2016, année de tous les drames pour le sport russe

La perchiste russe Yelena Isinbayeva

La perchiste russe Yelena Isinbayeva

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L’année qui s’écoule est très difficile et dramatique pour le sport en Russie. RBTH a sélectionné quatre histoires qui pourraient devenir des séries télévisées Netflix.

1. Maria Sharapova et le perfide meldonium

Maria Sharapova avait tout : la gloire, l’argent et une réputation irréprochable. Une seule erreur a fait basculer ce conte de fées.

La saison 2016 devait marquer un jalon dans la carrière de Maria Sharapova : après une mauvaise année 2015 pour la joueuse de tennis qui a reçu une blessure, la star avait toutes les chances de manifester une maîtrise impeccable de la raquette. Mais sa déclaration du 8 mars fit l’effet d’une bombe : la jeune femme avoua avoir consommé du meldonium.

Maria Sharapova annonce à la presse avoir été contrôlée positive au Meldonium. Crédit : Reuters.Maria Sharapova annonce à la presse avoir été contrôlée positive au Meldonium. Crédit : Reuters.

La joueuse, dont les affaires sont organisées par toute une équipe de managers, n’était pas au courant que le meldonium consommé pendant plus de dix ans pour compenser le manque de magnésium, figurait à partir de 2016 sur la liste des médicaments prohibés par l’Agence mondiale antidopage (AMA). Ce fut le désastre.

Toutefois, Maria a stoïquement enduré l’épreuve en assumant toute la responsabilité. Elle a vécu un vrai cauchemar : rupture de contrats avec ses sponsors, remarques caustiques de la part de ses collègues – elle a été traînée dans la boue par tout un chacun, de Roger Federer à Rafael Nadal, en passant par son compatriote Evgueni Kafelnikov – et disqualification pour deux ans.
Les avocats de Maria Sharapova ont heureusement réussi à obtenir une réduction de sa suspension pour dopage, ce qui lui permettra d’être de retour dès avril 2017 et de relancer sa carrière.

2. Daniil Kvyat et le Grand Prix fatal

Ce talentueux pilote russe, qui s’est lancé dans la Formule 1 à 19 ans, était semble-t-il promis à un avenir brillant. Toutefois, le chemin vers la gloire s’est révélé épineux.

Daniil Kvyat est un modèle pour les enfants : talentueux, intelligent, bien élevé, jamais impliqué dans un scandale. À 19 ans, le jeune homme, qui parle couramment trois langues en plus du russe, est devenu pilote de F1. À 20 ans, il s’est installé au volant d’un bolide de Red Bull, l’une des meilleures écuries. À 21 ans, il a obtenu le premier podium de sa carrière, en remportant la deuxième place au Grand Prix automobile de Hongrie 2015. La Russie n’avait jamais eu de pilote d’un tel niveau.

Daniil Kvyat. Crédit : AP.Daniil Kvyat. Crédit : AP.

Cette année, Daniil Kvyat devait définitivement s’imposer au sein de l’élite des courses. Il a signé son second podium au Grand Prix de Chine (en avril à Shanghai), mais après ces sommets sa carrière est combée de plus en plus bas.
Au mois de mai, lors d’une course à domicile, à Sotchi, Daniil Kvyat, pourtant toujours calme, était très impulsif. Tentant de doubler dès le premier tour de course, il a pratiquement sorti l’Allemand Sebastian Vettel, qui a dû abandonner. L’accrochage au départ a en outre fait une victime collatérale. Sebastian Vettel enrageait après la course, tandis que le patron de Red Bull Racing, Christian Horner, a décidé de rétrograder Daniil Kvyat chez Toro Rosso, la « junior team » de l'écurie mère Red Bull Racing.

Cette mesure n’a pourtant pas poussé le jeune Russe à reprendre ses esprits : il n’est pas retrouvé ses positions jusqu’à la fin de la saison, n’a totalisé que très peu de points et n’a pas toujours franchi la ligne d’arrivée. L’année prochaine, il aura encore une chance de se ressaisir, mais il y a urgence, car l’une des meilleures écuries du monde n’aime pas attendre longtemps.

3. Yelena Isinbayeva et le retour manqué

La sportive légendaire avait l’intention de retourner cette année dans le sport, mais a dû mettre fin à sa carrière.

Double championne olympique et détentrice de 28 records du monde du saut à la perche, la jeune femme a quitté le sport en beauté, après avoir remporté les championnats du monde de 2013 à Moscou. Mais l’attrait des stades bondés et les flashs de caméras fut le plus fort : après avoir donné naissance à une petite fille, elle a rapidement repris sa perche en promettant aux fans de participer aux Jeux olympiques de Rio.

Yelena Isinbayeva ne parvient pas à retenir ses larmes lors de son intervention au Kremlin. Crédit : AP.Yelena Isinbayeva ne parvient pas à retenir ses larmes lors de son intervention au Kremlin. Crédit : AP.

Mais le moment s’est avéré peu propice. À l’automne 2015, l’AMA a publié un rapport faisant état de nombreuses violations des règles antidopage en Russie, après quoi l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) a suspendu les sportifs de toute compétition internationale. Yelena Isinbayeva, qui n’a pourtant jamais été épinglée pour dopage, a subi le triste sort de toute l’équipe. Dans un moment de colère, elle a déclaré que la compétition aurait moins de valeur sans elle et que la médaille de la gagnante ne serait pas « complètement en or ».

En août 2016, elle a été élue à la commission des athlètes du Comité international olympique (CIO) où elle se propose de défendre les droits les sportifs qui se sont heurtés à l’injustice.

4. Yulia Efimova affronte la piscine de Rio

Pour se rendre au JO de Rio, la meilleure nageuse russe a dû traverser les neuf cercles de l’enfer. Mais ce n’était que le début.

Championne du monde du 200 mètres brasse, Yulia Efimova se préparait à arriver à Rio en favorite. Mais comme pour toute la sélection russe, ses cartes ont été brouillées par l’avocat canadien Richard McLaren qui a présenté le 19 juillet le rapport de la commission indépendante de l’AMA. Le document accusait les autorités russes de trafic d’échantillons aux JO de Sotchi en 2014. Une telle accusation lancée à dix-sept jours de l’inauguration des Jeux menaçait d’enterrer la totalité du sport russe. Toutefois, le CIO n’a pas écarté l’ensemble de la sélection russe, mais uniquement les sportifs convaincus de dopage par le passé.

Yuliya Efimova suit une compétition à Kazan. Crédit : Valery Sharifulin / TASS.Yuliya Efimova suit une compétition à Kazan. Crédit : Valery Sharifulin / TASS.

Yulia Efimova en faisait partie : elle avait été disqualifiée en 2013–2015 pour 18 mois pour une prise involontaire de stéroïdes inclus dans un additif alimentaire. Les avocats de la nageuse ont pourtant réussi à contester la décision du CIO et la justice a reconnu que la jeune femme ne devait pas être punie deux fois pour une même infraction. Toutefois, la décision n’a été annoncée que la veille des compétitions principales.

Ebranlée par cette épreuve morale, la nageuse n’a pas réussi à montrer tout ce dont elle était capable suite à cette épreuve . Qui plus est, le public a versé de l’huile sur le feu quanen huant et sifflant la sportive russe, tandis que sa rivale principale, l’Américaine Lilly King, a ouvertement douté de sa « propreté ».
Yulia Efimova a remporté à Rio deux médailles d’argent sur les distances de 100 mètres et de 200 mètres. Elle a avoué plus tard que ce furent les moments les plus difficiles de sa vie : toujours sur les nerfs, elle n’a pas dormi pendant plusieurs nuits. Quand tout fut fini, elle a éclaté en sanglots lors d’un reportage en direct à la télévision russe.

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