé, mais aussi pour tous ses autres points faibles, nous explique l’expert. Dans tous les cas, ça ne se fait pas très rapidement ». Ainsi, le prochain lancement des Proton pourrait ne pas avoir lieu avant l’été prochain. Selon Kommersant, les missiles de ce type devaient représenter 8 des 27 lancements prévus pour 2017.

Contrôles à durée indéfinie

Ivan Moïsseïev souligne que chaque lancement est étroitement lié au type de missile et à sa charge utile, il ne sera donc pas possible de remplacer les Proton par d’autres lanceurs. Dans un entretien avec Kommersant FM, le représentant officiel de Roskosmos Igor Bourenkov a reconnu que le groupe essuyait des pertes financières à cause de l’annulation des lancements (commerciaux notamment), mais que sa priorité était de « comprendre les causes (des défaillances) sur terre ». Le calendrier des lancements sera corrigé d’ici quelques semaines.

Le contrôle des moteurs des Proton chez UMV sera assuré par l’association de recherche et de production Energomash. Son directeur général Igor Arbouzov a informé Kommersant qu’Energomash comptait parmi ses membres Khimautomatiki, concepteur des moteurs du Proton, ainsi les spécialistes de la société connaissent bien les caractéristiques techniques des moteurs et sont capables d’assurer le contrôle technique complémentaire.

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