«Fraude généralisée» : l’Agence mondiale antidopage accuse les autorités russes

Alexey Malgavko / RIA Novosti
Un système de triche pour les sportifs contrôlés positifs lors de tests antidopage fonctionnait depuis 2011, affirme dans un rapport la Commission indépendante de l’Agence mondiale antidopage (AMA).

Ce lundi 18 juillet, le chef de la Commission indépendante de l’AMA, Richard McLaren, a affirmé que la Russie avait mis en place un vaste système de dopage aux Jeux olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi et que les fonctionnaires substituaient les échantillons. « Nous avons décelé des traces d’ouverture sur tous les échantillons étudiés », a-t-il dit en présentant le rapport de l’AMA rédigé suite aux allégations sur le trafic d’échantillons aux JO de Sotchi.

L’AMA a entamé une enquête sur la base des informations de l’ancien fonctionnaire russe Grigori Rodtchenkov dont l’interview du 12 mai au New York Times avait fait scandale. L’ex-directeur du Laboratoire antidopage de Moscou a déclaré que de nombreux sportifs russes avaient pris des produits dopants avec l’aide des services secrets.

Au final, le rapport de l’AMA donne raison aux affirmations de Rodtchenkov. Richard McLaren a fait état « d’un système de subtilisation des échantillons positifs » en soulignant, tout comme Rodtchenkov, que l’opération avait été couverte par les services secrets du Kremlin. « Le FSB (Service de sécurité russe) sortait les échantillons de Moscou dans des frigos spéciaux et les acheminait vers un laboratoire spécial qui avait été mis en place à la veille des JO. Le FSB organisait des opérations secrètes », a-t-il poursuivi.

Toujours selon Richard McLaren, le système de dopage fonctionnait depuis 2011, notamment aux Championnats du monde d’athlétisme en 2013 à Moscou et aux Championnats du monde de natation en 2015 à Kazan.

Fuitesd’informations

La veille de la publication du rapport de la Commission indépendante, le New York Times et plusieurs autres médias se sont procurés le projet d’appel adressé au président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach. Le document est signé par Travis Tygart, le patron de l'Agence américaine de lutte contre le dopage (USADA), ainsi que par neuf autres agences antidopage nationales (Allemagne, France, Espagne, Norvège, Japon, Danemark, Nouvelle-Zélande, Canada et Suisse) et par vingt unions sportives.

Cet appel réclame une exclusion totale de la sélection russe des JO de Rio dans le cas où le rapport de l’AMA confirmerait les suspicions de dopage soutenu par l’Etat russe. Travis Tygart a déclaré à Reuters qu’il était impossible « de rester indifférent face aux preuves » et qu’il était nécessaire de « tenir promesse et de nettoyer l’athlétisme ».

La Comité national olympique (CNO) de Russie a répondu à l’appel de l’USADA par une lettre au CIO et à l’AMA en qualifiant la démarche de l’USADA de violation de la Charte olympique et en estimant que les détails du rapport étaient connus avant même la publication de celui-ci. Le Comité russe a également demandé à ce que l’incident soit examiné par la commission d’éthique du CIO.

La Fédération internationale de gymnastique (FIG), la Fédération internationale de natation (FINA), la Fédération internationale des luttes associées (FILA) et la Fédération internationale de volley-ball (FIVB) ont d’ores et déjà exprimé leur préoccupation face à l’éventualité pour les sportifs russes non concernés par le scandale d’être écartés des JO de Rio.

La sélection russe sera-t-elle exclue ?

Du point de vue formel, le document rédigé par Richard McLaren n’a aucun rapport avec les JO d’été. Le juriste de l’AMA a déclaré qu’il ne donnerait pas au CIO de recommandation au sujet de l’autorisation pour l’équipe russe de participer aux JO de Rio. Le Comité olympique russe a rappelé qu’une sélection ne pouvait être écartée des Jeux que sur décision du comité exécutif du CIO, à la majorité des voix. « Ce n’est que théorie puisque en pratique l’histoire récente du mouvement olympique et celle de l’existence de la Charte olympique n’a jamais connu de recours à ce moyen », a fait remarquer dans une interview à l’agence TASS Alexandra Brilliantova, directrice du département juridique du Comité national olympique.

Vitaly Smirnov, membre du CIO représentant la Russie, estime que le CIO n’ira pas jusque là. « Pour le CIO, ce sera une perte irréparable. Parce que l’unité du mouvement olympique importe par-dessus tout. Exclure un pays pour des violations isolées est inadmissible. Ce serait une grave erreur. Je suis certain que le CIO ne prendra pas une telle décision. J’y ai travaillé pendant 45 ans. Je comprends très bien la répartition des forces. Je pense qu’il y aura encore des questions, mais il existe une position claire et nette de la direction du CIO. Thomas Bach a explicitement déclaré que la responsabilité pour des représentants de sports d’hiver ne devait surtout pas être rejetée sur les Jeux d’été, sur d’autres sports », a-t-il souligné dans une interview à la chaîne de télévision Match-TV.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies