Avant-poste à la frontière de l’ancienne Russie

Crédit photo : Lori / Legion media

Crédit photo : Lori / Legion media

Il y a une ville, à quatre cent kilomètres de Moscou, où la vie est arrêtée depuis que le premier prix Nobel russe de littérature, Ivan Bounine, y étudia et écrivit ses premières œuvres. La ville est toujours divisée non en arrondissements mais en slobodas (faubourgs). La sucrerie, la tannerie, la distillerie, la manufacture de tabac sont tous centenaires. Il n’y a pas d’infrastructure touristique moderne. Ici, les TGV ne s’arrêtent pas. Mais chaque poignée de porte, chaque maison, chaque rue sont encore identiques à ce qu’elles étaient à la fin du 19e siècle.

Ielets, oblast de Lipetsk

Le nombre de monuments à Ielets est non seulement important mais inimaginable, compte tenue de sa faible superficie : une surface de quelque 65 km2 concentre 226 objets de patrimoine culturel, notamment 90 monuments d’importance régionale et fédérale.

La partie historique de la ville a conservé non seulement des monuments, mais tout l’agencement de la vielle ville. Le nombre exact de ses églises est inconnu, mais Ielets est appelée la ville des trois cent trente églises.

Inutile de désigner la principale cathédrale d’Ielets, c’est la cathédrale de l’Ascension réalisée dans le style russo-byzantin, la troisième en taille en Russie : 74 mètres de hauteur, la croix comprise.

Si vous avez eu l’occasion de visiter Moscou, vous y verrez facilement des traits de la cathédrale du Christ-Sauveur ou du Palais des Armures. Les trois furent conçus par le même architecte, Constantin Thon. Les financements pour la construction de la cathédrale de l’Ascension furent récoltés à travers les plus riches villes russes, 75 ans durant.

Frontière de la civilisation russe

La vallée de la rivière Sosna qui s’ouvre au regard à proximité de la cathédrale de l’Ascension, était considérée comme la fin de la Russie au 14e siècle. Au-delà, commençait le « Champ sauvage », le domaine des nomades.

Tous ceux qui, carquois pleins de flèches, lançaient des raids sur Moscou et Tver - les Polovets, les Mongols, les Tatars de Crimée - brulaient Ielets en tout premier lieu. Aussi, au cours de sa longue histoire, Ielets fut presqu’entièrement reconstruite à plusieurs reprises.

Derrière la cathédrale de l’Ascension se cache la Place Rouge. Un peu plus loin, la tour du Sauveur avec ses horloges à carillon. Toutes les heures, les horloges résonnent dans la ville.

Les deux rues principales du centre historique sont la rue de la Paix (anciennement rue du Commerce), piétonne, et la rue Communards. La première a plus de 400 ans ; aujourd’hui, c’est l’Arbat d’Ielets, la partie centrale est interdite aux voitures et rendue aux piétons.

Si vous êtes fatigués par la promenade, vous pouvez vous balader en carrosse. La rue de la Paix abrite d’anciens hôtels particuliers et des maisons-boutiques des marchands, avec quelques bâtiments modernes par ci par là.

Déjeuner et dîner

Pour un petit-déjeuner copieux (6 $ environ), rendez-vous au café Jem (rue Sverdlova, 17), à proximité du centre de la ville. Vous pourrez y déguster des vareniks (oreillettes) aux pommes de terre ou aux cerises selon une recette originale, l’un des plats préférés des locaux. C’est, d’ailleurs, le seul lieu de la ville qui propose le Wi-Fi.

Ielets ne compte que deux restaurants (Olien, rue Sverdlova, et Ielets, rue des Communards), mais vous pouvez bien manger dans les deux pour 9 $. Les week-ends, ils sont toujours pleins. Mais vous pourrez toujours trouver une table libre. Il faut absolument gouter l’okrochka de Ielets, préparée avec du kvas blanc de seigle.

D’ailleurs, Ielets est l’une des rares villes russes où vous trouverez du kvas blanc de seigle. La recette est tellement complexe que seuls quelques rares autochtones la connaissent. En apéritif, on vous proposera la liqueur de raifort fabriquée par la distillerie locale. Sa particularité est l’absence de gueule de bois le lendemain.

Avec le thé, prenez de la guimauve de pommes Antonov. On pense que sa recette revient à la grand-mère de Bounine.

Must-See

L’une des industries traditionnelles de la ville est également la fabrication de la bière : en 1875, une brasserie a ouvert ses portes rue Liteiny, à proximité du pont Konniy. L’été, à côté de la brasserie, le long de la rivière Sosna, les locaux prennent des tables avec vue sur l’eau et sur la partie ouest de la ville, dégustent différentes sortes de bière accompagnées de hors d’œuvres tel le silure fumé.

L’ambiance est démocratique mais très civilisée et calme ; souvent, on y voit des enfants.

Les visites guidées du musée régional sont la carte de visite de la ville. Outre les objets du 19e siècle, le musée abrite des trouvailles de l’époque de la Seconde Guerre Mondiale, comme les bouteilles remplies d’un mélange de gaz qui servaient à détruire les tanks nazis.

Crédit photo : Lori / Legion media

Un autre must-see est la réserve naturelle « Les montagnes Vorgols ». Les montagnes Vorgols sont inscrites dans le livre de records Guiness en tant que la plus petite réserve naturelle au monde. Un trajet aller-retour en taxi jusqu’à la réserve vous coûtera environ 20 $.

La réserve garde l’ancienne demeure du marchand local Ivan Taldikine. Outre la maison, les fontaines en ruine et le lac aux cygnes, elle abrite un vieux moulin, bâti en 1867.

Ivan Bounine

Il y a trois monuments en l’honneur de Bounine à Ielets : l’école №1, un ancien lycée qu’il fréquenta (121, rue Sovetskaia). L’école accueille une exposition permanente dédiée à l’écrivain. Les deux autres monuments sont la statue de Bounine désinvolte située dans le square rue Sverdlov ainsi que la statue de Bounine lycéen dans le parc central.

Le parc garde, par ailleurs, une fontaine datant de l’époque de Bounine lycéen. La nature d’Ielets ainsi que la vie locale représentaient, pour Bounine, la quintessence nostalgique de la vie russe.

Souvenirs

Ielets est célèbre pour sa dentelle. La tradition locale de tressage sur fuseaux, au fil de coton blanc ou au fil de lin, est vieille d’un siècle et demi. Avant la révolution, 40 000 femmes tressaient la dentelle qui était ensuite commercialisée. A l’époque, la teinture était naturelle : la bleue avec des bleuets, la jaune avec des adonis. Une nappe d’une taille moyenne fabriquée à la main à Ielets coûte 205,5 euros.

Comment s’y rendre

Depuis Moscou, un train vous amène à Ielets en 8 heures (36 $). Les trains partent des gares Kourskiy ou Paveletskiy.

Hébergement

Ielets ne compte que quatre hôtels. Le meilleur d’entre eux est le Lada (rue Sovetskaya, 67). Un service payant de taxi est mis à votre disposition par l’hôtel. Une chambre double vous coutera 45 euros. Les autres hôtels de la ville, comme Parnas (rue Lermontova, 13A) ou Ielets (rue Kommounarov, 14), sont plus chers, mais moins confortables. 

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies