La conception de missiles nucléaires de petit gabarit fut lancée en Russie dès les années 1950.
Maksim Blinov/RIA NovostiParmi les principales raisons pour lesquelles la Russie n’envisage pas de créer un obus nucléaire destiné au dernier-né des chars russes, le T-13 Armata, les experts russes citent la portée du char et le risque de contamination nucléaire pour les effectifs.
« Le canon du char tire à 3 km au maximum. Utiliser un obus nucléaire avec une telle portée relève du suicide », nous explique le directeur du programme militaire diffusé par la chaîne NTV Sergueï Kouznetsov.
L’analyste militaire du quotidien Izvestia ajoute : « Imaginez ce qui pourrait arriver sur le champ de bataille si les engins commencent à tirer des obus nucléaires à un kilomètre des populations et si le vent dispersait le nuage radioactif à des kilomètres aux alentours ».
M. Kouznetsov explique que si l’objectif est d’obtenir un obus avec une force de frappe maximale, il est « plus simple de faire une ogive avec de l’uranium appauvri qu’organiser une explosion nucléaire ».
Le char T-14 Armata a été présenté pour la première fois lors du défilé de la Victoire de 2015 à Moscou. Parmi les principales caractéristiques du char figurent sa tourelle inhabitée et le fait que sa plateforme sert à d’autres types de véhicules, comme des véhicules de combat d’infanterie, des canons automoteurs, des engins de réparation et d’évacuation et des véhicules d’appui-feu.
La conception d’obus nucléaires de petit gabarit – armes nucléaires tactiques – fut lancée sous l’Union soviétique dans les années 1950. Dans les années 1960, l’arsenal soviétique intégrait déjà une large gamme de munitions tactiques de différents types, dont des obus d’artillerie pour les armes de calibre standard allant de 152 mm à 406 mm.
« À l’époque soviétique, même les mines antipersonnel étaient nucléaires. Ainsi, les entrepôts russes stockaient effectivement des bombes aériennes et des obus d’artillerie et de chars nucléarisés. Cependant, l’utilisation de chacun de ces types de munitions s’est avérée inappropriée », explique Dmitri Litovkine.
Parmi les pièces d’artillerie de l’arsenal actuel, seuls les systèmes Msta-S, Akatsiya et Guiatsint sont théoriquement capables de tirer de tels obus, par exemple, l’obus ZBV3 de 152mm. Le colonel à la retraite Victor Mourakhovski assure que la défense russe ne dispose pourtant pas d’obus de ce type.
« À des fins militaires, il est justifié d’utiliser des ogives nucléaires dans les missiles balistiques qui parcourent des centaines de kilomètres. Par exemple, dans le complexe opérationnel et tactique Iskander-M, dont les missiles peuvent atteindre des cibles à 500 km de distance », ajoute Litovkine.
La presse russe a relayé la publication du magazine en ligne The Diplomat qui, citant des rapports non confirmés des médias, écrit que « le fournisseur de défense russe Uralvagonzavod (UVZ) va non seulement équiper les dernières versions du mystérieux T-14 avec le nouveau canon 2A83 de 152 mm, mais aussi développer un réservoir nucléaire pour le char à des fins d’utilisation tactique sur le champ de bataille ».
Une brève enquête a montré que la fausse nouvelle puisait sa source dans une publication de Defence One, dans laquelle le responsable du Potomac Institute Philip Karber expliquait que les Russes pourraient développer un tel obus.
« Ils ont annoncé que la nouvelle version du char Armata serait équipée d’un lanceur de missiles à canon de 152 mm. Ils parlent d’une capacité nucléaire pour ce lanceur. Et on se dit : « Vous parlez de construire un char nucléaire, un char qui tire des ogives nucléaires ? ». Et bien, c’est ce que cela implique », affirme Karber.
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