Homeopathic medicine
Getty Images« La communauté scientifique considère aujourd’hui l’homéopathie comme une pseudoscience, indique dans un mémorandum du 6 février la Commission de l’Académie des sciences pour la lutte contre la pseudoscience. Son application dans la médecine est contraire aux objectifs fondamentaux de la santé publique nationale et doit être contrecarrée par l’État ». L’Académie des sciences n’a pas organisé d’étude spéciale, le document se fondant sur nombre d’autres travaux consacrés à l’homéopathie. Le mémorandum a été signé par plus de trente chercheurs et médecins.
Les auteurs du document sont formels : en plus de deux cents ans d’existence de l’homéopathie, cette dernière n’a pas prouvé son efficacité. « De nombreuses tentatives ont été faites pour glisser une fondation scientifique sous l’homéopathie. En vain ». Les chercheurs demandent au ministère de la Santé d’interdire les substances homéopathiques dans les établissements publics et de marquer sur ces médicaments vendus en pharmacie que leur efficacité clinique n’a pas été prouvée.
Entre-temps, l’homéopathie est un secteur en plein essor. La société analytique QuintilesIMS estime les ventes de substances homéopathiques à hauteur de 115 millions d’euros en 2016, soit 5,6% de plus qu’en 2015.
Le mémorandum de la Commission représente l’offensive la plus sérieuse de l’histoire russe contre l’homéopathie. « C’est une réaction à l’obscurantisme général dans la médecine et la science, à l’infiltration de l’homéopathie dans les écoles supérieures médicales, aux publications complaisantes sur l’homéopathie dans la presse publique », a indiqué à RBTH le cardiologue Artemi Okhotine, chef de service à l’hôpital de Taroussa (environ 120 kilomètres au sud-ouest de Moscou). D’après lui, certains médecins critiquent depuis longtemps l’homéopathie, mais aujourd’hui « il est indispensable de le clamer haut et fort ».
Les partisans de l’homéopathie s’élèvent contre le mémorandum. Ainsi, le journal des milieux d’affaires Kommersantcite Mikhaïl Chkolenko, membre de l’association professionnelle de médecins homéopathes des pays de la CEI, qui ne doute pas un seul instant de l’efficacité de tels traitements. Il rappelle que nombre de personnages célèbres ont eu recours à l’homéopathie, comme le tsar Nicolas Ier ou le maréchal Gueorgui Joukov.
La Russie n’est pas l’unique pays où l’homéopathie est considérée d’un œil plus que suspect par la communauté scientifique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre le traitement par substances homéopathiques dès 2009, en soulignant qu’un tel traitement peut provoquer la mort s’il remplace des soins scientifiquement fondés.
Le mémorandum de la Commission de lutte contre la pseudoscience n’est pas juridiquement contraignant, ce n’est qu’un appel lancé au ministère de la Santé, au Service antitrust et aux instances des pouvoirs publics. Le ministère a d’ores et déjà déclaré qu’il mettrait en place un groupe de travail mixte, composé de chercheurs de l’Académie des sciences et de spécialistes de l’homéopathie, pour étudier la situation et décider de l’attitude à adopter envers le secteur. Le Service antitrust a souscrit au mémorandum, le qualifiant de « mesuré et attendu depuis longtemps ».
Artemi Okhotine estime que le ministère adoptera les recommandations de la Commission, ce qui ne déracinera sûrement pas l’homéopathie en Russie. « Les médecins homéopathes ne deviendront pas plus compétents après l’interdiction et le secteur pourrait même gagner en popularité auprès des patients. Par conséquent, l’adoption de ce mémorandum ne sera que symbolique et ne fera que préciser l’attachement du ministère de la Santé à la science et aux connaissances scientifiques », a-t-il confié à RBTH.
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