Nous venons du jazz: le film sur les pionniers soviétiques de ce genre musical sera projeté à Paris

Karen Chakhnazarov/Mosfilm, 1983

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Le 25 avril, le Centre spirituel et culturel orthodoxe russe à Paris invite tout le monde à la projection du film Nous venons du jazz réalisé par Karen Chakhnazarov, qui vous permettra de pénétrer dans la scène jazz underground de l’URSS et d’en connaître les héros.

L’affirmation selon laquelle le jazz a été interdit en URSS n’est pas tout à fait vraie, mais il n’en reste pas moins que l’État a développé une relation difficile avec ce genre musical, qui était perçu comme la musique du principal ennemi idéologique – les États-Unis. Selon la légende, même Nikita Khrouchtchev, dont l’apparition sur la scène politique soviétique est associée à la période du Dégel, détestait tellement le jazz qu’il aurait cassé les disques de son fils. Les musiciens de jazz les plus talentueux ne réussissaient à se produire que dans de petites maisons de la culture des usines ou dans les locaux d’organisations comme la Société des aveugles. Cependant, en dépit de la volonté des politiciens soviétiques, les habitants de l’URSS sont tombés amoureux de cette musique. L’une des preuvesen est l’enregistrement live de l’album de Benny Goodman, que le grand jazzman a réalisé en 1962 lors de sa tournée au Pays des Soviets.

C’est de cette période difficile pour les musiciens de jazz soviétiques que raconte le film tourné en 1983 par Karen Chakhnazarov, dont le personnage principal, Kostia Ivanov, a été expulsé du Komsomol (organisation de la jeunesse communiste) pour ses goûts musicaux. Kostia rêve de son propre groupe de jazz et finit par le créer, puis le collectif musical nouvellement créé part à la conquête de Moscou. Ce n’est pas une tâche si facile, car la capitale soviétique a déjà son propre orchestre de jazz. Pour se faire connaître, Kostia et ses amis élaborent un plan astucieux : quelque part à Leningrad (Saint-Pétersbourg) vit un passionné de jazz nommé Kolbaskine. S’il exprime une opinion positive sur l’œuvre des amis, alors le succès est garanti... Il ne reste plus qu’à le trouver et solliciter son soutien...

Le film Nous venons du jazz a un lien fort avec l’histoire des pionniers soviétiques de ce genre musical. Ainsi, par exemple, le prototype de Kostia était le véritable compositeur et chef d’orchestre soviétique Alexandre Varlamov, qui s’est produit avec une chanteuse américaine dans les années 1930. Plus tard, il a été arrêté, selon une version, pour avoir sorti un disque d’un foxtrot appelé Joseph. Par ailleurs, le prototype de ce très mystérieux « Kolbaskine » est Sergueï Kolbassiev, un marin soviétique et collectionneur de disques de jazz. Son destin est également tragique : il a été arrêté à plusieurs reprises par les autorités soviétiques, et a soit été fusillé, soit est mort dans les camps.

Anatoli Kroll, un vrai chef d’orchestre de jazz, a participé à l’enregistrement de la musique du film. Dans une interview, il a admis : « Kostia est un héros fictif, mais je suis une personne vivante, et tout comme Kostia, j’ai été expulsé d’une école de musique pour avoir joué du jazz ».

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