Le 2 juillet, Galina Panina, directrice des relations publiques de Leroy Merlin Russie, qui occupait ce poste depuis six ans, a écrit sur sa page Facebook que, dans un quartier périphérique de Moscou, Novo-Peredelkino, des fans fêtant la victoire de la sélection russe sur l’Espagne avaient brûlé une jeune femme. Elle a expliqué avoir appris cette histoire par sa stagiaire, qui vit dans le quartier en question, et non pas par le biais des médias, qu’elle ne regarde pas. Elle a accompagné son texte du hashtag #мракобесие («victoirantisme», par analogie avec l’obscurantisme).
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Lorsque, dans leurs commentaires en bas de cette publication, des internautes ont émis des doutes au sujet de cette histoire et ont accusé Panina de diffuser de fausses informations, cette dernière a réagi en effaçant des commentaires négatifs et en employant le mot « vata » (coton), terme utilisé ces dernières années pour désigner des patriotes russes et qui revêt une connotation méprisante. En actualisant sa publication elle a par ailleurs ajouté : « C'est fou de voir à quel point, chez notre peuple, c'est un réflexe de salir tous ceux qui ont un avis divergent! On avalera toute réforme avec reconnaissance, tant qu’il y aura quelqu’un à noyer. C’est très intéressant ».
Ce fait a attiré l’attention de Marina Ioudenitch, conseillère du gouverneur de la région de Moscou en matière du développement de la société civile, qui a émis de virulentes critiques à l’égard de Panina et s’est étonnée du fait qu’une personne se permettant de tels propos à l’encontre de la population, collabore avec des programmes de la jeunesse du pays.
Sur sa page, Panina a répondu à ce commentaire, ajoutant avoir reçu des menaces en messages privés de la part d’internautes. Le débat a gagné en ampleur et a déménagé sur la page Facebook de l’entreprise l’employant, Leroy Merlin.
Comme l’a par la suite dévoilé la chaîne Mash, sur l’application Telegram : le 1er juillet, alors que le match entre la Russie et l’Espagne n’était même pas terminé, une jeune femme ayant tenté de mettre fin à ses jours a été découverte brûlée dans le quartier en question. Hospitalisée, elle est décédée le lendemain. La source précise en outre que la victime souffrait d’une dépression et avait déjà par le passé entrepris une tentative de régler ses comptes avec la vie.
Dans un premier temps, dans des commentaires sur la page Facebook, Leroy Merlin a fait savoir que la compagnie « ne limitait pas ses employés dans l’expression de leurs opinions » et que « les publications faites sur leur page personnelle devaient être considérées comme leur avis personnel et non pas comme l’attitude de la compagnie».
Ensuite, le 3 juillet au soir, sur la page Facebook de Leroy Merlin Russie, des excuses ont été présentées au nom de la direction de la compagnie et il a été précisé que Mme Panina avait été provisoirement suspendue de ses fonctions et que le groupe ne partageait pas son opinion.
Le soir même, Galina Panina a également présenté ses excuses pour avoir réagi de manière trop rapide et sans avoir vérifié les informations, ainsi que pour les commentaires qui ont suivi et qui ont été rédigés sous le coup de l’émotion. Elle a regretté d’avoir fait injure à certains et a remercié ceux qui l’ont soutenue.
Le lendemain matin, Galina Panina a annoncé qu’elle quittait son poste au sein de l’entreprise. Quant à Leroy Merlin Russie, l’entreprise a présenté encore une fois ses excuses et confirmé que Mme Panina ne travaillait plus dans la compagnie.
Les propos de Panina ont été perçus par toute une série d’utilisateurs de réseaux sociaux comme étant russophobes et méprisants à l’encontre de clients de la compagnie. Le 3 juillet, les premiers appels à boycotter l’enseigne en Russie ont été lancés par une série d’internautes et les hashtags #ПокаЛеруа (AurevoirLeroy) et #БойкотЛеруаМерлен (BoycottLeroyMerlin) ont déferlé sur la Toile. Dans un premier temps, l’absence de réaction de la part de la société, puis l’information sur la suspension, et non sur le licenciement, de Panina ont irrité d’avantage la blogosphère.
« Provisoirement ? Lorsque vous la démettrez de ses fonctions, n’oubliez pas de nous le dire. Mais pour le moment #boycottleroymerlin. Bien sûr, provisoirement », a écrit un internaute.
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« Je ne crois pas aux excuses, vous avez gardé le silence pendant trop longtemps et lui avez fourni un avocat pour déposer plainte contre Ioudenitch », enchaîne un autre. D’autres commentaires sont beaucoup plus virulents.
C’est ensuite le fait que Panina ait démissionné de son propre gré, et n’ait donc pas été licenciée, qui a irrité une autre série d’internautes, qui ont même exigé que le document attestant de son départ de la compagnie soit livré.
Commentant la publication dans laquelle la compagnie s’est excusée et a informé du départ de Mme Panina, un internaute a écrit : « Admettez que si une telle réponse avait été donnée il y a deux jours ceci aurait été sans doute une évolution positive des événements et un grand bonus à la réputation. Qui plus est, si le chef de la compagnie avait condamné [les propos de Mme Panina, ndlr] on l’aurait idolâtré ».
Si les « fake news » sont aujourd’hui au cœur de l’actualité, elles n’étaient pour autant pas absentes il y a près d’un siècle, et ont même nui aux relations soviético-britanniques dans les années 20. Nous vous expliquons tout cela ici même.
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