La France et la Russie main dans la main pour une industrie bas carbone

Legion Media
En septembre 2019, Moscou procédait à la ratification des Accords de Paris sur le climat, visant à réduire les émissions mondiales de CO₂ et à limiter le réchauffement planétaire. À présent, Russie et France ambitionnent d’œuvrer de concert pour diminuer l’impact environnemental de leur industrie. Un premier forum dédié à cette entreprise se tiendra le 30 septembre et Russia Beyond s’est entretenu avec l’un de ses organisateurs.

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« On perçoit très clairement un dynamisme et une volonté des industriels russes à aller vers une production plus verte. Ils ont une carte importante à jouer pour contribuer aux réductions mondiales. C’est extrêmement vital que la Russie se sente mobilisée et se mobilise sur ce sujet, et c’est d’autant plus positif qu’elle souhaite le faire avec la France en priorité », assure Adrien Danière, président de Nauka Innov, interrogé par la rédaction.

Adrien Danière

Ce centre de coopération technologique franco-russe, créé en 2016 au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie France Russie, est à l’initiative d’un premier forum bilatéral pour le développement de l’industrie bas carbone, qui se tiendra en ligne le 30 septembre 2020.

L’implication de ces deux pays dans ce projet d’avenir est en réalité loin d’être anodine. Avec respectivement 1,537 milliard (4,7% du total mondial) et 306 millions (0,9%) de tonnes de CO₂ rejetées en 2017, la Russie et la France s’imposent comme les 4e et 19e plus gros émetteurs de la planète, selon les données de l’Agence internationale de l'énergie. Si elles sont évidemment loin derrière la Chine (9,958 milliards) et les États-Unis (4,761 milliards), leur rôle ne saurait être qualifié de négligeable et leur alliance dans ce domaine de futile. Cette dernière, en vérité, révèle de robustes liens unissant les deux nations.

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Un partenariat privilégié

La France, premier employeur étranger en Russie, est en effet un allié économique majeur pour Moscou, et cette démarche conjointe de transformation industrielle apparaît donc comme la poursuite naturelle des interactions bilatérales.

« La collaboration sur la transition verte de l’industrie est en fait une suite logique de notre coopération franco-russe historique dans le secteur industriel, affirme Adrien Danière. Lorsque nous regardons notre partenariat et les liens qui unissent nos entreprises dans le secteur des industries stratégiques, il n’y a pas d’autre équivalent entre la Russie et un autre pays occidental ».

Or, aujourd’hui, à ces deux extrémités du continent, ces secteurs se trouvent dans une phase de modernisation, de transition vers une industrie 4.0, plus performante, plus verte et responsable. La France faisant preuve d’un leadership mondial de la transition écologique, notamment avec l’Accord de Paris et sa politique pour le climat, la Russie fait par conséquent spontanément preuve d’un vif intérêt à l’égard de son expertise, juge M. Danière.

« Le souhait des responsables russes est de venir s’enrichir de cette expérience française, de voir comment en France on est arrivé à mettre tout cela en place, que ce soit avec des initiatives gouvernementales, mais aussi privées car, en France, l’industrie est également un moteur de cette transition », assure-t-il.

Un échange donnant-donnant

Ce dialogue ne se présente toutefois pas qu’au profit de la Russie, la France pouvant elle aussi bénéficier des accomplissements de son interlocuteur. De nombreuses avancées dans le domaine de la transition verte ont effectivement été réalisées au sein des complexes industriels russes, à l’instar du groupe Rusal, numéro un mondial de l’aluminium qui, selon Adrien Danière, parvient aujourd’hui à produire un métal bas carbone.

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« La Russie est un leader mondial de la métallurgie et un important fournisseur pour nos industriels français en matières premières et métaux, et ses entreprises ont mis en œuvre des technologies, que ce soit digitales ou de dépollution de certains processus, qui sont assez uniques au monde. Et cela, les industriels russes sont aussi prêts à le partager avec leurs homologues français », précise le directeur de Nauka Innov.

Un intérêt mutuel donc, qui se constate au vu de la liste des participants annoncés pour ce premier forum. Parmi eux, devraient figurer Vassili Osmakov, vice-ministre de l’Industrie et du Commerce de la Fédération de Russie, Thomas Grand, vice-président pour l'énergie et les matériaux de Dassault Systemes, Anne-Claire Roux, directrice générale de Finance for Tomorrow au sein de Paris EUROPLACE, mais aussi les représentants des mastodontes industriels russes que sont Rusal, Metalloinvest, NLMK et Gazprom, et ceux des grands établissements bancaires du pays : VEB, Sberbank, Gazprombank et Sovcombank.

Des initiatives conjointes existent déjà

Il est en outre heureux de constater que les compagnies des deux pays n’ont pas attendu la tenue de cet événement pour agir en faveur de la transition verte. Le groupe français Fives a par exemple déployé au sein des sites d’un métallurgiste russe une technologie permettant, par le biais de solutions digitales, d’optimiser les processus industriels, de réduire la consommation énergétique, et donc de baisser les émissions de CO₂. Un projet innovant qui a notamment valu au groupe Fives un trophée lors des rencontres franco-russes de l’industrie du futur de l’année dernière.

En 2019, lors du Conseil économique, financier, industriel et commercial franco-russe (CEFIC), le groupe Dalkia, très présent en Russie, a quant à lui acté la création, avec Bpifrance et le Fonds d’investissement direct russe, d’un premier fonds bilatéral voué à financer des solutions d’efficacité énergétique pour les industriels russes.

« Ces deux entreprises là, mais il y en a d’autres, ont fait des choses très significatives pour cette transition écologique. Ce sont réellement des success stories franco-russes », précise Adrien Danière

Pour aider la Russie et la France à concrétiser leurs objectifs fixés à une baisse, à l’horizon 2030, respective de 70-75% et 40% de leurs émissions de CO₂ par rapport au niveau de 1990 (la Russie, en 2017, avait en réalité déjà atteint une réduction de 68%, principalement en raison de la désindustrialisation ayant suivi la chute de l’URSS), Nauka Innov ne compte toutefois pas s’arrêter en si bon chemin.

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Afin de garantir la bonne continuation de ces fructueux échanges, cette structure accompagnant tant PME que grands groupes dans le développement de leur activité en Russie renouvellera ainsi annuellement ce forum dédié à l’industrie bas carbone, combiné à un second consacré à l’industrie du futur, les deux étant intimement liés. Ces événements seront à tour de rôle mis sur pied dans les deux pays.

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