Neuf Britanniques lauréats du Prix de l’URSS pour la paix

Russia Beyond (Photos : Vladimir Viatkine, D. Tchernov, N. Maximov/Sputnik; Vassili Egorov, Vladimir Savostianov/TASS)
À l'époque de Staline, les dirigeants soviétiques ont décidé de décerner un prix honorifique de la paix à des étrangers, quelles que soient leurs opinions politiques. Tout au long de son existence, cette distinction a été remise, entre autres, à des citoyens britanniques.

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Le prix international « Pour la consolidation de la paix entre les peuples » était l'un des prix les plus prestigieux de l'Union soviétique. Il a été institué en 1949 et, jusqu'en 1955, il s'appelait prix Staline ; cependant, après la fin du culte de la personnalité de dirigeant soviétique, il a été rebaptisé en l’honneur de Lénine.

Chaque année, le prix était décerné à 5-10 citoyens de différents pays du monde, « indépendamment de leurs différences politiques, religieuses ou raciales, pour des services distingués dans la lutte contre les bellicistes et pour le renforcement de la paix ». Le lauréat recevait une médaille, un diplôme et une récompense en espèces (environ 25 000 dollars au taux de change de ces années-là). Un comité spécial décidait de l'attribution du prix. Huit Américains l’ont reçu, 14 Français ainsi que neuf Britanniques. Nous évoquerons ici ces derniers.

Hewlett Johnson en 1951

Hewlett Johnson lors de la remise du Prix pour la paix à Moscou

Figure religieuse éminente et doyen de la cathédrale de Canterbury, Hewlett Johnson (1874-1966) a ouvertement soutenu la révolution en Russie et le régime soviétique, déclarant qu’« un vrai chrétien ne peut pas être un ennemi du communisme ». En raison de sa sympathie pour les bolcheviks, il suscitait dans son pays natal un mélange de méfiance et d’agacement, de sorte qu’il fut surnommé le « doyen rouge de Canterbury ». Le Prix soviétique pour la paix, qui lui est décerné en 1951, ébranle davantage son autorité et les services spéciaux s'intéressent de près à lui. Sous la pression du public, il est même contraint de quitter son poste de doyen.

>>> Ces Français, lauréats du prix Lénine pour la Paix

Soit dit en passant, la même année, le prix a été décerné à un autre responsable religieux - l'Américain Arthur Moulton.

Monica Felton en 1951

Monica Felton lors de la remise du Prix pour la paix

L'écrivaine britannique (1906-1970) était connue pour sa position pacifiste et féministe. Dans le cadre de la Fédération démocratique internationale des femmes (qui comprenait des femmes soviétiques), elle a visité divers pays afin de contribuer à la paix. Elle a même sympathisé avec la Corée du Nord, raison pour laquelle au Royaume-Uni, elle était soupçonnée de trahison, tandis que l'URSS a récompensé ses activités en lui remettant le Prix pour la paix.

John Desmond Bernal en 1953

Le professeur John Bernal au Symposium international sur l'enseignement supérieur à Moscou, 1962

Le professeur de physique John Desmond Bernal (1901-1971) a assisté à de nombreuses réunions scientifiques en URSS (et est même devenu professeur honoraire de l'Université d'État de Moscou). Il éprouvait de la sympathie pour le pays et pour Staline personnellement. Bernal a été pendant plusieurs années président du Conseil mondial de la paix, une organisation anti-impérialiste indépendante qui critiquait les actions militaires américaines (et qui, en fin de compte, s’est avérée secrètement parrainée par l'URSS). Ainsi, il a aidé l'URSS à réduire les risques de nouvelle guerre mondiale et de menace nucléaire - pour cela, il a reçu le Prix soviétique pour la paix en 1953.

Denis Nowell Pritt en 1954

Denis Pritt (à droite) lors de la cérémonie de remise du Prix pour la paix à Moscou

Dans les années 1930, l'avocat Denis Pritt (1887-1972) a activement soutenu l'URSS, Staline et même la Grande Terreur et la guerre soviéto-finlandaise. Pendant de nombreuses années, il a dirigé la Société britannique pour les relations culturelles avec l'URSS. Dans les années 1950, pendant la guerre froide, Pritt est devenu extrêmement impopulaire en Grande-Bretagne en raison de son opposition à l'Otan, mais en 1954, l'URSS l'a soutenu en lui remettant le prix en question.

>>> La Russie et les Russes dans les romans d'écrivains étrangers

Ivor Montagu en 1959

Montagu au Congrès mondial des forces pacifiques à Moscou, 1973

L'aristocrate et réalisateur anglais Ivor Montagu (1904-1984) était membre du comité exécutif du Parti communiste britannique. Dans les années 1920, grâce à ses relations avec les communistes, il rencontre Sergueï Eisenstein, géant du cinéma de son temps. Ensemble, ils partent à la conquête d'Hollywood et réalisent un film commun, L’Assaut de La Sarraz. Montagu sympathisait ouvertement avec l'URSS et était membre du même Conseil mondial pour la paix. En 1959, il reçoit le Prix soviétique pour la paix.

Gordon Shaffer en 1965

Schaffer (au centre) lors de la cérémonie de remise du Prix à Moscou

Le journaliste et militant pour la paix Gordon Shaffer (1905-1997) a été pendant de nombreuses années président du Comité britannique pour la paix et plaidait pour le désarmement. Il était également membre du Conseil mondial de la paix, dont il était membre du présidium. En 1964, il est personnellement venu à Moscou avec sa femme (photo de droite) pour recevoir le Prix Lénine pour la paix.

Eric Burop en 1972

Burop (à droite) en compagnie de scientifiques soviétiques lors d'une réunion de la Fédération des travailleurs scientifiques à Moscou, 1973

Le physicien d'origine australienne et professeur de l'Université de Londres Eric Burop (1911-1980) a été qualifié par les services secrets du terme péjoratif « pink », littéralement « rose », c'est-à-dire pas tout à fait « rouge » – un sympathisant des idées communistes. Burop avait travaillé sur le projet américain Manhattan visant construire une bombe nucléaire et a été l'un des premiers à se préoccuper des questions de sécurité. Il s'est activement exprimé lors de forums internationaux, y compris en URSS, afin d'attirer l'attention du public sur ce sujet.

En 1972, Burop a reçu le Prix soviétique pour la paix et, dans les années 1970, il s’est rendu à plusieurs reprises à Moscou pour diverses réunions scientifiques, ainsi que pour des réunions sur les questions relatives à la paix.

James Aldridge en 1973

De gauche à droite : James Aldridge, le poète soviétique Konstantin Simonov et le réalisateur Alexandre Guerassimov à Moscou, 1965

Le journaliste d'origine australienne James Aldridge (1918-2015), dans l'un de ses romans les plus célèbres, Le Diplomate (1949), a montré le travail des diplomates soviétiques et britanniques pendant la révolution iranienne de 1945. Aldridge avait de la sympathie pour l'URSS, raison pour laquelle il était apprécié derrière le rideau de fer et a reçu le fameux prix. Aldridge s'est rendu à plusieurs reprises à Moscou, a participé au festival international du film de Moscou, au Congrès des forces de paix et a même assisté aux congrès des écrivains de l'URSS.

Dorothy Crowfoot-Hodgkin en 1987

Dorothy Hodgkin à la Conférence des scientifiques de l'URSS visant à délivrer l'humanité de la menace de guerre nucléaire, pour le désarmement et la paix à Moscou, 1983

La chimiste Dorothy Hodgkin (1910-1994) était en contact étroit et collaborait sur des projets scientifiques avec un autre lauréat du Prix soviétique pour la paix, John Bernal.

Lauréate du prix Nobel de chimie (1964), elle a dirigé pendant huit ans le mouvement de scientifiques pour la paix Pugwash, dont, entre autres, des professeurs soviétiques faisaient partie. Dorothy Crowfoot-Hodgkin a reçu le Prix soviétique en 1987 et, depuis 1976, elle était membre étrangère de l'Académie des sciences de l'URSS.

Dans cette autre publication, découvrez huit Américains devenus lauréats du Prix d’URSS pour la paix.

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