Les producteurs russes de médicaments veulent se lancer à l’international

Anton Vergun/TASS
Les entreprises pharmaceutiques russes cherchent à séduire les consommateurs étrangers en leur proposant des produits de qualité à un prix abordable. Mais ils doivent d’abord renforcer leur présence sur le marché national, actuellement inondé de médicaments étrangers.

Au cours des 18 derniers mois, la part des médicaments russes vendus sur le marché national a progressé, passant de 24% à 28,5%, a annoncé, le 8 juillet dernier, le ministre russe de l’Industrie et du Commerce, Denis Mantourov, lors d’une réunion de la commission gouvernementale pour la politique de substitution aux importations. D’ailleurs, les importations de médicaments étrangers ont baissé de 8,5%.

« Les importations de 526 médicaments restent toujours importantes, mais dans les deux ans à venir, plus de la moitié sera remplacée par leurs équivalents russes », a affirmé Denis Mantourov.

La directrice générale du technopôle médical de Novossibirsk (sud de la Sibérie occidentale), Ekaterina Mamonova, estime que les consommateurs russes préfèrent toujours les médicaments étrangers parce qu’ils ne connaissent pas la qualité des remèdes russes.

« Non seulement il importe de fabriquer un produit de qualité, mais encore il faut que les consommateurs sachent qu’il est efficace », a-t-elle fait remarquer en prenant la parole lors du forum Technoprom, à Novossibirsk, ajoutant que « nombre de fabricants russes ne comprennent pas que l’introduction d’un produit sur le marché revienne souvent plus cher que sa mise au point ».

L’unionfaitlaforce

Evgueni Jouravliov, responsable du cluster biomédical de l’Oural, estime pour sa part que les associations professionnelles pourraient faire évoluer les choses et faciliter l’entrée sur le marché des médicaments russes innovants.

« Les chercheurs russes ne possèdent pratiquement pas d’expérience pour permettre à une idée d’atteindre le marché. Ils obtiennent de bons résultats scientifiques qui restent à prendre la poussière sur une étagère dans une université », a-t-il indiqué. C’est sur cette « étagère » que le cluster a retrouvé un médicament antiviral, la Triazavirine, efficace contre quinze souches de grippe. Sa fabrication est d’ores et déjà lancée.

Le cluster biomédical de l’Oural compte aujourd’hui plus de trente membres, dont douze sont des entreprises qui fabriquent des médicaments. Toujours d’après Evgueni Jouravliov, l’un des grands axes des activités est la mise au point de matériels et de médicaments pour les malades souffrant d’insuffisance rénale. « Grâce à nos travaux, l’Oural et certaines autres régions ne dépendent plus du tout de l’importation d’équipements et de médicaments pour les dialyses », a-t-il confié à RBTH.

Un groupe médical est également mis en place actuellement dans le centre d’innovation de Skolkovo. Il dispose d’un budget de 1,3 million d’euros. Le projet comprend plusieurs centres médicaux, des infrastructures, ainsi que des bâtiments pour des bureaux et des entreprises de recherche privées.

Qui voudra des médicaments russes ?

Après la matérialisation des projets en cours pour substituer une production indigène aux médicaments importés sur le marché national, les producteurs russes prévoient de trouver leur créneau à l’étranger. « Notre projet est échelonné sur vingt à trente ans », note Ekaterina Mamonova au sujet du technopôle médical de Novossibirsk qui a été créé en 2010. « Nous nous occuperons de la substitution jusqu’en 2018 avant d’entrer sur le marché international », révèle encore l’intéressée.

Selon elle, le technopôle prévoit de se concentrer sur trois grands axes sur lesquels il peut enregistrer des succès réels : la traumatologie, la neurochirurgie et la médecine physique et de réadaptation. « Nous misons essentiellement sur l’ingénierie des matériaux biologiques capables de remplacer des tissus humains endommagés », a-t-elle indiqué à RBTH.

Ainsi, le groupe met au point une technologie de modelage de fragments d’os crâniens sur une imprimante 3D. « Nous examinons plusieurs marchés, mais aujourd’hui nous travaillons essentiellement avec l’Europe dans le domaine de l’échange des technologies », a-t-elle ajouté.

Le cluster biomédical de l’Oural prévoit de commercialiser dès cette année à l’international le médicament Dezitall, substance unique en son genre qui, après avoir séché, recouvre la surface traitée d’un film polymère antimicrobien.

« Notre priorité est l’Asie du Sud-Est, bienveillante envers les médicaments fabriqués en Russie », a expliqué Evgueni Jouravliov. Ce film est capable de détruire le VIH et les agents pathogènes de différentes maladies, ainsi que de lutter contre les mycoses existantes et les champignons qui se sont retrouvés sur la surface traitée. Environ 4,5 millions d’euros ont été alloués à la mise au point de ce médicament.

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