Les Madones tatares: vivre son identité dans le tourbillon des grandes villes

Sergueï Poteriaev étudie les Tatars, l’un des plus grands groupes ethniques de Russie.

Dans les grandes villes modernes, les caractéristiques extérieures des gens d’ethnies différentes s’estompent. Mais la culture et l’ethnicité restent cruciales. Le photographe russe Sergueï Poteriaev étudie les Tatars, l’un des plus grands groupes ethniques de Russie. Sur la photo : Ksioucha, 25 ans, femme de ménage. « Dans l’Oural, tout est compliqué. Dans certains villages, les habitants se disputent pour savoir s’ils sont tatars ou bachkirs. Je suis bachkire par ma mère, mais mon père est russe ».

Il photographie des femmes tatares, leur demandant ce que signifie pour elles être tatar dans une grande ville russe. Les Tatars sont un groupe ethnique vivant principalement au centre de la Russie, particulièrement au Tatarstan (capitale : Kazan). La majorité des Tatars sont musulmans, ils parlent principalement russe et leur langue natale, le tatar. Sur l'image : Gouzel, 25 ans, ingénieure. « Je viens d’une famille tatare et je parle tatar, surtout en famille ».

Photographiées derrière des rideaux de dentelle comme derrière un voile de mariée, les femmes sont vues à travers le prisme d’une autre tradition culturelle. Dans les photos, ces femmes sont dépeintes comme des « madones tatares ». Sur la photo : Oxana, 23 ans, professeur en école d’art. « Ma grand-mère était tatare. Je me suis toujours considérée comme russe, mais on me qualifiait souvent d’+orientale+. Mes cheveux sont naturellement brun clair, mais je les teins souvent en noir. Sans doute était-ce inconsciemment pour souligner mes racines orientales ».

La plupart d’entre eux n’ont jamais porté de vêtements traditionnels, ne connaissent pas la langue et ne mangent pas de plats traditionnels. Sur la photo : Irina, 25 ans, employée d’un centre médical. «Je ne me souviens pas de la langue et je ne parle pas tatar. Quand j’étais petite, je le comprenais et je le parlais un peu».

Oxana, 24 ans, étudiante. « Mon mari est russe, mais il n’était pas opposé à ce que l’on organise une cérémonie de mariage tatare traditionnelle, la nikah ».

Dinara, 28 ans, femme de ménage. « Je suis presque à 100% tatare, mais je ne parle pas la langue ».

Faussia, 18 ans, économiste. « Mon mari est russe et je suis tatare. Même si mon mari est chrétien orthodoxe, je vais toujours à la mosquée ».

Sveta, 28 ans, sans emploi. « Ma grand-mère est religieuse. Elle m’emmenait avec elle à la mosquée, mais ça n’a pas eu d’effet sur moi. Je ne suis pas très proche de l’islam ».

La vie dans une ville moderne et le mariage avec un homme d’une autre ethnie et d’une autre religion rendent l’identité moins importante, mais cette identité nationale ne disparaît pas. Même si l’identité ethnique n’est pas visiblement exprimée, c’est une composante importante de la personnalité de chacun. Sur l'image : Venera, 34 ans, styliste. « J’étais mariée à un homme tatar, mais ça ne s’est pas bien passé ».

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