Source : service de presse
La maison aux fresques
« En fait, notre musée n’est pas vraiment enregistré comme tel. Selon les documents officiels, cette maison et le territoire qui l’entoure font partie de ma propriété, explique Ioulia. Ici, tout est gratuit. Les visiteurs ne doivent pas considérer la Maison comme un espace muséal. Ils viennent nous rencontrer, suivent des stages, nous aident - voilà ce dont les gens qui viennent ici ont besoin. Car ce n’est pas vraiment important de savoir si notre activité est officiellement déclarée en tant que musée ou non. »
La Maison au Lion a été mentionnée pour la première en 2009. C’est un groupe d’étudiants de l’Université d’Etat de Saratov qui, au cours d’une expédition sur le folklore russe, est tombé par hasard sur le village de Popovka et son Musée. La petite maison paysanne aux fresques intérieures a immédiatement charmé les jeunes étudiants: les murs, les plafonds et les sols sont recouverts de peintures représentant un lion souriant, le visage de Saint Georges, un paysan entouré de ses oies. Les photographies prises par le groupe ont permis à des chercheurs en histoire de l’art d’en conclure à une découverte unique. Très vite, la presse s’est emparée du sujet, et les reportages sur la petite maison de charme ont inondé la télévision russe. Ioulia Terekhova, critique d’art, restauratrice d’oeuvre d’art et experte en culturologie est tombée sur l’un de ces articles. En 2010, en découvrant la maison de ses propres yeux, elle décide de l’acheter et de l’ouvrir comme art-objet aux passants. D’autant que les propriétaires ont un destin tout tracé pour cette maison : sa destruction. La situation est donc critique : il faut sauver ce monument culturel d’exception. Selon Ioulia, la somme exigée par les propriétaires, environ 2 500 euros, était tout à fait concevable et avec l’aide de quelques amis, elle fut rapidement trouvée. C’est ainsi qu’en 2011, le musée de la Maison au Lion a vu le jour. « Au départ, l’idée était de transformer cette maison en musée à ciel ouvert. Mais cela aurait sans doute mené à la détérioration des peintures. En plus, j’ai compris petit à petit que, comme n’importe quel monument, la Maison au Lion devait être considéré dans le contexte de son environnement culturel d’origine. Il a donc finalement été décidé de la conserver telle quelle », raconte la directrice du projet.
Le pèlerinage du lion
Crédit photos : service de presse
Aujourd’hui, la Maison au Lion est devenue un lieu de pèlerinage. On s’y rend depuis les quatre coins de la Russie. Selon Ioulia, les visiteurs ont la possibilité non seulement d’admirer une oeuvre de la peinture monumentale et d’entrer dans un univers culturel unique, mais aussi de devenir le créateur de son propre espace socio-culturel.
Depuis 2011, le musée organise des camps de vacance volontaires qui réunissent des bénévoles venus de Moscou, Saint-Pétersbourg, Saratov et de nombreuses autres villes de Russie. Leur rôle? Aider à différents travaux d’entretien du musée et de la propriété, participer à des évènements, conférences et activités festives.
« En tant que restauratrice d’oeuvre d’art, je réalise que cette maison doit être entretenue uniquement par des professionnels. C’est pourquoi, avec les bénévoles, nous ne nous occupons que des petits travaux, précise Ioulia. Aujourd’hui, nous avons déjà organisé une dizaine d’édition de camps de volontariat avec au total plus de 200 participants. Et nous avons bien l’intention de continuer cette initiative. Il est intéressant de noter que pour les bénévoles de la région de Saratov, il s’agit en quelque sorte d’une contribution qui vise à préserver la culture de leur région, alors que pour les Pétersbourgeois et les Moscovites, c’est plus l’expression d’une position citoyenne ».
La Maison au Lion consacre également une grande partie de son travail à l’organisation de stages pour les enfants des orphelinats. L’un des derniers évènements en date a été l’organisation de « Photo Pleinair ’» avec la rencontre entre jeunes de la Maison d’enfants orphelins de Saratov et photographes professionnels. « Tous les psychologues professionnels peuvent le confirmer : une simple visite dans un foyer n’apportera pas aux enfants ce sentiment de confiance en soi, de contribuer à un processus important. Au cours des stages, nous ne leur apprenons pas seulement quelque chose de nouveau, nous leur proposons de créer de leurs propres mains quelque chose qui sera utile au musée et aidera à recueillir des fonds pour son entretien », assure Ioulia.
Les bénévoles, comme les visiteurs de la Maison au Lion sont particulièrement attachés à l’idée d’une participation citoyenne dans le but de créer un environnement culturel d’envergure. Selon Ioulia, tous ceux qui viennent ici ont la possibilité de créer leur propre évènement. Seule condition, la portée sociale et l’intérêt qu’il peut apporter aux gens. « Aujourd’hui, je vois la Maison au Lion comme un espace où chaque personne qui le souhaite peut concrétiser une idée en organisant un évènement. L’important, c’est qu’il intéresse les habitants de la région, souligne-t-elle. Récemment, une personne est venue me voir pour proposer un atelier sur l’aménagement paysager. Cela correspond tout à fait à notre état d’esprit ».
La réalisation de projets modernes exige des financements, et les campagnes et concours organisés pour récolter des fonds jouent un rôle fondamental dans la vie du musée. Le guide audio unique qui a été inclus au programme de la visite a été conçu grâce aux fonds réunis dans le cadre du concours « Mutation des musées dans un monde en mutation » de la Fondation Vladimir Potanine. Récemment, la Maison au Lieu a reçu des subventions de la Fondation Timtchenko. L’argent servira à la construction d’un centre culturel.
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