Source : spaceresources.public.lu
Récemment, le gouvernement luxembourgeois a lancé l’ambitieux projet Space Resources. Il s’agit d’extraire des métaux rares sur les objets circumterrestres qui se trouvent au-delà de la Lune, mais avant Mars. Par ailleurs, les autorités du Grand-Duché ont indiqué que les compagnies américaines Deep Space Industries et Planetary Resources pourraient rejoindre ce projet.
Le 19 février, lors de sa rencontre avec le vice-Premier ministre russe Dmitri Rogozine, Étienne Schneider, vice-Premier ministre et ministre de l’Économie du Luxembourg, lui a également proposé de réfléchir à une exploitation des astéroïdes. « Un jour, les métaux précieux s’épuiseront même en Russie et il faudra les chercher ailleurs », a-t-il averti. Selon M. Schneider, le Luxembourg espére pouvoir compter sur les technologies d’exploration spatiale russes.
Les États-Unis ont adopté une loi sur l’utilisation commerciale des minéraux venant des astéroïdes et de la Lune. Jean-Jacques Dordain, patron de l’agence spatiale européenne a, pour sa part, déclaré que les technologies nécessaires à leur exploitation existaient déjà. « Nous savons comment rejoindre les astéroïdes, comment mener des opérations de forage et comment ramener les échantillons sur la Terre », a-t-il précisé. Le coût exact de ce type de travaux n’est pas encore défini, mais Jean-Jacques Dordain estime que la création d’une telle industrie pourrait nécessiter des dizaines de milliards d’euros.
Les représentants de l’industrie spatiale russe sont, pour le moment, prudents quant à l’idée d’exploiter les métaux des astéroïdes. M. Rogozine a répondu à la proposition de M. Schneider par une plaisanterie : « Les métallurgistes de Tcheliabinsk étaient de braves gars et ils s’approvisionnaient déjà directement sur les astéroïdes depuis longtemps », allusion à la météorite tombée à Tcheliabinsk en 2013.
De tels projets existent déjà depuis longtemps, mais pour le directeur de l’Agence spatiale russe (Roskosmos), Igor Komarov, ils ne visent que le très long terme : « La question de l’exploitation minière des astéroïdes a une grande résonance publique et nous en discutons avec les principales agences spatiales du monde », a-t-il déclaré avant de poursuivre : « Je pense que nous passerons au stade d’études concrètes d’ici cinq ans ».
Fin mars, Roskosmos a présenté les grandes lignes du nouveau programme spatial russe pour la période 2016 – 2025, dont la priorité consiste pour M. Komarov à étudier l’orbite terrestre et à préparer une exploration à grande échelle de la Lune après 2025. « Nous étudions également la création d’une station orbitale lunaire », a-t-il annoncé. Une telle base permettrait en effet d’exploiter les minéraux se trouvant sur les astéroïdes.
Auparavant, la Russie avait envisagé de se mettre, sur la Lune, à exploiter des gisements de terres rares, un groupe de métaux qui rentrent dans la fabrication des composants pour les appareils électroniques. Selon les représentants de Roskosmos, ces métaux pourraient commencer à manquer sur Terre dans un avenir proche.
Mais le véritable trésor de la Lune, c’est l’hélium 3. L’utilisation de cet isotope dans des réactions de synthèse nucléaire permettrait de produire un volume colossal d’énergie électrique sans produire de déchets nucléaires. Les chercheurs précisent qu’il s’agit d’un combustible thermonucléaire très efficace qui, par ailleurs, est respectueux de l’environnement.
Nikolaï Zheleznov, responsable de recherche à l’Institut d’astronomie appliquée de l’Académie russe des sciences, estime qu’il faudrait surtout chercher des terres rares sur les astéroïdes, comme l’iridium ou le zirconium, dont la présence ne reste pour l’heure qu’une hypothèse.
« Le télescope ne permet que de faire une évaluation approximative de leur composition chimique. On peut la déduire, par exemple, grâce à la réflectivité des astéroïdes. Nous savons que les astéroïdes clairs sont composés d’une base de roche et de roche ferreuse », souligne Zheleznov.
La menace que les astéroïdes représentent pour la Terre est, pour les scientifiques, un peu plus réelle : dans les 185 prochaines années, 39 astéroïdes passeront par la zone d’attraction de notre planète.
En mars 2016, les chercheurs de l’Université d’État de Tomsk, en Sibérie, ont développé une nouvelle technologie de protection qui permet de détruire les objets spatiaux potentiellement dangereux en les dynamitant lorsqu’ils menacent la Terre.
« Grâce au super-ordinateur SKIF Cyberia, nous avons modélisé une destruction nucléaire des astéroïdes sans que des débris hautement radioactifs ne touchent notre planète », a souligné Tatiana Galouchina, collaboratrice de l’Institut de recherche en mathématiques appliquées et en mécanique de l’Université de Tomsk.
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