Hier soir, 15 avril 2019, la majestueuse cathédrale Notre-Dame de Paris s’est soudainement retrouvée victime d’un incendie destructeur, emportant sa toiture ainsi que son emblématique flèche de Viollet-le-Duc. Face à ce déchirant spectacle, la Russie n’a pas tardé à exprimer son soutien envers l’Hexagone et sa compassion à l’égard des Français.
Dans un message adressé à son homologue Emmanuel Macron, le président russe Vladimir Poutine a ainsi indiqué que « le malheur survenu cette nuit à Paris a fait écho par la douleur dans le cœur des Russes », et a proposé, pour la reconstruction de cet édifice, l’aide « des meilleurs spécialistes russes, dotés d’une riche expérience de restauration de monuments du patrimoine culturel mondial, y compris d’œuvres de l’architecture médiévale ».
L’émotion a également été vive au sein de l’Église orthodoxe russe, comme en témoigne la réaction de Vladimir Legoïda, président du Département synodal aux relations de l’Église avec la société et les médias : « La possibilité pour le monde entier d’observer cet incendie monstrueux en ligne et en même temps l’impossibilité de faire quoi que ce soit, ne serait-ce que d’aider d’une manière ou d’une autre, sont tel un signe cruel de notre temps. Nos mots de soutien et nos prières vont aujourd’hui vers tous les Français, vers l’ensemble du monde catholique ».
« En voyant les images de l’incendie de la cathédrale de Paris, je ressens de la douleur, m’en viennent les larmes. Je suis sûr que beaucoup de chrétiens orthodoxes, surtout ceux vivant en France, se trouvent dans un état similaire. C’est une cathédrale ancienne, et elle se tient sur des fondations encore plus anciennes, qui remontent à la conversion des Francs au christianisme, au Ve siècle. On peut donc dire que c’est aussi un objet sacré orthodoxe », se désole en outre l’higoumène (supérieur d’un monastère) Filipp, représentant de l’Église orthodoxe auprès du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne et supérieur à l’église orthodoxe de tous les saints de Strasbourg.
Les acteurs du monde culturel russe ont eux aussi fait part de leur douleur, Notre-Dame représentant un inestimable héritage séculaire qui, malgré de potentiels travaux de reconstruction, ne pourra retrouver à l'identique son âme d'autrefois.
Tout d'abord, le musée de l'Ermitage, à Saint-Pétersbourg, a fait savoir que le drapeau fédéral dominant habituellement le palais d'Hiver l'abritant avait été mis en berne en guise d'hommage suite à cette catastrophe.
« La cathédrale Notre-Dame de Paris est un symbole culturel de la France, mais aussi du monde catholique dans son ensemble, a ainsi de son côté déclaré Vladimir Medinski, ministre russe de la Culture. L’incendie de Notre-Dame est une tragédie, pour laquelle nous ne pouvons pas ne pas compatir. Et parce que Paris n’est pas une ville étrangère pour la culture russe. Et parce que nous savons parfaitement ce que c’est que d’assister à la destruction de ses symboles culturels. Mais je suis sûr que ce temple sera restauré et sera au moins aussi magnifique, comme il l’a été plus d’une fois au cours de notre histoire ».
Vladislav Kononov, directeur du département en charge des musées au sein du ministère de la Culture a même communiqué qu’en Russie pourrait être organisée une collecte de dons afin de participer à la reconstruction de la cathédrale : « Aujourd’hui un malheur s’est abattu sur la France, c’est une lourde tragédie, et il serait correct de lui apporter l’aide possible pour la restauration de cette cathédrale unique ».
« Tu regardes et tu n’arrives pas à croire qu’en 2019, au siècle des hautes technologies, devant nos yeux disparaît l’une des plus éminentes créations de l’esprit humain. Brûle cette cathédrale, bien de l’humanité, ayant traversé des révolutions, des guerres, des bombardements … Elle brûle sous tes yeux, et tu comprends que l’on ne peut rien faire, le plus terrible est que le feu continue de se propager et nous ne pouvons même pas supposer que demain nous verrons à son emplacement la cathédrale Notre-Dame de Paris », s’est enfin lamentée Zelfira Tregoulova, directrice de la galerie Tretiakov de Moscou.
Les simples citoyens n’ont par ailleurs pas été en reste pour exprimer leur chagrin suite à ce bouleversant événement. En effet, de nombreux Moscovites se sont par exemple rendus à l’ambassade de France afin d’y déposer des fleurs en signe de tristesse et de soutien.
Mais les manifestations de compassion ont aussi été innombrables sur les réseaux sociaux, comme le montrent ces quelques publications rédigées par des internautes russes.
« Voilà qu’en un jour s’est effondrée l’histoire. En un jour a commencé à disparaître Notre-Dame. Jamais je n’aurais pensé que quelque chose pouvait disparaître si vite. 800 ans d’histoire brûleront dans un incendie. 200 ans de travail disparaîtront. Ça m’est si douloureux, c’est comme si je brûlais moi-même avec la cathédrale », se désole une utilisatrice russe de Twitter.
« Je t’en prie, Notre-Dame, ne brise pas nos âmes. Tu te dois d’accueillir encore de nombreux levers de soleil », rédige un autre Russe sur ce réseau social.
« Je croyais que je ne ferai pas de cauchemar.
Mais voici devant moi le feu de la cathédrale,
regarde, comme pleure le ciel au-dessus de Paris,
comme les étincelles s’envolent en essaim vers les nuages.
Tu vois ? Sous le toit effondré
sommeille Notre-Dame, endormie par l’incendie », peut-on aussi y lire.