Le ministère russe des Finances propose de prélever quelque 300 milliards de roubles (plus de 4,2 milliards d’euros) sur le secteur du pétrole et du gaz en qualité d’impôts supplémentaires. Ces ressources doivent permettre de combler partiellement le déficit budgétaire, annonce le quotidien économique Kommersant. « L’affaiblissement du rouble a placé les exportateurs dans des conditions favorables par rapport aux autres sociétés du pays. En examinant la question de la majoration des taxes et des impôts, le gouvernement s’est tourné en premier lieu vers ce secteur », a expliqué l’analyste de la société d’investissement Premier, Maxime Kostrov. Le ministère avait proposé initialement de réclamer aux acteurs du secteur une somme beaucoup plus importante – 600 milliards de roubles (environ 8,5 milliards d’euros) –, avant d’assouplir sa position.
Raisons principales
Nombreux sont les économistes qui s’élèvent contre l’idée du ministère des Finances. Guerman Gref, directeur de la plus grande banque du pays, Sberbank, est vivement opposé dans le cadre du Forum international d’investissement à Sotchi, le 1er octobre dernier. Selon lui, l’augmentation des taxes sur les sociétés pétrolières aura un impact négatif sur leurs indices économiques, car elles versent d’ores et déjà au budget plus de 70% d’impôts sur chaque dollar gagné. L’ex-ministre du Développement économique estime que l’Etat devrait plutôt encourager l’industrie à développer d’autres secteurs d’activités, comme, par exemple, la pétrochimie.
Alexandre Dioukov, directeur de la société Gazprom neft, a fait remarquer pour sa part que les sociétés pétrolières russes s’étaient retirées dès les années 2000 des industries connexes, mais qu’elles étaient prêtes à l’avenir à développer des projets chimiques. « L’économie réelle a besoin du soutien de l’Etat et non de l’augmentation de la pression à leur encontre. Ainsi, la décision sur la majoration des taxes et des impôts, même si elle est adoptée, devra être bien pesée », a souligné Maxime Kostrov.
Alternatives
Comme solution de remplacement, Maxime Kostrov cite les emprunts sur les marchés intérieur et extérieur et le recours aux réserves accumulées par le passé, ce qui pourrait réduire temporairement la charge pesant sur les monde des affaires. Sergueï Glaziev, conseiller en économie du président russe Vladimir Poutine, avait appelé au Forum de Sotchi à accroître le poids de la dette.
« Il est difficile aujourd’hui d’augmenter les emprunts : les investisseurs exigeront un taux d’intérêt élevé, tandis que l’accroissement du niveau d’endettement risque de déboucher sur une révision de la note de crédit », commente Gueorgui Vachtchenko, de la société d’investissement Freedom Finance.
Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, a déclaré le 7 octobre dernier lors d’une réunion consacrée budget que les autorités ne devaient pas « sombrer dans le populisme » et « déséquilibrer les acquis des quinze dernières années ». Selon lui, les grands objectifs de l’Etat sont le développement des infrastructures, le soutien de l’agriculture et la substitution des importations, a annoncé l’agence RIA Novosti. Le déficit budgétaire constituera l’année prochaine environ 2,8% du PIB, a ajouté Dmitri Medvedev.
Le nouveau budget prévoit de comprimer presque toutes les dépenses. A titre d’exemple, les dépenses dans l’enseignement seront réduites de 15,9%, dans la santé publique – de 9,1%. Toutefois, les ressources destinées à la politique sociale, avant tout au soutien des couches les plus démunies, augmenteront de 5,3%. Ainsi, d’ici 2018, les salaires des employés des services sociaux, des infirmières et des professeurs d’école doivent atteindre au moins la moyenne régionale, tandis que ceux des médecins, enseignants d’établissement supérieur et scientifiques doivent constituer le double de cette moyenne. Qui plus est, les dépenses allouées au secteur de la défense restent pratiquement inchangées.
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