Origine historique
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Les historiens n'ont pas d'avis définitif sur l'origine du sarafane. D'après une des versions, le mot « sarafane » aurait une origine iranienne (du perse « habillé de la tête aux pieds ») et on l'aurait vu dans les chroniques et les documents des XII-XIIIe siècles. Il est vrai que jusqu'au XVIIe siècle, c'était un vêtement unisexe, une chemise de toile tombant jusqu'au sol avec de longues manches.
C'est seulement au début du XVIIIe siècle que le sarafane est entré totalement dans la garde-robe féminine en se transformant en une longue robe à bretelles. Il était porté en général sur de longues chemises, si possible orné d'un lacet, d'une broderie et d'autres éléments de décoration.
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Les ornements montraient le statut social du propriétaire et de ses possibilités financières. On a conservé, par exemple, les sarafanes des marchands, cousus à partir de tissus chers importés, de soie, de satin, de brocart, bordés de fourrure, ornés de boutons d'or et cousus de fils d'or et d'argent. De tels habits devenaient des reliques familiales et se transmettaient en héritage.
Les paysans ou, disons, les bourgeois, ne pouvaient se permettre des ornements abondants, ils cousaient leurs habits dans du tissu habituel, du lin ou de la laine, souvent dans des coloris sombres peu attrayants.
Mais la croyance selon laquelle le vêtement, étant un talisman, portait chance à sa propriétaire poussait les élégantes à l'orner de nombreuses et diverses façons : lacet et rubans, broderie et dentelle, ceintures et galons.
Il y a sarafane et sarafane
On connaît trois célèbres modèles de sarafane : le sarafane évasé, le sarafane droit « de Moscou » et celui « avec brassière ». Quelques détails insignifiants les différencient, mais on les confectionnaient de diverses manières.
Le sarafane évasé était cousu à partir de deux toiles taillées en larges biseaux sur les flancs, ce qui faisait que cet ouvrage harmonieux à l’œil atteignait 80 cm de longueur et donnait à la femme le portant une démarche élégante telle une paonne.
À une époque, à la fin du XVIIIe siècle, le sarafane évasé portefeuille était populaire. Il se différenciait par une languette avec des boutons au centre, sur le pan central, qui servait non seulement d'attache mais aussi d'ornement, elle était décorée d'un lacet et de galons, et les boutons pouvaient même être en or.
Le sarafane droit « de Moscou » était le rêve de la couturière paresseuse : il s'agissait de morceaux droits de tissus cousus en cylindre froncés selon la taille du pan de tissu supérieur.
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Le sarafane « avec brassière » est un des modèles les plus récents et « modernes ». La jupe droite et bouffante est cousue à la brassière moulant la poitrine et le dos. De plus, la brassière a souvent une couche supplémentaire, une « doublure ». Ce mot est resté dans la langue et on l'utilise maintenant pour désigner une « pensée ou cause véritable cachée au premier regard ».
Traditionnellement, on portait les sarafanes dans les régions centrales et nordiques du pays. Mais il existait même des différences entre les vêtements de régions voisines. Ainsi, dans la région d'Arkhangelsk, on préférait les sarafanes évasés en soie, d'un seul ton ou avec des ornements fleuris, le plus souvent avec de fines bretelles, plus rarement en portefeuille, ornés de dentelle de fils d'or, de boutons, de galons. Les sarafanes de fête étaient confectionnés à partir de tissu rouge andrinople ou bleu avec des rubans brodés.
Dans la région de Vologda, les plus à la mode étaient les sarafanes de divers tissus simples et, un peu plus tard, de tissus de fabricant. Les sarafanes de fête étaient confectionnés à partir de soie et également de laine, de calicot, de tissus rouge andrinople et d'impressions sur tissus de divers coloris : bleu, lilas, framboise, jaune.
Souvent, chaque fête avait sa couleur pour les habits. Ainsi, le sarafane de mariage était en général rouge avec d'abondants ornements.
Même les noms de sarafanes étaient nombreux, et d'habitude, ils dépendaient du tissu à partir duquel ils étaient cousus : « dostalnik », « polouroumajnik » (un tissu acheté avec l'ajout de fils de coton), « moskovets » (calicot de Moscou), « sinioukha » (du mot « siniï » - bleu, toile colorée en bleu), « dikosovi » (calicot évasé bleu-vert avec des ornements floraux), « kumachnik » (kumatch – tissu rouge andrinople).
Le phœnix
Après le XVIIIe siècle, le sarafane a commencé à perdre en popularité. Au début, Pierre Premier a adopté un décret pour l'adoption obligatoire du costume européen, et le sarafane perdit son usage à la cour, dans une grande partie des marchands et des bourgeois.
Puis sont arrivés les bolcheviques, et le sarafane fut considéré comme une relique des temps impériaux. Cependant, la robe à bretelles n'a pas disparu du paysage russe.
La nouvelle vie du sarafane a commencé dans les années 1950 quand les magazines soviétiques de mode se sont mis à proposer aux femmes une classification fonctionnelle du bon vieux sarafane. À présent, les travailleuses soviétiques pouvaient se pavaner au travail dans les robes asexuées, mais cintrées, sans manches de tissus épais, portées sur une blouse, un pull ou un tee-shirt, et le soir ou bien le week-end, elles pouvaient mettre des robes-sarafanes moins strictes de tissus légers avec des tons « joyeux » et des drapés et rubans.
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Puis, les années 1960 ont apporté au sarafane un réel succès. Une jeune fille énergique, intelligente ne pouvait s'imaginer sans robe droite et courte avec de larges bretelles, portée seule ou bien, si faite en tissu épais, sur une chemise ou un col roulé.
Sont devenues populaires les robes confectionnées selon l'ancienne mode russe, ornées de lacet et de broderie, avec l'ajout d'une petite collerette.
Dans les années 1970, en URSS, les plus à la mode étaient les habits ethniques, les sarafanes-grandes robes de couleurs vives sont apparus, des robes à larges bretelles de denim. Les femmes les plus à la mode allaient au travail portant sur un col roulé un sarafane fermé en jean avec de larges bretelles, décoré de motifs de « petites ailes ».
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Au début des années 1980, le sarafane en calicot avec une jupe fluide voire bouffante est devenu un élément indispensable de la garde-robe.
Aujourd'hui, comme quelques siècles auparavant, la femme russe, si elle n'est pas une adepte convaincue du pantalon, a obligatoirement dans sa garde-robe au moins un sarafane. Les plus appréciés sont les modèles légers d'été de tous tissus ou ornements possibles. Pour aller au travail, beaucoup choisissent également le sarafane.
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