La Russie développerait des systèmes capables de détruire les satellites.
Vladislav Belogroud / RIA NovostiLa Russie développe des missiles et des lasers afin de lutter contre les satellites américains, a déclaré le général John Hyten, chef du Commandement stratégique des forces armées américaines : les États-Unis « doivent décourager les mauvais comportements dans l’espace et empêcher un conflit dans l’espace, particulièrement avec des adversaires comme la Russie et la Chine ».
Pour Viktor Mourakhovski, rédacteur en chef de la revue Arsenal de la Patrie, le général agite la nouvelle menace russe devant les contribuables pour obtenir des financements destinés à plusieurs projets militaires.
« En effet, au milieu des années 1970, l’Union soviétique travaillait sur une arme laser. Le laboratoire volant expérimental A-60 équipé d’un laser mégawatt est ainsi né sur la base de l’avion Il-76 », nous raconte Mourakhovski.
Cependant, l’expert précise que le programme n’a pas donné les résultats escomptés et le commandement du ministère de la Défense l’a supprimé au début des années 1990. Au milieu des années 2000, le projet a été relancé, mais personne n’en connaît les résultats : les recherches sont classées « top secret ».
« Aujourd’hui, les projets d’arme laser relèvent de la science-fiction : ni la Russie ni les États-Unis ne disposent de « carburant » capable d’alimenter continuellement de tels systèmes, tant sur Terre que dans l’espace », précise à son tour Dmitri Safonov, analyste militaire du quotidien Izvestia.
Si aujourd’hui, l’arme laser n’est réelle que dans les pages des livres de science-fiction, les complexes de missiles sont d’ores et déjà capables de détruire des cibles sur orbite terrestre basse, aux États-Unis comme en Russie.
Ainsi, le complexe antimissiles installé près de Moscou est capable de frapper des cibles dans le proche espace, nous raconte l’expert militaire de TASS Victor Litovkine. Fin 2015, l’équipe de tournage de la chaîne gouvernementale Zveda, qui collabore directement avec le ministère russe de la Défense, a été la seule à bénéficier d’un accès aux essais du nouveau système antimissiles.
Selon l’expert, les constructeurs russes et américains pourront, en cas de besoin, « ajuster » les complexes antimissiles existants et en développement pour détruire des cibles dans le proche espace. « En 2018, le groupe Almaz-Antei s’apprête à présenter son nouveau système antimissiles S-500, qui pourra détruire les cibles ennemies à ces altitudes », nous explique Litovkine.
Les analystes militaires estiment que la déclaration du général américain pourrait être une tentative de lancer la militarisation de l’espace. « En 1967 déjà, Moscou a signé et ratifié l’accord sur la démilitarisation de l’espace. Washington, en revanche, ne l’a pas fait », souligne l’analyste militaire du quotidien Izvestia.
Les experts précisent que l’accord interdit aux États de déployer des armes nucléaires ou toute autre arme de destruction massive dans l’espace. Il permet toutefois de déployer des systèmes d’armement classiques. Précisons qu’aucun pays signataire de l’accord de 1967, qu’il ait ratifié l’accord ou non, n’a installé de tels complexes dans l’espace.
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