Hypothèses en vue du premier entretien téléphonique Poutine-Trump.
AFPHypothèses en vue du premier entretien téléphonique Poutine-Trump. Crédit : AFP
Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a confirmé ce vendredi que Vladimir Poutine et son homologue américain Donald Trump auraient une conversation téléphonique demain. Ce sera le premier entretien des deux hommes depuis l’investiture du nouveau chef de la Maison Blanche, leur conversation précédente remontant au 9 novembre 2016, au lendemain de la victoire de Donald Trump à la présidentielle. Les experts ont énuméré les grands dossiers de la politique internationale qui pourraient être évoqués par les deux chefs d'État, non seulement au cours du prochain entretien, mais dans un avenir prévisible.
Donald Trump a plus d’une fois déclaré sa détermination à lutter contre Daech en Irak et en Syrie, y compris en coopération avec la Russie. Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer, a confirmé le 24 janvier la volonté de la nouvelle administration de coopérer avec n’importe quel pays, y compris la Russie, pour combattre Daech. Selon les experts, la lutte antiterroriste en Syrie pourrait devenir l’un des sujets clés examinés par Vladimir Poutine et Donald Trump.
À en juger d’après les déclarations de Donald Trump, le nouveau président compte être très pragmatique en Syrie, a fait remarquer Leonid Issaïev, de la Haute école d’économie. « La déclaration de Donald Trump sur la mise en place de zones de sécurité en Syrie est en corrélation avec le partage réel du pays, établi en décembre, en zones d’influence de la Russie, de la Turquie et de l’Iran », a-t-il déclaré à RBTH.
Selon lui, avec la nouvelle administration, les États-Unis préfèreront garder leur influence dans les territoires contrôlés par les Kurdes (les alliés des Américains) sans chercher à renverser le président syrien Bachar el-Assad ni à œuvrer en faveur du retrait des troupes iraniennes.
Les spéculations sur une éventuelle levée des sanctions décrétées contre la Russie vont bon train depuis l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Ce dernier a d’ailleurs proposé d’établir un lien entre ce problème et le désarmement nucléaire. Toutefois, la Russie est restée sceptique face à cette idée : « C’est peu probable », a déclaré le porte-parole du président russe.
Et bien qu’il soit quasi impossible que la Russie accepte de se débarrasser des sanctions au prix d'une réduction de son arsenal nucléaire, l’idée même de la possibilité d’annuler les restrictions suscite un grand intérêt, a constaté Andreï Souchentsov, directeur des programmes du Club Valdaï et professeur de l’Institut des relations internationales de Moscou. « La nouvelle administration ne lie plus la question des sanctions à la crise ukrainienne ou au statut de la Crimée, a-t-il dit à RBTH. C’est à la fois symptomatique et très positif pour les relations bilatérales ».
Une rumeur récente répandue aux États-Unis affirme que la résolution sur la levée des sanctions ait déjà été élaborée par Donald Trump. Le Kremlin a toutefois déclaré qu’il n’était pas au courant de cette nouvelle.Le maintien de la stabilité stratégique, notamment dans le domaine des armements nucléaires, est un autre dossier que Vladimir Poutine et Donald Trump pourraient examiner, estime Sergueï Karaganov, président d’honneur du Conseil de la politique étrangère et de défense.
Selon lui, la Russie et les États-Unis doivent arriver, en commun avec les autres puissances nucléaires, à une nouvelle vision de la sécurité nucléaire « qui serait fondée non sur la réduction ou l’accroissement des arsenaux, mais sur le maintien du statu quo global ».
Une telle vision, estime-t-il, aidera à stabiliser le monde bien mieux que les tentatives de signer de nouveaux accords de désarmement qui, en cas d’échec des négociations, ne feront que dégrader les relations, comme ce fut le cas sous l’administration Obama.
Toujours d’après Sergueï Karaganov, étant donné le rôle clé des États-Unis au sein de l’Otan, Vladimir Poutine et Donald Trump pourraient s’entendre pour mettre fin à la confrontation entre la Russie et l’Alliance en Europe orientale. C’est tout à fait possible, étant donné qu’à la différence de son prédécesseur, Donald Trump n’est pas un partisan inconditionnel de l’Ukraine dans son conflit avec la Russie, a-t-il poursuivi.
« Sur une base bilatérale, nous gelons la situation existante, y compris en Ukraine, et nous nous entendons sur des contacts entre les militaires de l’Otan et de la Russie pour nous débarrasser de cette confrontation artificielle absolument inutile », a-t-il indiqué en évoquant un scénario optimiste. Il a toutefois ajouté que la résolution du problème demanderait du temps et qu’il serait impossible de le régler en l’espace d’un entretien téléphonique.
La Russie et les États-Unis pourraient également trouver un compromis concernant les Russes Viktor Bout et Konstantin Iarochenko, qui purgent des peines dans les prisons américaines.
Viktor Bout s’est retrouvé incarcéré après son arrestation à Bangkok en 2008, accusé de trafic d’armes. Konstantin Iarochenko a été capturé par les services secrets américains au Libéria en 2010 et accusé de trafic de stupéfiants.
La Russie a exigé à plusieurs reprises l’extradition de ses citoyens, mais sans résultat pour l’instant. Andreï Souchentsov indique qu’après avoir examiné la situation avec Vladimir Poutine, Donald Trump pourrait permettre d’extrader les deux Russes, les pouvoirs présidentiels étant suffisants pour prendre une telle décision. « L’affaire a commencé à avancer sous l’administration Obama. Je pense que la réputation de Donald Trump ne se trouvera pas lésée si elle continue sa progression », a-t-il noté.
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