Le secteur du luxe renaît de ses cendres en Russie

AP
Les Russes fortunés n’économisent plus sur les produits de luxe et dépensent sans compter en Russie pour mettre en valeur leur statut en cette période de crise.

Les analystes du cabinet d’audit et de conseil Deloitte ont annoncé que la demande intérieure de produits de luxe se rétablissait progressivement en Russie. Un sondage parmi les personnes aisées prouve que 62% d’entre eux dépensent plus qu’avant dans le secteur du luxe. Le phénomène se manifeste également en Chine et dans les Émirats arabes unis, où les experts estiment que le luxe est un secteur en développement. En Europe, aux États-Unis et au Japon, où le secteur est qualifié de développé, ceux qui ont accru leurs dépenses dans le domaine sont moins nombreux : seulement 49%.

La directrice générale de l’agence de conseil dans l’industrie de la mode Y Consulting, Daria Iadernaïa, a confirmé que les clients fortunés achetaient davantage de produits dans toutes les catégories : à commencer par les vêtements jusqu’aux accessoires en passant par les chaussures. « Une activité plus intense du +noyau+ des clients du segment du luxe a contrebalancé le départ de la classe moyenne qui assurait environ 30% des ventes », a-t-elle indiqué. Ceux qui vivaient de leur salaire en remboursant un crédit auto ou un crédit hypothécaire se sont retirés du segment après la chute du rouble, car il ne leur restait plus rien pour acheter des produits de luxe, a-t-elle expliqué.

Lire aussi : Les vins importés disparaîtront-ils bientôt de Russie?

En ce qui concerne les clients riches, ils ont renoncé à faire du shopping à l’étranger pour dépenser davantage à l’intérieur du pays. « Les prix des produits de luxe sont aujourd’hui plus avantageux en Russie qu’à l’étranger et ils n’ont aucune raison d’aller voir ailleurs », a poursuivi Daria Iadernaïa. La force motrice des ventes sont les accessoires, avant tout en textile et en cuir, ainsi que les chaussures.

Exprimées en roubles, les ventes des produits de luxe ont augmenté de 8%, a fait remarquer Daria Iadernaïa. Cette année, les experts s’attendent à une croissance de 11%.

Yachts et voitures, les grands classiques

Fait intéressant : c’est précisément la crise qui a poussé les riches à dépenser plus en produits de luxe. « Nombreux estiment nécessaire de montrer à tout le monde que tout va bien pour eux dans les affaires et dans la vie, ce qui fait monter la consommation ostentatoire et rend plus important l’art de vivre », a-t-elle noté.

Сeux qui souhaitent maintenir leur statut ne sont pas avares et investissent, notamment dans les jets privés et les yachts. « Les vols à bord d’avions privés sont devenus plus fréquents. Nombreux sont ceux qui ont troqué la classe affaires pour un charter individuel. Les ventes de yachts sont également en hausse », a-t-elle constaté.

Le yacht DilbarnCrédit : Photoshot/Vostock-PhotoLe yacht Dilbar
Crédit : Getty Images
Le Sailing yacht AnCrédit : EPALe Sailing yacht
 
 

Ces données sont confirmées par l’édition russe de Forbes : l’année dernière, sur les quelque 350 grands yachts vendus dans le monde, beaucoup ont trouvé leur propriétaire en Russie. Ainsi, le Dilbar – long de 156 mètres et dont le coût est estimé par les experts à plus de 500 millions d’euros – a été acheté par l’oligarque russe Alicher Ousmanov, propriétaire du géant de l’industrie métallurgique Metalloinvest. Le Sailing yacht A, le plus grand voilier privé du monde (350 millions d’euros), a été livré au propriétaire du géant du charbon SUEK, Andreï Melnitchenko, tandis que le Blade, long de 100 mètres, a été vendu au président du conseil d’administration de la Société métallurgique de tuyaux, Dmitri Poumpianski, pour la modique somme de 100 millions d’euros.

Lire aussi : Les concessionnaires automobiles russes se recyclent dans l’agriculture

Côté voitures, les Russes sont également prêts à ouvrir leur portefeuille. Selon l’Agence analytique Avtostat, environ 350 autos de luxe ont été vendues en Russie de janvier à mars 2017, soit 15,1% de plus que durant le premier trimestre 2016. Le marché de ces véhicules a connu une croissance de 6,5% l’année dernière. En 2016, le modèle le plus populaire a été la Mercedes Maybach Classe S (684 voitures, soit environ 60% des ventes), suivie de la Bentley (318 voitures) et de la Rolls (110 voitures). Cette année, le leader est resté inchangé, mais la deuxième place revient pour l’instant au à la nouvelle Maserati Levante (segment des gros SUV).

Bentley arrive en troisième position, 70% des ventes revenant au Bentayga, le premier SUV ultra-luxe. Sur le marché automobile, le segment du luxe se porte toujours mieux que les autres, car ces voitures sont souvent achetées par les hauts cadres de grandes sociétés, a expliqué Gueorgui Aplevitch, rédacteur d’un magazine automobile. « Maybach est peut-être aussi populaire parce qu’elle est relativement bon marché dans le segment des limousines de représentation de luxe, les Bentley et les Rolls revenant plus cher. En outre, c’est presque une simple Classe S, mais qui représente le summum de l’exclusivité. Ce qui arrange de nombreuses personnalités riches et célèbres qui préfèrent passer (presque) inaperçues », a-t-il indiqué.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

À ne pas manquer

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies