Une percée russe dans la compréhension du diabète

Panthermedia / Vostock-photo
Le traitement et la prévention du diabète dépendent de la prédisposition génétique des patients pour l’activité intellectuelle ou physique.

Le diabète de type 2, insulino-dépendant, peut être guéri par une bonne régulation de l’activité physique ou intellectuelle, en ciblant celle à laquelle le patient est prédisposé génétiquement. Telle est la conclusion de biologistes russes après une étude portant sur 103 patients atteints de diabète de type 2, insulino-dépendants, et sur 60 volontaires sains.

« Il existe des gènes qui favorisent l’activité cérébrale », explique Dmitri Davydov, co-auteur de l’étude et responsable de recherche à l’Institut de pathologie générale et de pathophysiologie auprès de l’Académie russe des sciences médicales. « Ce n’est pas forcément lié à l’intelligence, simplement, ces personnes dépensent moins d’énergie pour réfléchir et il existe des gènes qui y contribuent. Dans ce cas, le cerveau est le principal consommateur de glucose ».

M. Davydov explique que même si le patient insiste sur l’activité physique, comme conseillé pour la prévention et le traitement de la maladie, cela ne lui sera pas bénéfique, car il a davantage besoin de « charges intellectuelles ».

Un cerveau inactif perd du glucose

Lorsqu’un cerveau génétiquement « enclin » à une activité plus importante est inactif, la consommation de glucose diminue. Les tissus accumulent alors de l’hémoglobine glyquée – indicateur montrant le niveau de sucre dans le sang. De la même manière, si les personnes prédisposées à une grande activité physique ne font pas de sport, leur muscles ne recyclent pas le glucose. Ainsi, le niveau de glucose dans le sang augmente. Si les muscles peuvent se reposer, le cerveau a quant à lui besoin d’un apport continu et stable en glucose, car il ne cesse de fonctionner, même pendant le sommeil.

Un mauvais choix de métier ou un changement de ville peut également conduire au diabète de type 2. En outre, les conséquences pour les patients génétiquement « intelligents » et « actifs » ne seront pas les mêmes. En cas d’insuffisance d’activité cérébrale, le diabète de type 2 peut provoquer schizophrénie, maladie d’Alzheimer ou athérosclérose. En cas d’insuffisance d’activité physique, des maladies du système cardio-vasculaire, de l’estomac, du foie ou des poumons sont à craindre.

Les chercheurs conseillent un changement d’environnement ou de profession pour la prévention du diabète. Autre possibilité – compenser l’absence de l’une ou l’autre activité à l’aide de la médecine. Il est possible de créer artificiellement des connexions moléculaires qui réduisent l’activité des gènes et conduiront à la reprogrammation des processus physiologiques.

Diagnostic pour les « intellos » et les « sportifs »

Les méthodes de diagnostic chez ces deux groupes de patients sont différentes, précisent les chercheurs. Ainsi, chez les « intellos », il faut mesurer le taux d’hémoglobine glyquée, c’est-à-dire de glucose dans les tissus, alors que chez les « sportifs », il faut mesurer le taux de glucose dans le sang, prélevé à jeun.

Pour le moment, le choix de la méthode dépend du niveau de développement économique de tel ou tel pays. La première, plus onéreuse, est jugée plus précise et est utilisée, par exemple, en Europe. Dans les pays d’Afrique, le diabète est dépisté par mesure du glucose réalisée à jeun. Les chercheurs russes assurent qu’en se fondant sur des indicateurs économiques, les deux groupes de pays se privent de la possibilité d’une évaluation objective de la maladie.

« Le diabète ne peut pas être évalué en fonction du niveau de glucose dans le sang ou dans les tissus. Ce sont des troubles secondaires, le résultat final de processus physiologiques. Il est plus juste d’étudier le métabolisme du glucose dans l’organisme, mais ce type d’analyse n’existe pas encore dans la médecine », explique Dmitri Davydov. « Les mêmes processus physiologiques peuvent augmenter ou réduire le taux de glucose dans l’organisme. Par exemple, chez les sportifs parfaitement sains, il peut évoluer en fonction de leurs entraînements ».

Le poids de la génétique

Cela signifie-t-il qu’il est possible de prévenir le diabète en découvrant quel type de gènes vous possédez ? « La présence de certains gènes ne prouve rien à elle seule. Cela ne veut pas forcément dire que vous avez une prédisposition », précise Dmitri Davydov. « Les gènes peuvent avoir un rôle actif, mais ils peuvent aussi être à moitié actifs ou rester silencieux toute votre vie, car ils ne produisent pas de protéine – il n’y a pas de chaîne qui conduit à la synthèse de certaines molécules ».

L’étude des chercheurs russes a été publiée par la revue EndocrineConnections, publication officielle de la Société européenne d’endocrinologie. Elle a porté sur 103 patients atteints de diabète de type 2 et sur 60 volontaires sains. Parmi eux figuraient des personnes dont les gènes liés à l’activité intellectuelle et physique travaillaient avec la même intensité.

Actuellement, la procédure d’évaluation de la prédisposition pour les différentes formes de diabète est menée à bien par les chercheurs au sein de la clinique moscovite GLMED, qui finance les recherches. 

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