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Si les territoires froids de Russie sont depuis longtemps appréciés pour les ressources cachées dans leurs sols, ces dernières années, voient le jour de nombreux projets tentant de tirer parti de cette spécificité climatique. Encore modestes, ces initiatives permettent d’entrevoir de prometteuses perspectives pour ces régions parfois reculées et cherchant à se moderniser ou à se reconvertir.
Stockage des données
Alors que des géants technologiques étrangers comme Google et Facebook installent leurs centres de données dans le Nord, notamment en Scandinavie, la Russie n’échappe pas à cette stratégie. En septembre 2019, l'Université d'État de Petrozavodsk et GS Nanotech ont décidé de construire un réseau de centres de données répartis dans le Nord de la Carélie. En raison du climat frais, on y prévoit une économie de fonctionnement de 40% pour ces sites, dont les installations informatiques importantes nécessitent un système de refroidissement conséquent. Le projet sera achevé d'ici 2025. Les auteurs du projet estiment que le réseau occupera environ 20% du marché russe et près de 2% du marché mondial des services de cloud computing.
GS Nanotech est un centre de développement et de production de micro et nanoélectronique, capable de fabriquer jusqu'à 10 millions de micropuces par an. Il est prévu que l'usine et le nœud du réseau de centres de données soient situés sur le campus de l’Université d’État de Petrozavodsk, la capitale de la République de Carélie, non loin du nanocentre et du centre de microélectronique civile.
La Carélie, avec ses quelques 60 000 lacs et 27 000 rivières, et par conséquent d'innombrables barrages hydroélectriques, convient en réalité parfaitement à ce type d'installations, comme le souligne Leonid Delitsyne, analyste du groupe Finam.
« Quant à l'utilisation des zones froides pour construire des centres de données, en plus du refroidissement, elles ont également besoin d'une énergie bon marché. C'est pourquoi les centres de données sont construits là où il y a des sources d'énergie industrielles, comme les centrales hydroélectriques », indique-t-il.
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Minage de Bitcoin
Fin 2020, une ferme de minage a été créée près de la célèbre usine de nickel de Norilsk, en Arctique, qui a récemment fermé ses portes. Le climat de Norilsk, où les températures hivernales descendent en dessous de -40 degrés, est propice au minage, activité nécessitant d’importantes installations informatiques chauffant fortement et où le refroidissement et l'électricité sont donc les principales causes de dépenses. L'endroit est idéal pour l'extraction de crypto-monnaies : il fait froid et la région dispose d'une alimentation électrique indépendante du reste du réseau énergétique russe.
Le site a été lancé par BitCluster, un opérateur de minage industriel et projet d'infrastructure international dont le siège est en Suisse. Jusqu'à présent, la capacité de la crypto-ferme est de 11,2 MW, et il est prévu de la porter à 31 MW en 2021. Cette capacité permettra d'extraire jusqu'à six Bitcoins par jour (pour rappel, la valeur d’un Bitcoin est actuellement d’environ 31 130 euros).
La capacité du centre de données est en réalité d'ores et déjà sous contrat et servira des clients du monde entier, y compris de Suisse, des États-Unis et du Japon, a déclaré le cofondateur de BitCluster, Vitali Borchtchenko, dans une interview pour Bloomberg.
Énergie alternatives
Contre toute attente, les territoires du Nord sont également adaptés à la construction de centrales photovoltaïques. Par exemple, en 2020, un site de ce type a été inauguré dans le village de Chougour, dans le district autonome des Khantys-Mansis. Ces petites installations permettent de fournir localement de l'énergie aux villages les plus reculés de la région, qu’il est difficile d’alimenter à partir de grandes centrales. L'équipement a bien entendu été choisi en tenant compte des spécificités climatiques environnantes et a été installé de sorte à profiter au maximum de la lumière, et ce, même en hiver, lorsque les journées sont particulièrement courtes.
Il est prévu que la production de ce site précis atteigne 35 000 kWh/an, ce qui remplacera plus de 2% de l'électricité locale produite par les groupes électrogènes diesel et permettra d'économiser 9 tonnes de carburant. Selon le projet d'investissement, la période d'amortissement de la station sera de sept ans.
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