Une percée sibérienne dans l’étude du trouble bipolaire

Shutter Stock/Legion Media
Une modification du niveau de certaines protéines dans le sang pourrait être révélatrice de troubles mentaux chez l’homme. Les chercheurs espèrent que cette découverte aidera les médecins à préciser leur diagnostic et à entamer à temps un traitement approprié.

Selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le trouble affectif bipolaire touche environ 60 millions de personnes dans le monde. La maladie est caractérisée par une fluctuation anormale de l’humeur et de l’énergie, elle perturbe l’efficacité professionnelle et peut même de conduire au suicide. Les chercheurs de l’Institut de biologie chimique et de médecine fondamentale de Novossibirsk (Sibérie occidentale) ont réussi à détecter des biomarqueurs permettant de diagnostiquer cette maladie d’après des analyses de sang. Ainsi, ils ont découvert que les troubles mentaux sont liés à une baisse de l’activité de la thyroïde et à un déséquilibre hormonal.

Thyroïde et troubles mentaux

Les chercheurs ont choisi pour leur étude dix personnes s’étant vues diagnostiquer un trouble affectif bipolaire. Dix autres personnes, en bonne santé, ont constitué le groupe de contrôle. « Nous avons analysé des échantillons de leur sérum sanguin sur la base de la protéomique (science qui étudie l’ensemble des protéines d’une cellule), a raconté à RBTH Irina Alexeïeva, scientifique de l’Institut. Nous avons séparé le mélange de protéines d’après la masse moléculaire et nous avons obtenu la carte 2D de l’ensemble des protéines ».

Ensuite, les spécialistes ont analysé les fragments des protéines à l’aide de méthodes hautement technologiques pour établir le lien entre le niveau d’expression de protéines comme les apolipoprotéines A et C, la transthyrétine et le sérum amyloïde A1, d’une part, et les maladies neuropsychiques, d’autre part.

« Il s’est avéré que la transthyrétine – protéine qui transporte l’hormone de la thyroïde du sang au cerveau – est liée aux maladies neuropsychiques. En effet, très souvent, les patients présentant des troubles bipolaires et schizophréniques manifestent une fonction thyroïdienne réduite, tandis que les malades avec un tel dysfonctionnement présentent des symptômes semblables à des troubles psychiques », a fait remarquer Irina Alexeïeva.  

Une méthode qui exige du travail et de l’argent

Les chercheurs ont également établi que le changement du niveau d’expression de l’apolipoprotéine C3 risque de perturber le métabolisme du cholestérol, d’où un déséquilibre hormonal propre à nombre de troubles psychiques.

Selon Lioudmila Kalachnikova, psychiatre qui s’est intéressée aux résultats de l’étude, le trouble bipolaire fait partie du top 20 des maladies handicapantes. « Les médecins considèrent souvent cette maladie comme la manifestation d’une dépression saisonnière et posent un diagnostic erroné. S’il devient possible de repérer la maladie grâce à une analyse de sang, ce serait d’une grande aide. La seule chose qu’il reste à souhaiter, c’est que les médecins suivent un plus grand nombre de patients pour rendre leurs études plus crédibles », a-t-elle souligné.   

La méthode mise au point à Novossibirsk demande beaucoup de travail et d’argent. Cela étant, il sera difficile de la mettre en pratique, constatent les scientifiques. Toutefois, ils se disent prêts à trouver un moyen plus simple et plus accessible de diagnostic. Ainsi, il est prévu de confirmer prochainement l’efficacité des marqueurs biologiques découverts.

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies