Les Allemands ont-ils vaincu l'Armée rouge après la bataille de Stalingrad?

Histoire
BORIS EGOROV
Malgré des succès ponctuels des Allemands, le rouleau compresseur de l'Armée rouge fonçant vers l'ouest ne put être arrêté.

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Après la défaite de la Wehrmacht à Stalingrad commença une période de brillantes victoires pour les troupes soviétiques, qui dura jusqu'à l'effondrement de l'Allemagne nazie en mai 1945. Néanmoins, ponctuellement, les Allemands sont parvenus à infliger des coups douloureux à l'Armée rouge.

« Étoile polaire »

Après avoir remporté un triomphe lors de la bataille de Stalingrad, le commandement soviétique a décidé qu'il était temps de vaincre l'ennemi sur tous les fronts. Le 10 février 1943, une opération à grande échelle baptisée « Étoile polaire » a commencé dans le nord-ouest de l'URSS. Son but était de repousser de Leningrad les troupes allemandes du groupe d'armées Nord et de les anéantir complètement.

Une tâche tout aussi importante était l'élimination du soi-disant saillant de Demiansk, une bande de terre tenue par les Allemands coincée en profondeur au milieu des positions des troupes soviétiques. Pendant une année entière, l'Armée rouge a attaqué sans succès cette dangereuse tête de pont d'où la Wehrmacht menaçait les arrières soviétiques.

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L'offensive des troupes soviétiques a très vite montré que l'espoir d'atteindre les frontières de l'Estonie soviétique en peu de temps était illusoire. Sans entraînement ni reconnaissance appropriés, les troupes soviétiques se sont heurtées à une résistance farouche de l'ennemi retranché et, subissant de lourdes pertes, ont avancé lentement et avec beaucoup de difficulté.

La tâche consistant à couper à travers le saillant de Demiansk et à encercler la 16e armée allemande n'a été que partiellement réalisée. Bien que le saillant ait finalement été éliminé, les Allemands ont réussi à retirer leurs troupes vers des positions défensives préparées à l'avance.

L'opération « Étoile polaire » a coûté à l'Armée rouge 280 000 soldats, tués ou blessés (les Allemands en ont perdu plus de 78 000). En avril, n'ayant avancé que de quelques kilomètres, les troupes soviétiques ont été contraintes d'abandonner l'offensive.

« Après les brillantes victoires sur le Don et la Volga, les échecs sur ce front étaient déprimants, écrivait avec agacement le maréchal d'artillerie Nikolaï Voronov : Il était clair qu'une opération majeure n'aurait pas dû être lancée ici. Nos puissants équipements avaient besoin d'espace, et ici ils s'enlisaient dans des marécages. Une fois de plus, l'irritation s'est accumulée dans mon âme contre ceux qui avaient dressé de beaux plans pour l'opération sans se soucier d'étudier les conditions du terrain, les voies de communication, les caractéristiques climatiques... Nous avons condamné à la destruction du matériel, perdu beaucoup d’hommes et gaspillé une quantité innombrable de munitions sur des axes clairement peu prometteurs ».

Troisième bataille de Kharkov

Le 16 février 1943, l'Armée rouge, repoussant l'ennemi, est entrée dans un grand centre industriel de l'Ukraine soviétique - Kharkov. Cependant, la ville n'était pas vouée à profiter longtemps de sa liberté retrouvée.

Le 4 mars, après avoir regroupé leurs forces, les Allemands, avec l'appui de l'aviation, lancent une contre-offensive de grande envergure. Les troupes soviétiques, épuisées à cette époque, ne purent retenir leur assaut et commencèrent à céder rapidement des positions. Le 11 mars, des unités du 2e Panzerkorps SS ont fait irruption dans le centre-ville.

Le général Pavel Rybalko, qui dirigeait la défense de Kharkov, a rapporté au commandant du front de Voronej, le général Filip Golikov : « La situation est critique, tenir la ville avec les forces de la 19e division de fusiliers et de la 17e brigade du NKVD, qui en outre ne sont pas aptes au combat, est impossible pour moi. Il n'y a pas de réserves. L'ennemi peut couper toutes les voies d'évacuation. Les munitions s'épuisent, il n'y a pas de carburant. J'ai plus de 3 000 blessés dans la ville. Je n'ai aucune possibilité de les évacuer... l'ennemi mobilise ses forces pour s'emparer de la ville ».

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Le 13 mars, des chars allemands sont apparus à l'arrière de la 3e armée de chars soviétiques, menaçant la ville d’encerclement. « Le mot Kharkov attirait comme par magie les soldats et les responsables intermédiaires de la direction de l'armée, a rappelé le feld-maréchal Erich von Manstein, commandant du groupe d'armées Sud : Le Panzerkorps SS rêvait d’offrir la capitale de l’Ukraine nouvellement conquise (la ville était la capitale de la RSS d'Ukraine jusqu'en 1934 - ndlr) "à son Führer" en signe de victoire et se dirigeait vers elle par le chemin le plus court ».

Après avoir entrepris une contre-attaque infructueuse, les troupes soviétiques ont reçu l'ordre d’effectuer une percée afin de sortir de Kharkov. Le 17 mars, après avoir perdu plus de 86 000 hommes, tués et blessés, dans des combats défensifs, elles se sont concentrées sur des positions situées sur la rive orientale de la rivière Severny Donets, à 30 km de la ville.

Les Allemands ont repris le contrôle de Kharkov et de Belgorod ; cependant, en raison du début du dégel printanier et de l'arrivée des réserves soviétiques, ils n'ont pas pu développer davantage leur offensive. Les hostilités de grande ampleur dans ce secteur du front cessèrent pendant plusieurs mois et ne reprirent que le 5 juillet avec le début de l'opération allemande Citadelle.

Bataille de Bautzen

Les Allemands ont célébré leur dernier triomphe de la Seconde Guerre mondiale dans la Saxe en avril 1945. Alors qu'au nord les troupes soviétiques avaient déjà commencé l'assaut de Berlin, des unités de la 52e armée et de la Seconde Armée polonaise (formée en URSS) avançaient en direction de Dresde.

Initialement, l'offensive des troupes soviétiques et polonaises était assez réussie. Traversant le 16 avril la rivière Neisse et perçant les défenses ennemies, ils ont lancé trois jours plus tard l’assaut sur la ville stratégiquement importante de Bautzen. Bientôt, les tanks du 1er corps de chars polonais sont apparus dans les environs de Dresde.

Le commandant de la Seconde Armée polonaise, le général Karol Swierczewski, rêvait à tel point que les Polonais prennent cette ancienne ville allemande qu'il n’a pas remarqué les graves problèmes de ses troupes : les communications étaient trop étendues, et les unités de chars et mécanisées, obnubilées par la percée, étaient trop éloignées de leurs arrières.

Les Allemands ont immédiatement profité de cette erreur. Après avoir infligé des coups inattendus sur les flancs affaiblis des troupes qui avançaient, ils encerclèrent le 21 avril les principales forces de la Seconde Armée polonaise et certaines unités soviétiques.

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Ne réalisant pas immédiatement l'ampleur de la catastrophe imminente, Swierczewski a continué à mener l’offensive contre Dresde. En fin de compte, le commandant du Premier Front ukrainien, le maréchal Ivan Konev, a dû intervenir personnellement pour arrêter les troupes. L'un des officiers polonais commenta plus tard ces événements avec émotion : « Swierczewski devait être ivre lorsqu'il commandait ».

Les troupes polonaises et soviétiques encerclées ont dû longuement et péniblement lutter pour percer l'encerclement en direction de l'est. En conséquence, la Seconde Armée polonaise a perdu plus de 18 000 hommes tués, blessés et portés disparus, soit un cinquième de ses effectifs. Les pertes des troupes soviétiques et allemandes restent inconnues.

Les Allemands, cependant, n'ont pas réussi à développer l'offensive et à frapper le flanc des troupes soviétiques avançant sur Berlin - ils ont été arrêtés par les nouvelles réserves qui s'étaient approchées entre-temps. Cependant, l'Armée rouge a dû pendant un certain temps faire une croix sur la prise de Dresde. La ville n'est tombée entre ses mains qu'à la toute fin de la guerre, le 8 mai.

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