Crédit : Matthew Traver
Les Jeux des peuples d'Eurasie sont un festival ethnoculturel au cours duquel les hommes se mesurent les uns aux autres par la force et l’habileté, tandis que les femmes se départagent en fonction de leur beauté. Il a lieu une fois tous les deux ans à un endroit sélectionné il y a de cela déjà plusieurs siècles : les montagnes sacrées de Iokhè Iord et Baga Iord, à 8 kilomètres du village d'Ielantsy, dans l'oblast d'Irkoutsk.
Autrefois, les vainqueurs de ces compétitions se voyaient récompensés par du bétail ou un mariage avec la plus jolie jeune fille. Isabelle, une voyageuse française, admet avoir assisté avec admiration à la lutte traditionnelle des participants bouriates : « Je connaissais les Jeux olympiques, mais ici j'ai découvert des disciplines sportives qui m'étaient jusqu'alors inconnues ! ».
Au-delà des manifestations sportives, l'événement principal de cette fête est l'Iokhor, une danse cérémonielle des peuples eurasiatiques qui forment alors une ronde autour de la montagne sacrée. Pour en faire le tour complet, il faut 700 personnes. Mais jamais on n'a manqué de volontaires désirant danser jusqu'au petit matin en tenant la main d'une foule d'inconnus : par exemple lors de l'édition 2015, trois rondes de 5 000 convives se sont rassemblées.
Crédit : Matthew Traver
Isabelle confie qu'« il n'est pas si facile de venir ici, et on n'y trouve pas le confort auquel sont habitués les touristes étrangers. Mais pour moi ce voyage s'est, contre toute attente, avéré très agréable. Ce fut pour moi une découverte que de constater qu'en Sibérie vivent tant d'ethnies différentes, et que chacune possède quelque-chose d'unique, que l'on ne retrouve pas en Europe ».
Quand : Du 15 au 18 juin 2017
Où : Le village d'Ielantsy, oblast d'Irkoutsk.
Crédit : Mikhail Maklakov
Nous sommes sur la piste reliant Krasnoïarsk à Chouchenskoïe. À travers la vitre du bus, les plaines laissent place à des montagnes recouvertes de forêts qui ne tardent pas, elles aussi, à disparaître au profit des douces courbes des collines et de la steppe parsemée d'antiques kourganes (tumulus funéraire).
Matthew Traver, voyageur de l'extrême, photographe et cameraman londonien, fait route depuis déjà deux jours et demi. Son périple a commencé au point le plus élevé de Sibérie, la montagne Béloukha, et prendra fin dans le lointain village de Chouchenskoïe, dans le kraï de Krasnoïarsk, où il assistera au festival de musique ethnique et d'artisanat « Le monde de la Sibérie ».
Crédit : Mikhail Maklakov
Les festivaliers peuvent faire une halte dans d'anciennes isbas paysannes du parc naturel-historique du « Nouveau village » ou dans le camp d'été pour enfants, où ils auront la possibilité de dormir sur des lits dotés de sommiers à ressorts et de déguster de la kacha de riz au petit déjeuner, un goût qui les replongera immanquablement dans l'enfance soviétique. Le camping constitue une autre option possible qui conviendra parfaitement aux routards. Là-bas les attendent forêt, moustiques, et veillées autour du feu. C'est justement cette dernière option qu'a choisie Matthew.
Au « Monde de la Sibérie » les costumes traditionnels sont portés non seulement par les artistes et artisans, mais aussi par les visiteurs eux-mêmes « … Au cours de mes 30 années de vie et de voyages, je n'ai jamais vu une telle diversité de cultures, de nations et de costumes ethniques », assure Matthew en partageant ses impressions. Selon lui, en un jour, il a vu des costumes traditionnels et entendu le son d'instruments venus de Biélorussie, d'Ukraine, du Touva, de Bouriatie, de Iakoutie, de Tchoukotka, du Tatarstan, de Tchétchénie, de Kalmoukie, de Moldavie, de l'Altaï, de Nénétsie et de bien d'autres contrées.
Quand : Du 7 au 9 juillet 2017
Où : Le village de Chouchenskoïe, kraï de Krasnoïarsk.
Crédit : TASS/Alexandra Mudrats
Des milliers de personnes envahissant une clairière de Sagaï, à 95 kilomètres d'Abakan, capitale de la République de Khakassie. Des musiciens jouent des instruments traditionnels, font des démonstrations de chant guttural et interprètent des chansons dans leur langue natale. C'est ainsi que commence Toun Païram, la fête khakasse du premier aïran.
L'aïran est une boisson à base de lait caillé qui fait partie de la ration obligatoire des éleveurs de bétail. On le prépare dès la fin juin, lorsque l'herbe commence à verdir et qu'on récolte le premier lait. Le premier aïran symbolise le début de la saison d'abondance pour les nomades, c'est pourquoi c'est en grande pompe qu'ils le célèbrent : avec des rites, des jeux traditionnels, des compétitions, des chansons et des danses.
Crédit : TASS/Alexandra Mudrats
Pas surprenant alors que l'apogée de la fête soit le concours d'aïran. Après l'avoir fait chauffer, les femmes le servent aux visiteurs pour que ceux-ci découvrent les nuances des saveurs de ce breuvage. Mais avant de le boire, les Khakasses lui adressent des takhpakhi, des chants de louanges.
Selon Günther Kreuzer, un touriste autrichien, ce festival est particulièrement attractif par le fait qu'on peut s'y délecter de la contemplation des paysages inégalables de Khakassie. « En admirant ces paysages sibériens aux horizons sans fin et dépourvus de toute trace de civilisation, tes propres horizons s'élargissent immédiatement », décrit-il.
Crédit : TASS/Alexandra Mudrats
Outre le chant hypnotisant des habitants et l'aïran frais et encore mousseux, qui sauve d'ailleurs les festivaliers de la chaleur de cette étendue ardente, les invités peuvent se familiariser de plus près avec la cuisine khakasse. « C'est la première fois de ma vie que j'apprécie la viande de mouton, je l'ai goûtée dans une soupe traditionnelle khakasse qui était servie au festival », raconte Günther. En plus du bouillon de mouton, nommé « mioun », et de la soupe d'orge mondé, « tcharna ougreï », les visiteurs auront l'occasion de déguster le « potkha », un plat à base de crème fraîche bouillante, de farine et d’œuf.
Quand : Les 1er et 2 juillet 2017
Où : Clairière de Sagaï, près de la ville d'Abakan, République de Khakassie.
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