Ambassadeur de France en Russie Jean-Maurice Ripert.
Tatiana ChramtchenkoEn dépit des divergences, liées notamment à la Crimée, et un contexte international particulièrement tendu, la France et la Russie ont maintenu au cours de l’année 2016 un dialogue politique intense et la coopération se poursuit sur le plan économique et culturel, a déclaré lundi l’ambassadeur de France en Russie Jean-Maurice Ripert lors de la cérémonie des vœux à la presse organisée lundi dans sa résidence à Moscou.
« Le monde est aujourd’hui plus dangereux qu’il ne l’a jamais été depuis la fin du second conflit mondial. Nous faisons face à une montée de la violence, à l’apparition d’un terrorisme aveugle qui s’attaque aux fondements mêmes de nos sociétés modernes et démocratiques », a déclaré l’ambassadeur avant de mentionner que des conflits sanglants continuaient à secouer les Proche et Moyen-Orient, mais aussi des pays des continents africain et européen.
Ce contexte déjà tendu est aggravé par une montée « des populismes et des nationalismes, qui remettent en cause des droits et des libertés parmi les plus fondamentaux » et par l’absence de progrès dans le dialogue multilatéral en matière de désarmement, a-t-il poursuivi.
Compte tenu de la situation, la France, en tant que pays membre permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, continue à déployer ses efforts pour contribuer à la paix et à la sécurité dans le monde. Elle est ainsi « au premier rang (…) de la lutte contre toutes les formes de terrorisme » et face à ce fléau, qui a notamment frappé au cours de ces dernières années la Russie et la France, elle « prend ses responsabilités sur tous les théâtres, y compris sur le plan militaire ».
M. Ripert a rappelé qu’au nom de la stabilisation au Proche-Orient, Paris avait soutenu à l’Onu la résolution portée par la Russie à la suite du cessez-le-feu qu’elle a proposé avec la Turquie. En outre, la France a initié en décembre dernier une conférence internationale sur le processus de paix en Syrie ; en Irak, Paris soutient militairement les efforts visant à libérer Mossoul, ville occupée par les terroristes de Daech.
L’année 2017 marque le 300e anniversaire de la « grande ambassade », la grande visite de Pierre le Grand en France, qui a marqué le début des relations diplomatiques officielles et des échanges scientifiques. Trois siècles plus tard, la Russie reste « un partenaire pour la France, du fait de l’amitié ancienne entre nos deux peuples et des intérêts que nous partageons », a rappelé monsieur l’ambassadeur, citant le président de la République François Hollande.
Et de pointer que ce dialogue, qui est essentiel, ne devait toutefois pas faire de concession sur les intérêts et les principes, a-t-il déclaré, rappelant le rattachement de la Crimée à la Russie et la situation en Ukraine.« Il faut en sortir, par le dialogue et aussi par l’action », a-t-il indiqué avant de rappeler la nécessité d’appliquer les accords de Minsk par toutes les parties. À défaut, la levée des sanctions infligées en 2014 contre la Russie n’est pas possible, a souligné M. Ripert.
« Malgré ces difficultés, la France et la Russie ont maintenu en 2016 un dialogue politique intense. En attestent le rythme des rencontres et des contacts, notamment entre le président Hollande et le Président Poutine », a indiqué son excellence.
Mais les contacts ne se limitent pas au niveau des chefs d’État : de très nombreuses visites ministérielles ont eu lieu depuis novembre 2015. « C’est la moitié du gouvernement français qui est venue à Moscou, dont le ministre des Affaires étrangères, le ministre de la Défense, ainsi bien sûr que le ministre de l’Economie et des Finances à deux reprises ».
Bien que l'économie russe traverse une crise, les entreprises françaises maintiennent leur activité, gagnant des parts de marché et s’imposant en 2014 et 2015 comme le premier investisseur direct étranger en Russie, s’est félicité M. Ripert.
Les deux pays ne s'arrêtent pas là et cherchent à atteindre de nouveaux progrès dans le domaine : « En mars, nous réunirons de nouveau le Conseil économique financier industriel et commercial (CEFIC) au niveau des ministres de l’Economie, et nous recevrons de nouveau ici à Moscou plusieurs délégations parlementaires et régionales de haut niveau », a-t-il fait savoir.
Par ailleurs, les touristes russes, frappés au portefeuille ces dernières années par la crise, reprennent progressivement la route de la France, pays qui reste la première destination touristique mondiale, a constaté M. Ripert.
L'exposition de la collection Chtchoukine à la Fondation Louis Vuitton et le don de quelque 250 œuvres d'art contemporain à Beaubourg illustrent à merveille le fait que les échanges culturels entre les deux pays se poursuivent avec succès.
« Avec ces 250 œuvres (…) Beaubourg est maintenant le plus richement doté des musées d’art contemporain en Europe », a-t-il indiqué, sans oublier de mentionner l'intérêt que le public français avait porté pour l'exposition Chtchoukine, qui a même été prolongée jusqu'en mars suite à un énorme succès auprès du public.
Monsieur l’ambassadeur a en outre mentionné toute une série de manifestations culturelles relatives à la France qui se tenaient en Russie, dont des festivals de cinéma, qui ne manquaient pas de susciter un grand intérêt chez les Russes.
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