Karabach (région de Tchéliabinsk) est l'une des villes les plus polluées de la planète. Crédit : Sergueï Koliaskine
Le 23 septembre, lors du sommet de l'ONU sur le climat, le conseiller du président russe pour le climat, Alexandre Bedritski, a déclaré que la Russie avait l'intention de réduire ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 de 70-75% par rapport au niveau de 1990. Cette déclaration constituait la première réaction russe concernant la problématique environnementale depuis l'échec de la Conférence internationale de l'ONU sur le climat en 2012. Des États participant au protocole de Kyoto avait alors refusé de le renouveler.
Le protocole de Kyoto est un accord international signé en décembre 1997 qui oblige les pays développés et les pays à économie de transition à réduire ou stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre.
La première période d'effet du protocole de Kyoto (signé en 1997) a pris fin en 2012. Une période qui n'a pas exigé de grands sacrifices de la part de la Russie. Après l'effondrement de l'URSS, le développement de la production industrielle a ralenti en Russie. La principale source d'émission était le gaz carbonique issu de la transformation du pétrole, du charbon et du gaz, mais celle-ci ne dépassait pas les seuils autorisés. Cela a permis au pays de vendre les quotas inutilisés aux États ayant signé le protocole de Kyoto.
Jusqu'en 2012, la Russie était le deuxième vendeur mondial de quotas inutilisés après la Chine. Mais elle n'a pu mettre sur le marché qu'une petite partie de ses quotas en raison d'une faible demande. Les principaux acheteurs des quotas russes étaient la République tchèque, la Pologne et le Japon. Mais suite à la crise économique en Europe, la demande de quotas dans le monde a plongé.
Pour prolonger le protocole et continuer à vendre des quotas, les pays participant au protocole ont dû prendre en 2013 de nouveaux engagements pour réduire les émissions de gaz. Après l'échec de la communauté internationale à s'entendre sur le renouvellement du protocole de Kyoto, la Russie a cessé de vendre ses quotas.
« Les quotas de Kyoto que de nombreux États se vendent et se revendent, dévalorisent d'un côté les efforts visant à lutter contre le changement climatique, mais de l'autre, constituent un compromis nécessaire. Les pays qui se sont procuré des quotas d'émissions de gaz à effet de serre sont tout de même conscients qu'ils sont passibles d'une amende et c'est pourquoi ils devront tôt ou tard développer des technologies d'économie d'énergie », déclare Iouri Lapine, académicien à l'Académie internationale de l'écologie.
Aujourd'hui, les vendeurs actifs de quotas de Kyoto sont la Chine, l'Inde et le Brésil. Comme par le passé, les acheteurs sont en grande partie des pays européens.
Réduire pour avancer
Le niveau russe actuel d'émissions de gaz est d'environ 69% du niveau de 1990, et reste dans une marge acceptable. Selon les experts interrogés par RBTH, la Russie n'aura pas de difficulté à stabiliser et à maintenir les volumes d'émissions de gaz à effet de serre à 70-75% par rapport au niveau de 1990 d'ici 2030, surtout si elle utilise ses ressources énergétiques de façon rationnelle.
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D'après Iouri Lapine : « Si la Russie commence à construire des entreprises industrielles en tenant compte des technologies d'économie d'énergie et que les technologies de production existantes sont mises hors service, alors il est tout à fait possible de maintenir le niveau des émissions de gaz à 70-75% par rapport à celui de 1990. »
Alexeï Kokorine, directeur du programme « climat et énergie » du département russe du fonds mondial pour la nature, partage cet avis : « 80% de toutes les émissions de gaz en Russie proviennent du dioxyde de carbone issu de la combustion du charbon, du pétrole et du gaz. Les 20% restants, ce sont des émissions dues aux fuites de méthane dans notre réseau de transport de gaz. Annoncer une diminution des émissions de gaz d'ici 2030 revient à mettre en pratique nos intentions concernant l'efficacité énergétique ».
Anton Galenovitch, secrétaire du groupe de travail du ministère de l'économie et de « Delovaya Russia » (Business Russia), a confié dans une interview pour le journal Kommersant que l'objectif annoncé de réduction des émissions allait était en contradiction avec le projet de stratégie énergétique jusqu'en 2035 et qu'il serait impossible de l'atteindre sans mesures spéciales de gestion du carbone et sans programmes gouvernementaux sur l'efficacité énergétique.
Le ministère des Ressources naturelles et de l'Écologie n'est pas du même avis : la réduction des émissions ne contredit pas la stratégie énergétique russe, mais au contraire, la complète : « D'après la stratégie énergétique, il est indispensable de limiter la charge du secteur de l'énergie sur l'environnement, précisément en diminuant les émissions de gaz à effet de serre et en développant l'efficacité énergétique ».
Iouri Safonov, directeur du centre sur l'économie et l'environnement de l'École des hautes études en sciences économiques, estime que la promotion des biocombustibles et de l'énergie solaire peut être l'un des moyens de développer l'efficacité énergétique. Mais selon les spécialistes, l'énergie alternative ne pourra ni concurrencer le pétrole, le gaz et le charbon, ni modifier de façon significative la structure de la puissance énergétique.
La Russie a récemment signé la Convention de Minamata, s'engageant à renoncer progressivement au mercure. Le pays a en approuvé les mesures d'exécution de la Convention de Stockholm sur la réduction de l'utilisation des polluants organiques persistants. Tous les experts interrogés par RBTH n'y voient aucune motivation politique et affirment que la Russie a toujours été active dans les projets écologiques internationaux.
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