L’accord Minsk-2, signé par la Russie, l’Ukraine, la RPD et la RPL le 12 février 2015, prévoyait de nouveau un cessez-le-feu immédiat et un retrait des troupes, qui devaient être suivis d’un règlement politique. L’Ukraine devait mener une réforme constitutionnelle fixant le statut spécial de Donetsk et de Lougansk. Ensuite, les républiques devaient organiser des élections et l’Ukraine devait rétablir le contrôle sur les frontières avec la Russie.La principale différence entre Minsk-1 et Minsk-2 résidait dans leur haut niveau de représentation, soulignent les experts. Le nouvel accord a été élaboré avec la participation des présidents russe, ukrainien et français, ainsi que de la chancelière allemande. Les pays européens et la Russie se sont portés garants du respect des accords, par l’Ukraine et lesterritoires autoproclamés respectivement.
Mikhail Sokolov / TASSAprès le coup d’Etat qui a eu lieu en Ukraine en février 2014, quand les manifestations de l’Euromaïdan ont renversé le président Viktor Ianoukovitch, des troubles ont éclaté dans l’est du pays. Les habitants de l’Ukraine de l’est, historiquement proche de la Russie, craignaient une poussée du nationalisme et une interdiction de la langue russe. Après le rattachement de la Crimée à la Russie, les activistes pro-russes des régions de Donetsk et de Lougansk ont lancé un soulèvement armé, prenant le contrôle de plusieurs villes.
ReutersEn été 2014, une guerre à grande échelle a éclaté dans le sud-est de l’Ukraine entre les forces armées ukrainiennes (VSU) et les insurgés des « républiques populaires » autoproclaméesde Donetsk et de Lougansk (RPD et RPL).C’était une guerre sans merci : les bombardements emportaient les vies des civils et détruisaient l’infrastructure du Donbass, région naguère riche et centre de l’industrie du charbon, ainsi que de la métallurgie ferreuse et non ferreuse.
Valeriy Melnikov / RIA NovostiL’offensive de la RPD et de la RPL en août 2015 a contraint l’Ukraine d’opter pour un règlement diplomatique. Le 5 septembre 2014, les représentants de la Russie, de l’Ukraine, de la RPD et de la RPL et les observateurs de l’OSCE ont signé, dans la capitale biélorusse, le protocole de Minsk (Minsk-1). Selon les termes de l’accord, les parties s’engageaient à cesser les combats et à organiser un échange de prisonniers.
Gennady Zhinkov / TASSPour sa part, l’Ukraine a promis de mener une décentralisation du pouvoir en adoptant une loi « sur le statut spécial » des oblasts de Donetsk et de Lougansk, contrôlés par les insurgés.
Valeriy Melnikov / RIA NovostiEn janvier 2016, les hostilités à grande échelle ont repris. Le directeur adjoint de l’Institut des pays de la CEI Vladimir Evseïev estime que l’effet lié à des attentes trop élevées a joué son rôle : après une accalmie relative, les militaires ukrainiens, qui avaient repris des forces, ont décidé de nettoyer complètement le Donbass. Les insurgés, au contraire, espéraient élargir leur territoire.« Au final, après de nouveaux affrontements et des centaines de victimes, les parties ont fini par comprendre que ni l’une ni l’autre ne disposait de forces suffisantes pour accomplir de tels objectifs », explique Evseïev. Après l’échec de l’offensive de l’armée et l’encerclement des unités ukrainiennes près de Debaltsevo, l’Ukraine s’est de nouveau tournée vers la diplomatie.
ReutersMinsk-1 n’a pas apporté la paix dans le Donbass : tout au long de l’automne 2014, aucune des parties n’a complètement cessé les hostilités. Les affrontements et les bombardements des agglomérations ont continué. Néanmoins, l’intensité des pilonnages a baissé pendant cette période. Des convois humanitaires, notamment en provenance de Russie, ont été organisés dans les territoires autoproclamés.
ReutersPourtant, le processus de paix a continué à patiner, même après Minsk-2. Les élections en RPD et en RPL, annoncées initialement pour l’automne 2015, n’ont toujours pas eu lieu. Les représentants ukrainiens affirment que la société n’y est toujours pas prête. « Pour le moment, l’Ukraine n’affiche pas de volonté politique de négocier avec Donetsk et Lougansk », estime Evgueni Mintchenko, directeur de l’Institut international d’expertise politique.Quant aux hostilités, Mintchenko estime que suite à Minsk-2, une situation étrange « ni paix, ni guerre » s’est mise en place : aucune opération militaire à grande échelle n’est menée, mais les périodes d’accalmie sont ponctuées d’escalades.Vladimir Evseïev partage cet avis et souligne que, fin août 2016, le régime de cessez-le-feu a été violé 300-350 fois par jour en moyenne. Selon le reportage estival de Novaïa Gazeta depuis la ligne de démarcation des troupes, la trêve est régulièrement violée par les deux parties et le nombre de victimes est toujours en hausse des deux côtés. Pour les experts, la situation pourrait de nouveau se dégrader et dégénérer en guerre.
ReutersNéanmoins, le « groupe de Normandie » et le groupe de contact pour le règlement de la situation dans l’est de l’Ukraine (qui comprend la Russie, l’Ukraine, la RPD et la RPL) poursuivent leurs efforts de sortie de crise dans le Donbass. Un nouveau cessez-le-feu a pris effet le 1er septembre 2016, après un accord atteint à Minsk par les membres du groupe de contact. Il est impossible à ce stade de dire si celui-ci s’avérera solide.Les experts estiment que le règlement du conflit dans le Donbass est impossible sans la participation des Etats-Unis, principal allié de l’Ukraine. « Les Américains sont les seuls à disposer de leviers d’influence importants sur l’Ukraine aujourd’hui », explique Evgueni Mintchenko. Vladimir Evseïev souligne qu’en fin de mandat, l’administration d’Obama se concentre sur la Syrie et a peu de chances de prendre une position active sur l’Ukraine. Ainsi, le destin du processus de Minsk sera sans doute largement décidé par la politique du prochain président américain.
ReutersDans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
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