Des scientifiques sibériens créent le «Livre noir» des végétaux-agresseurs

Les plantes invasives, qui se sont propagées grâce à l’activité humaine, menacent la diversité biologique de la Sibérie.

Les plantes invasives, qui se sont propagées grâce à l’activité humaine, menacent la diversité biologique de la Sibérie.

Lori/Legion-Media
​Des botanistes russes ont annoncé que l’érable américain, caractéristique de l’Amérique du Nord, et d’autres « espèces d’occupation » importées en Sibérie détruisaient l’écosystème de la région.

Un groupe de chercheurs sibériens a rédigé un Livre noir de la flore de la Sibérie. Celui-ci comprend 58 espèces importées qui menacent l’environnement, la faune et l’homme dans cette région au climat particulièrement difficile. La rédaction de cette « liste noire » de végétaux-agresseurs a duré trois ans.

Les survivants en Sibérie

Les espèces allogènes s’adaptent difficilement au rude climat de la Sibérie. Pourtant, les plantes étrangères qui parviennent à s’y adapter causent beaucoup de problèmes aux espèces domestiques et les supplantent dans la région.

25 chercheurs en biologie inquiets se sont penchés sur ce problème et ont identifié 146 espèces de plantes étrangères. Le Livre noir recense les 58 espèces les plus agressives.

« Les plantes invasives, qui se sont propagées grâce à l’activité humaine, menacent la diversité biologique de la Sibérie, explique Marina Silantieva, co-auteure du livre et doyenne de la faculté de biologie de l’université de l’Altaï. Par exemple, les groupes de Cyclachaena xanthiifolia et de vipérine commune transforment les pâturages pour bétail en prés pratiquement impropres au pacage », souligne la biologiste.

Ils sont également infectieux

Les chercheurs précisent que certaines espèces amènent des maladies parasitaires et infectieuses dangereuses pour les autres plantes. Ainsi, certains champignons provoquent la rouille du blé. « Certaines plantes pollinisées par le vent, comme l’Ambroisie à feuilles d'armoise ou la Cyclachaena xanthiifolia, provoquent des allergies. La berce de Sosnowski provoque des maladies cutanées chez la population locale », souligne Marina Silantieva.

D’autres plantes évincent les cultures forestières indigènes après l’abattage. C’est, par exemple, le cas de l’érable américain. Les chercheurs précisent que, comme bien d’autres plantes, il a été importé en Sibérie d’Amérique du Nord au début du XXIe siècle. L’érable américain s’est ensuite répandu dans les années 1960. Il était alors utilisé pour la création de ceintures forestières. Cependant, la « mauvaise herbe ligneuse » a rapidement commencé à se propager de manière autonome.

Dans les endroits où l’érable a été introduit les espèces indigènes ont disparu. Dans certains cas, des parcelles « mortes » totalement dépourvues de couverture végétale se sont formées.

Processus historique

Les chercheurs précisent qu’autrefois, des espèces de plantes étrangères avaient déjà pénétré sur le territoire sibérien. De nombreuses espèces de graines, atypiques de la flore de la région, ont été découvertes dans d’anciens dépôts.

L’environnement de la région a même beaucoup changé au début du XVIIe siècle à cause de la colonisation agraire de la Sibérie. Le volume des surfaces arables a crû rapidement et de nouvelles espèces, étrangères à cette région, s’y sont implantées. Au milieu du XXe siècle, 10 millions d’hectares ont été labourés et ensemencés.

« La dernière étape de peuplement par les espèces allogènes se déroule à l’heure actuelle. Elle est favorisée par la mondialisation du fret et par la circulation des différentes cultures. La naturalisation des espèces allogènes est également favorisée par le réchauffement climatique. Les contraintes météorologiques qui s’appliquaient aux plantes thermophiles ont disparu », nous observe encore Marina Silantieva.

Les auteurs espèrent que ce Livre noir de la flore de la Sibérie stimulera les programmes d’étude des espèces invasives et aidera à prévenir les dommages économiques et écologiques. Contrairement au Livres rouges, les livres noirs ne disposent d’aucune force juridique. Cependant, les chercheurs ne doutent pas de l’utilité de leur publication. Ils expliquent que le nouveau livre de plantes « interdites » n’est pas uniquement un répertoire d’information, mais également un recueil de conseils de lutte contre les plantes envahissantes. 

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