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En 1929, le second projet du nouveau bâtiment de la Bibliothèque Lénine (aujourd’hui, Bibliothèque d’État de Russie) proposé par Vladimir Chtchouko et Vladimir Gelfreïkh fut retenu par une commission mise en place deux ans plus tôt présidée par le Commissaire à l’Éducation Anatoli Lounatcharski (1875-1933). Au cours de la dizaine d’années que dura la construction du nouveau bâtiment de la bibliothèque et de sa réserve de huit étages, les plans des deux architectes connurent quelques modifications.
Une des cours intérieures de cet imposant temple de la connaissance est dite romaine. Pourquoi donc ?
Lorsque l’on pénètre dans cette cour, on prête immédiatement attention à la fontaine qui se trouve à gauche. La vasque et la coquille d’où s’écoule l’eau furent installées au début des années 1950. L’idée d’ajouter une tête de lion dans la coquille fut écartée au profit d’un dauphin qui y trouva sa place en juin 1953. Ce mammifère marin est une référence directe à la marque typographique d’Aldus Manatius (années 1440-1514/15). Cet imprimeur vénitien reste dans l’histoire pour avoir inventé le format in octavo (in-8°) et utilisé des caractères cursifs qui permettent de gagner de la place en hauteur.
L’élément qui explique le nom donné à cette cour s’élève en face de la fontaine. Il s’agit d’un mur partiellement couvert de ronds dont certains servent de fenêtres. Ces ronds ne sont pas sans rappeler ceux du mausolée de Marco Virgilio Eurisace mis au jour en 1838 à la Porta Maggiore de Rome . Si l’inscription « EST HOC MONIMENTUM MARCEI VERGILEI EURYSACIS PISTORIS, REDEMPTORIS, APPARET »(« Cette tombe est celle de Marcei Vergilei Eurysacis, boulanger, entrepreneur et appariteur ») et la frise ne laissent aucun doute sur l’identité et la profession de celui qui y fut inhumé, il n’en est pas même de la date à laquelle cette sépulture en tuf et ciment fut érigée. Elle remonterait à la période comprise entre la fin de la République et les premières années de l’Empire. Paola Ciancio Rossetto, qui lui consacra une monographie en 1973 , montra que ces ronds étaient parfaitement semblables à des pétrins (impastatrici) que l’on trouve à Pompei et Ostie.
En 2021, la cour romaine fut réaménagée. Des bancs en bois ont été installés, des parterres de fleurs ont été créés. C’est un endroit où les lecteurs de la bibliothèque aiment aller faire une pause ou passer un instant après une journée de travail.
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