Sept enfants illégitimes des empereurs russes

Ermitage/Domaine public; Constantin Makovski/Collection privée/Domaine public
Des dizaines d’héritiers présumés, d’imposteurs et d’affabulateurs ont affirmé être des descendants des empereurs de la dynastie Romanov, mais il n’y a que sept bâtards avérés des tsars russes.

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Pierre le Grand a eu de nombreuses maîtresses et il a certainement eu des enfants hors mariage. Sa maîtresse Maria Hamilton a subi deux avortements, mais le père était inconnu. Une autre favorite, Maria Kantemir, aurait eu un fils mort-né de Pierre.

En tout cas, miraculeusement, Pierre n’a pas eu de bâtards officiellement reconnus. Cependant, la société croyait que le comte Pierre Roumiantsev, commandant de guerre renommé, était le fils de Pierre - Maria Roumiantseva, la mère du comte, était connue comme la maîtresse de l’empereur.

Le premier bâtard « officiel » de l’histoire impériale russe est né de Catherine la Grande – ceci est arrivé avant qu’elle ne devienne impératrice, quand elle était encore grande-duchesse.

Anna Petrovna

Portrait de Catherine II, 1782, Richard Brompton/Stanislaw Poniatowski, 1786, Marcello Bacciarelli

« Dieu sait d’où ma femme est tombée enceinte, je ne sais pas si c’est vraiment mon bébé », a déclaré le grand-duc Pierre Fiodorovitch, futur empereur Pierre III, lorsqu’il a appris la grossesse de sa femme. Et il a prononcé ces mots publiquement ; c’est du moins ce qu’a relaté Catherine dans ses mémoires.

La petite Anna est née à Saint-Pétersbourg le 9 décembre 1757. Il n’y a pas eu de réception officielle pour les envoyés étrangers le 17 décembre, lorsque le bébé a été baptisé dans l’église du palais. L’impératrice Élisabeth Ire, cependant, s’est rendue à l’église, officieusement en tant que marraine d’Anna.

Le bébé a été reconnu comme fille légitime par le grand-duc Pierre Fiodorovitch. Cependant, selon les rumeurs, le père était l’amant de Catherine, Stanislaw Poniatowski, le futur roi de Pologne. Anna Petrovna est morte dans sa deuxième année, en mars 1759.

Alexeï Bobrinski

Portrait de Catherine II, 1745, Antoine Pesne/Grigori Orlov, 1762, Fiodor Rokotov

Alexeï Bobrinski est né dans le secret le 11 avril 1762. C’était le fils de Catherine et de son amant Grigori Orlov ; cette fois, Catherine a réussi à cacher sa grossesse à son mari, l’empereur Pierre III. Elle devait porter un corset et faire des révérences à la cour, le tout avec un enfant dans son ventre.

Quand Alexeï est né, il était très faible et il a été immédiatement remis à Vassili Chkourine, un domestique de Catherine. Alexeï a été élevé jusqu’à l’âge de 12 ans dans la famille de Chkourine, date à laquelle il a été envoyé dans le premier corps de cadets. Après avoir terminé ses études militaires avec les honneurs, s’est lancé dans un vaste voyage à travers la Russie et l’Europe.

Nous avons écrit un article sur Alexeï Bobrinski, un coureur de jupons et voyou qui est devenu scientifique. 

Semion Veliki (le Grand)

Portrait de Paul Ier, 1796, Vladimir Borovikovski; Sofia Ouchakova, 1780, Franz Ludwig Fermer

Semion était le fils du grand-duc Pavel Petrovitch (futur Paul Ier), né en 1772 d’une dame d’honneur veuve, Sofia Ouchakova. L’historienne Isabel de Madariaga écrit que « pour s’assurer qu’il était capable de donner un héritier, Pavel a été encouragé à se lier avec une veuve docile », à savoir Ouchakova. Catherine, qui avait un fort sens pratique, voulait s’assurer que son fils était capable de produire une descendance.

Semion a grandi dans les chambres du palais de Catherine la Grande. En 1780, alors qu’il avait huit ans, il fut envoyé dans des écoles militaires et, finalement, reçut un diplôme du corps des cadets de la marine. Le premier navire sur lequel Semion a été affecté était un voilier à 66 canons nommé Ne me touche pas. Après une bataille navale dans la baie de Vyborg le 22 juin 1790, Semion est envoyé chez Catherine pour faire un rapport. Lorsqu’il est arrivé à Saint-Pétersbourg, Semion a vu sa grand-mère pour la première fois depuis 10 ans.

En juillet 1790, Semion est promu capitaine-lieutenant. Il existe deux versions de ce qui s’est passé ensuite. Selon la première, en 1793, Semion a été envoyé à Londres pour servir dans la marine britannique. L’autre version stipule que Semion devait participer à l’expédition de Moulovski (qui ne s’est jamais produite), mais qu’il est mort subitement à Kronstadt.

Les archives du ministère de la Marine indiquent que Semion Veliki est mort le 13 août 1794 lors du naufrage du navire anglais Vanguard lors d’une terrible tempête près des îles de Saint-Eustache et de Saint-Thomas.

Semion a été surnommé « le Grand » de son vivant, apparemment à cause des rumeurs liées à son origine. À sa mort, Alexandre Khrapovitski, secrétaire de Catherine, a écrit : « La nouvelle de la mort de Seniouchka le Grand a été reçue ».

Martha Moussina-Iourieva

Le deuxième enfant illégitime de l’empereur Paul Ier de Russie est né après son assassinat. Une semaine avant la mort de Paul, il a convoqué son plus haut fonctionnaire civil, le vice-chancelier Alexandre Kourakine. Le tsar l’a informé que deux femmes étaient enceintes de ses enfants. Si c’étaient des garçons, ils s’appelleraient Nikita et Filaret, si c’étaient des filles - Eudoxia et Martha. Le fils de Paul, Alexandre, devait être le parrain des enfants.

Après la mort de Paul, un seul enfant est né, entre mai et juin 1801 : une fille qui s’appelait Martha. Sa mère, selon les sources, était Mavra Iourieva, une dame d’honneur de l’impératrice Maria Fiodorovna, l’épouse de Paul.

Selon la volonté du défunt empereur, le 1er août 1801, la petite Martha a été anoblie et a reçu plusieurs villages comprenant un total de 1 000 paysans. Elle a été élevée à Pavlovsk par Maria Fiodorovna. Martha n’a vécu qu’un peu plus de deux ans, et est morte le 17 septembre 1803. Les revenus tirés de ses villages ont été reversés à sa mère.

Gueorgui Iourievski

Gueorgui Iourievski

Gueorgui et deux autres filles, Olga et Ekaterina, sont nées d’Alexandre II et de sa favorite Ekaterina Dolgoroukaïa. À partir de 1866, ils deviennent amants, tandis que l’impératrice Maria Alexandrovna perd les faveurs de l’empereur. Après que Nicolas, son fils aîné avec Alexandre II, est mort d’une méningite, l’impératrice a perdu tout intérêt pour la vie. La liaison d’Alexandre était affichée aux yeux de tous dans le palais, mais l’impératrice gardait le silence à ce sujet.

« Condamnée à l’oubli jour après jour, pendant de nombreuses années, elle n’a jamais proféré une plainte ou un grief. Elle a emporté le secret de sa souffrance et de son humiliation avec elle dans sa tombe », a écrit à son sujet une dame d’honneur de la cour impériale, Alexandra Tolstaïa.

Gueorgui est né le 30 avril 1872 au palais d’Hiver. En 1874, il est élevé au rang de prince sur ordre d’Alexandre II. Lui et ses sœurs ont reçu le nom de famille Iourievski, créé à partir de l’un des prénoms héréditaires des boyards Romanov, Iouri. En 1880, l’impératrice Maria Fiodorovna meurt et, deux mois après, Alexandre II épouse Ekaterina Dolgoroukova, qui reçoit également le titre de princesse Iourievskaïa et le rang d’Altesse Sérénissime, tout comme leurs trois enfants. Un autre garçon est né de cette union, Boris (1876), mais il n’a vécu qu’un mois.

Après l’assassinat d’Alexandre II en 1881, Ekaterina Iourievskaïa et tous ses enfants ont quitté la Russie pour la France. Là, Gueorgui a étudié à la Sorbonne, mais, plus tard, il est retourné en Russie, où il a été conférencier au Corps des cadets de la marine. Bien que le demi-frère de Gueorgui, Alexandre III, ne lui ait pas permis de rejoindre l’armée impériale russe, Gueorgui a réussi à obtenir l’approbation de son autre demi-frère, le grand-duc Alexeï Alexandrovitch, qui lui a permis de servir dans la marine russe malgré ses qualifications insuffisantes.

Ekaterina Iourievskaïa (Dolgoroukova) avec ses enfants, 1881-1883

Gueorgui n’a pas brillé à son poste. « Tant en service qu’à bord pendant les croisières, il ne veut tout simplement rien faire du tout ; ni les conseils, ni l’exemple des autres n’ont d’effet sur lui. Sa paresse, son désordre et son manque total d’estime de soi font de lui la risée de ses camarades et attirent sur lui le mécontentement de ses supérieurs, qui ne savent que faire de lui, écrivait le grand-duc Alexeï à sa mère en 1893. Il me semble qu’il ferait mieux de passer à terre, car il ne fera jamais un bon marin ! », ajoute-t-il.

En 1897, Gueorgui a été démis de ses fonctions dans la marine et envoyé dans le régiment des Hussards de Sa Majesté. Alexandre III était mort à cette époque, et son fils et successeur Nicolas II ne s’est pas opposé à ce que son oncle serve dans l’armée.

En 1900, Gueorgui a épousé la comtesse Alexandra Konstantinovna von Zarnekau, dont il a eu un fils nommé Alexandre Iourievski (1900 - 1988). Ils ont continué à vivre à l’étranger, où finalement Alexandra a divorcé de Gueorgui. Ce dernier est mort à Marbourg en 1913.

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Olga Iourievskaïa

Olga Iourievskaïa

Olga Iourievskaïa est née de l’union susmentionnée entre Alexandre II et Ekaterina Dolgoroukaïa en 1873.

À partir de 1891, elle vit avec sa mère et sa sœur à Nice, dans une maison appelée Villa Georges en l’honneur de son frère Gueorgui. En France, la famille peut se permettre une vingtaine de domestiques et un wagon privé.

En 1895, Olga épouse le comte George-Nicholas von Merenberg (1871–1948), petit-fils d’Alexandre Pouchkine, devenant ainsi comtesse Merenberg. Nicolas II, devenu tsar, a refusé de financer le mariage de sa tante, car sa mère Maria Fedorovna lui avait interdit de le faire ; Olga en a été très offensée.

Elle a passé la majeure partie de sa vie en Allemagne et a eu trois enfants, dont l’un est mort en bas âge. Elle-même est décédée en 1925 à Wiesbaden.

Ekaterina Iourievskaïa

Ekaterina Iourievskaïa

La plus jeune fille d’Alexandre II et de la princesse Ekaterina Iourievskaïa (née Dolgoroukova), Ekaterina, est née le 9 septembre 1878 à Yalta, en Crimée, sur l’un des domaines qu’Alexandre II avait offerts à sa mère.

En 1881, Ekaterina avec sa mère, son frère et sa sœur sont partis vivre à Nice. En 1901, elle a épousé Alexandre Bariatinski, qui possédait l’une des plus grandes fortunes de Russie, mais était également un coureur de jupons et un flambeur. Ils ont eu deux enfants, Andreï (1902-1944) et Alexandre (1905-1992), qui ont hérité d’une immense fortune après le décès de leur père en 1910 d’une méningite.

Pendant la Première Guerre mondiale, Ekaterina est retournée en Russie. Elle a mené une vie somptueuse et, en 1916, a épousé le prince Sergueï Obolenski (1890-1978). Cependant, ce mariage a lui aussi connu une issue malheureuse. Après la Révolution, Ekaterina et Sergueï ont dû fuir en Europe et peinaient à joindre les deux bouts - Ekaterina a même dû chanter dans des cabarets pour gagner sa vie. Après la mort de sa mère en 1922, sa fille n’a presque rien reçu, sa mère ayant dilapidé toute sa fortune en raison de son style de vie dispendieux et de ses diverses œuvres caritatives.

Alexandre II, Ekaterina Dolgoroukova et leurs enfants

En 1923, Sergueï Obolenski demande le divorce à Ekaterina, qui devient chanteuse professionnelle, son répertoire comprenant environ deux cents chansons en anglais, français, russe et italien. Elle a acheté une maison à Hayling Island, dans le Hampshire, et y a vécu grâce à une allocation de la reine Mary, la veuve du roi George V ; mais après la mort de la reine en mars 1953, elle s’est retrouvée presque sans le sou et a commencé à vendre ses biens.

Ekaterina est décédée dans une maison de retraite de Hayling Island le 22 décembre 1959. Elle était le dernier enfant survivant d’Alexandre II, ainsi que le dernier petit-enfant de Nicolas Ier.

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