Cool et féminin : le nouveau visage de la diplomatie russe

Maria Zakharova

Maria Zakharova

Getty Images
Une femme nommée porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Les experts et les journalistes commentent la nomination de Maria Zakharova au poste de chef du département de l’information et de la presse du ministère russe des Affaires étrangères. Suite à sa prise de fonctions, Mme Zakharova a demandé aux journalistes de considérer ses fréquents messages dans les réseaux sociaux comme l’avis d’une spécialiste, et non comme des déclarations officielles du ministère.

Pour la première fois, le ministère russe des Affaires étrangères a pour porte-parole une femme : Maria Zakharova. Sa nomination a été annoncée par le ministère le 10 août. Elle vient remplacer Alexandre Loukachevitch qui a été désigné, en août également, ambassadeur de Russie auprès de l’OSCE.

Maria Zakharova était jusqu’ici chef adjointe du service de presse du ministère et directrice personnelle des relations publiques du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. A ses côtés dans presque tous ses déplacements, elle publiait régulièrement des photos du ministre prises dans une ambiance informelle sur son portable. Ainsi, l’une des structures russes les plus austères du point de vue du protocole est devenue plus humaine.

Toutefois, son plus grand succès est d'avoir fait débarquer le ministère sur les réseaux sociaux en février 2013. Maria Zakharova aime à raconter qu’un jour, le site du ministère a été paralysé suite à une attaque de pirates informatiques. Résultat, l'institution n’était représentée dans le monde que par sa page Facebook.

Elle a promis que sa promotion ne ferait qu’intensifier ses activités dans les réseaux sociaux. « Cet espace possède son langage et sa manière de communiquer. Cela étant, (il ne sert à rien) de parler aux utilisateurs des réseaux sociaux des inquiétudes interminables du ministère, ni de ses émotions exprimées dans un langage assez flou… Nous avons compris que l’on attendait de nous autre chose. Je pense qu’on restera dans ce domaine parce qu’on bénéficie d’une certaine demande », a-t-elle indiqué dans une interview à l’agence TASS.

Mais le 22 août, Mme Zakharova a demandé sur sa page dans Facebook aux journalistes de considérer ses messages sur les réseaux sociaux comme l’avis d’une experte, et non comme des déclarations officielles du ministère.

Révolutiondiplomatique

Maria a souvent été l’invitée de la télévision et de la radio au cours de la dernière année. Selon elle, c’est dû à la crise ukrainienne et à la détérioration des relations entre la Russie et l’Occident. « La politique étrangère est arrivée dans chaque maison suite à la crise en Ukraine, qui a tranché dans le vif de notre vie. Aucune autre crise n’a autant marqué notre population, parce que l’Ukraine et nous formons un seul et même organisme. La moitié de ma famille porte des noms ukrainiens. J’ai grandi au rythme de chansons ukrainiennes de mon grand-père », a-t-elle raconté dans une interview à Komsomolskaya Pravda.

Le journaliste Youri Paniev, chef du département Politique internationale du journal Nezavissimaya Gazeta, a commenté cette nomination à RBTH : « Maria est d’une assiduité fantastique et éprouve du respect envers les journalistes. Quand elle dirigeait le service de presse de la représentation de la Russie auprès de l’ONU à New York, elle semblait avoir oublié la notion de sommeil. Pendant la semaine ministérielle, lorsque l’Organisation accueille les chefs d’Etat, de gouvernement et les ministres des Affaires étrangères, Maria était présente presque 24 heures sur 24 non seulement pour Vitali Tchourkine, mais aussi pour les journalistes couvrant les travaux ».

Le politologue Dmitri Babitch a fait remarquer pour sa part que « la nomination de Maria Zakharova était symbolique. Au cours des dix-huit derniers mois, la Russie est visée par des attaques constantes et il faut répliquer fermement, mais de manière à faire comprendre la position russe. Maria Zakharova est un symbole de la nouvelle tactique du ministère, de son nouveau style. Pour faire passer au public un message sur la politique étrangère de la Russie, nous avons besoin d’un nouveau visage, d’une personnalité attirante et marquante », a dit à RBTH cet auteur du magazine Mejdounarodnaya jizn (Vie internationale), l’édition professionnelle des diplomates russes.

Interviews dans les réseaux sociaux

L’arrivée de Maria Zakharova marque un tournant pour la diplomatie russe. Ceci ne fait aucun doute suite à l’analyse de son interview à RBTH. Nombre de journalistes russes se souviennent qu’il y a à peine cinq ans, il fallait, pour obtenir un commentaire du ministère des Affaires étrangères, adresser une demande officielle et attendre souvent plusieurs jours.

A l’heure actuelle, s’entendre au sujet d’une interview n’est pas simple non plus, mais ceci est lié à l’emploi du temps de Maria Zakharova. Elle a tout de même donné une brève interview à RBTH directement en chattant sur Facebook.

Qu’est-ce qui vous effraie le plus à votre nouveau poste ?

Le manque de temps.

Que pensez-vous quand certains médias vous qualifient de « nouveau visage » de la politique étrangère russe, de complément de Sergueï Lavrov, moins formel, mais plus mordant ?

Etablir de larges et éclatantes comparaisons, surtout quand il s'agit des « nouveaux venus », est l’une des missions des médias. Par conséquent, je me montre compréhensive. L’essentiel est que les métaphores ne viennent pas effacer le fond du journalisme, qui est l’objectivité.

Quels sont les clichés sur la Russie à briser ?

A mon avis, les journalistes n’ont pas le droit de manipuler les clichés, sinon ils ne font plus du journalisme, mais de la propagande.

Vous continuerez à faire du sport ? Lequel est votre préféré ?

Oui, je continuerai. J’aime faire du roller, me promener à vélo, nager et m’entraîner au stand de tir.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies