Six cas de vandalisme retentissants survenus dans les musées russes

L'artiste restaurateur Guennadi Chirokov travaille à la restauration du tableau de Rembrandt Danaé

L'artiste restaurateur Guennadi Chirokov travaille à la restauration du tableau de Rembrandt Danaé

Roudolf Koutcherov/Sputnik
La plupart des visiteurs se rendent dans les musées pour admirer des œuvres d’art. Mais pas tous: certains y vont pour les détruire.

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Ivan le Terrible tue son fils. Ilia Répine

Durant l’hiver 1913, les visiteurs de la galerie Tretiakov furent surpris d’entendre une voix retentissante : « Assez de sang ! À bas le sang ! » Sur ces mots, le vieux-croyant (une branche schismatique de l’orthodoxie) Abram Balachov s’est jeté sur le tableau d’Ilia Repine Ivan le Terrible tue son fils ; il a l’a lacéré d’un couteau à trois reprises, tranchant le visage du tsar et de son fils. Les impacts ont été si violents que la lame s’est coincée dans une traverse du châssis. Les employés de la galerie étaient sous le choc : le directeur du musée, le peintre Ilia Ostroukhov, a démissionné et le conservateur Egor Khrouslov s’est jeté sous un train peu après. Ilia Répine s’est rendu en urgence à Moscou - avec des restaurateurs, il a reconstitué le tableau. Tout d’abord, l’œuvre a été collée sur une nouvelle toile, puis les fragments endommagés ont été repeints.

Cent ans plus tard, l’histoire s’est répétée : en 2018, un visiteur ivre, Igor Podporine, a pris un des poteaux servant à soutenir les clôtures et en a frappé le cadre et la vitre qui recouvraient le tableau. Le chef-d’œuvre de Répine a été endommagé à trois endroits. En vue de sa restauration, le musée a créé un espace séparé où la toile a été réparée pendant quatre ans.

Danaé de Rembrandt

Ce chef-d’œuvre de la collection de l’Ermitage aurait pu disparaître en raison des terribles dégâts que Bronius Maigys lui a infligés à l’été 1985. Ce touriste lituanien a demandé aux gardiens quel tableau était le plus précieux du musée et, après avoir obtenu une réponse, il s’est approché de la toile de Rembrandt, a lacéré le tableau à plusieurs reprises avec un couteau et l’a aspergé d’acide sulfurique. Sous les yeux des visiteurs, la magnifique Danaé s’est mise à bouillonner.

Près de 30% de la couche de peinture a été détruite. Les gardiens ont immédiatement retiré le tableau du mur et ont versé de l’eau dessus. Sans cela, les dégâts auraient sans doute été plus importants. La restauration de Danaé a duré 12 ans, bien que certains fragments aient été perdus à jamais. En 1997, la toile a de nouveau été exposée.

Trois figures d’Anna Leporskaïa

En décembre 2021, Alexandre Vassiliev, agent de sécurité du Centre Eltsine d’Ekaterinbourg, a utilisé un stylo à bille pour dessiner des yeux sur deux figures abstraites dans un tableau de l’artiste d’avant-garde Anna Leporskaïa issu de la collection de la galerie Tretiakov. Selon le vandale, il l’aurait fait par ennui, et car il considérait le travail de l’élève de Malevitch comme un dessin d’enfant. La toile a bien sûr été restaurée, mais le tribunal a annulé la condamnation de Vassiliev car il n’a pas considéré ses actes comme un crime prémédité.

Buste de Petronia Prima

Les « ajouts » à une œuvre artistique ne sont pas si rares. Par exemple, le buste de Petronia Prima, qui se trouve dans le jardin d’été de Saint-Pétersbourg, a été affublé d’yeux par un inconnu à l’automne 2022. Heureusement, ce n’est pas l’œuvre originale d’Antonio Corradini qui a été « décorée » (elle se trouve dans le château Mikhaïlovski), mais sa copie en marbre artificiel.

Linogravures de Vadim Sidour

Il arrive que les opinions religieuses provoquent des attaques contre des œuvres d’art. En 2015, des militants orthodoxes de l’association Volonté de Dieu ont attaqué l’exposition Ces sculptures que nous ne voyons pas, qui se tenait au Manège de Moscou. Ils n’appréciaient pas les œuvres de l’artiste anticonformiste Vadim Sidour, qu’ils accusaient de représenter Dieu sous une forme obscène. Ces divergences ont entraîné des dommages à plusieurs linogravures représentant la crucifixion du Christ, ainsi qu’à une sculpture de Jean-Baptiste.

Œuvres de Goya et Dali

Des œuvres exposées lors de l’exposition Le monde du surréalisme au Centre international des arts d’Ekaterinbourg Glavny Prospekt en 2018 ont été victimes des amateurs de selfie. Trois visiteuses voulaient tellement se photographier devant des œuvres de Goya et Dali qu’elles ont fait tomber le support sur lequel se trouvait la gravure ¡Bravísimo! de la série Caprices et sa version surréaliste appelée No de Salvador Dali. Le verre et le cadre de l’œuvre de Goya ont été endommagés, tandis que le tableau de Dali a été troué.

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