Des leaders mondiaux posent pour une photo lors du sommet du G20 qui s’est déroulé les 4 et 5 septembre en Chine.
APLes rencontres individuelles menées par le président russe en marge des deux jours de sommet ont produit des résultats positifs tangibles. Une sélection partiale de ses interlocuteurs, prédéterminée par la gravité et la complexité des relations bilatérales, impliquait de se focaliser sur deux figures principales : le président turc Recep Tayyip Erdogan et le chef d’Etat américain Barack Obama.
Dans la foulée de la récente réconciliation entre Ankara et Moscou, après sept mois de tensions, les discussions avec « l’homme fort » de Turquie, menées à Hangzhou, ont mis en évidence au moins cinq percées notables en gestation.
Premièrement, un fonds d’investissement commun russo-turc pourrait être opérationnel dès octobre ou novembre et proposera des lignes de crédit attractives pour des projets lucratifs.
Deuxièmement, Moscou met actuellement fin à l’embargo alimentaire, réactivant ainsi les exportations de l’industrie agro-alimentaire turque.Troisièmement, la construction de la centrale d’Akkuyu dans la province de Mersin par le groupe russe Rosatom devrait être accélérée.
Enfin, le gouvernement d’Erdogan a exprimé sa volonté de finaliser le ré-enregistrement de tous les permis qui avaient été délivrés pour Turkish Stream, gazoduc qui traversera la mer Noire pour rejoindre la partie européenne de la Turquie. La première ligne pourrait être achevée d’ici fin 2019.
Ankara a également exprimé son désir de transporter le gaz de Gazprom jusqu’à la frontière grecque dans la perspective de devenir un centre de transit pour les livraisons aux clients de l’Union européenne.
Pour couronner le tout, la Russie et la Turquie approchent également d’un accord sur une zone de libre-échange, capitalisant sur le programme de coopération économique, technique et scientifique à moyen terme déjà élaboré.
Moscou et Washington semblent être proches de trouver un compromis sur le bourbier syrien. Il reste toutefoisquelques « questions délicates », a concédé le secrétaire d’Etat américain John Kerry. L’administration américaine, ou plutôt le « canard boiteux » Obama, tient à illustrer les pages des manuels d’histoire consacrées à sa présidence avec quelques succès en politique étrangère. Ceci permettrait de le présenter comme réellement digne d’un prix Nobel de la paix qu’il avait reçu comme une sorte d’accompte sur un acte encore inaccompli.
Obama a montré sans détours son scepticisme concernant l’arrêt des hostilités en Syrie. Le président américain sortant a de bonnes raisons d’avoir des doutes. Washington exige que Moscou fasse pression sur Damas pour qu’il cesse les frappes aériennes ciblant l’opposition dite « modérée » et crée un « corridor humanitaire » reliant le nord de la Turquie.
Même si Moscou parvient à convaincre et persuader Bachar el-Assad de suspendre le soutien aérien de ses troupes terrestres, l’opposition anti-Assad et l’Etat islamique, qui se sont récemment renforcés et ont reconquis des territoires perdus, ne seraient pas tentés de respecter la retenue éventuellement montrée par le gouvernement syrien.
Au final, le seul résultat de la mise en œuvre de la proposition américaine serait un renversement du cours de la guerre civile en Syrie. Toutefois, les éléments de l’accord en négociation n’ont pas encore été mis en lumière.
Le président chinois Xi Jinping, hôte du sommet du G20 à Hangzhou, a tenté de concentrer les rencontres plénières sur les convulsions de l’économie globale provoquées par la faible croissance de la demande, la hausse des barrières protectionnistes et les turbulences sur les marchés financiers.
Pourtant, son appel à une politique monétaire et fiscale proactive couplée à des reformes structurelles permettant d’assurer une « croissance durable, équilibrée et inclusive » ne devraient guère avoir d’effet en l’absence de consensus au sein du G20 sur qui doit faire le premier pas.
Les différends sont légion. La Chine accuse l’Australie d’avoir bloqué la vente du plus grand réseau énergétique du pays aux investisseurs chinois pour 6.9 milliards d'euros le mois dernier, décision faisant suite à un accès similaire de protectionnisme renaissant, quand un consortium dirigé par la Chine avait été empêché de racheter la société de bétail Kidman & Co.Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a, à son tour, accusé la « surcapacité industrielle » de la Chine d’avoir détruit de nombreux emplois dans l’industrie sidérurgique européenne.
Enfin, les Etats-Unis ont récemment imposé une taxe de 522% sur l’acier laminé à froid fabriqué en Chine, affirmant que c’était une réponse adéquate aux techniques de dumping.
Malheureusement, l’alliance américaine et « anglo-saxonne » étant concentrée sur deux blocs englobant les pays de la région du Pacifique et l’Union européenne (les deux excluant la Chine), les chances de voir les puissances du G20 disposer d’un plus grand poids pour gérer l’économie mondiale sont maigres.
Le prochain sommet du G20, prévu à Hambourg, devrait se concentrer sur la « crise migratoire ». Ainsi, le renforcement du rôle de cette institution dans la gestion de la crise économique mondiale ne devrait pas être sa priorité, si tant est que la question soit abordée.
Dans l’ensemble, l’équilibre actuel des intérêts au sein du G20 compromet les chances de voir se réaliser le grand rêve chinois du président Xi. « Nous devrions faire du G20 une équipe d’action, plutôt qu’un lieu de bavardage », a marteléXi Jinping.
Pourtant, à en juger par son expression en prononçant ces mots, le président chinois ne croit guère dans la réalisation de son vœu pieux.
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