Dodo-Pizza est la première pizzeria de Russie à avoir utilisé des drones pour ses livraisons. Crédit : service de presse
Cet été, vous avez déjà découvert sur RBTH la première pizzeria de Russie à avoir utilisé des drones pour ses livraisons. L’histoire continue. Les activités de la société ont éveillé l’intérêt du Parquet des transports : un témoin a déposé une plainte concernant une possible violation de l’espace aérien.
« Nous faisons tout notre possible afin de démontrer que le Copter ne correspond que formellement à la catégorie des véhicules aériens sans pilote, mais dans les faits, il ne rentre pas dans cette catégorie en se basant sur plusieurs caractéristiques : la masse, la taille, la fréquence de commande radio, indique le fondateur de la société Dodo-Pizza, Fiodor Ovtchinnikov, qui a décidé de lancer dans la ville russe de Syktyvkar cette méthode innovante de livraison de pizza. Et si l’engin n’est pas considéré comme un drone, il n’est alors pas soumis au Code de l’air et aucune autorisation de vol particulière n’est alors nécessaire. »
Le Parquet des transports de Syktyvkar a clos l’affaire, mais Dodo-Pizza n’a, à ce jour, toujours pas reçu l’autorisation d’utiliser ses robots-livreurs.
« Rendez-vous compte ! C’est vraiment formidable que le premier drone à avoir livré une pizza ne se trouvait pas dans un faubourg quelconque de Boston mais dans un parc à Syktyvkar, se réjouit M. Ovtchinnikov. C’est une véritable révolution technologique. Je suis persuadé que d’ici quelques années, les Copters seront beaucoup moins chers et capables de réaliser efficacement des services de livraison. Des dizaines d’entreprises pourront alors légalement développer des services utilisant les Copters sans la crainte de se voir imposer une amende. »
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Selon le Code de l’air russe, les propriétaires de drones doivent impérativement obtenir une autorisation de vol auprès de la branche locale de l’agence Rosaviatsia. En plus de cette autorisation, il est également demandé de définir un plan de vol détaillé comprenant un horaire précis, la durée et l’itinéraire. En cas de non-respect, les amendes vont de 3000 roubles pour les personnes physiques et jusqu’à 500 000 roubles pour les personnes morales. « Et tout cela seulement dans le cas où votre Copter se trouve dans les airs, indique Mme Vanina. S’il s’avère que le drone s’est écrasé ou a causé un préjudice ou une blessure à quelqu’un, cela relève de la responsabilité pénale, avec à la clé une sanction beaucoup plus sévère. »
Cela a toujours été ainsi, mais jusqu’à l’incident autour de Dodo-Pizza, personne ne s’était interrogé sur la question. On ne s’attend toutefois pas à ce que l’accroissement de la popularité des drones perturbe les conventions juridiques. « Nous recevons un grand nombre de précommandes, nous avons déjà plus de 500 demandes portant sur la livraison de différentes marchandises à l’aide de Copters, raconte Oleg Ponfilenok, âgé de 27 ans et fondateur il y a un an et demi de la société CopterExpress. Cette société se trouve également à Syktyvkar. Elle entend élargir le périmètre géographique de ses activités et commencer à livrer des charges pesant jusqu’à 5kg dans un rayon de plusieurs kilomètres, de telles livraisons ne devant, selon les prévisions, pas prendre plus d’une heure.
Danger venu d’en haut
Alexandre Pologov, designer trentenaire établi à Moscou, place également de grands espoirs dans l’exploitation commerciale des drones. Ce dernier souhaite développer à Moscou la prise exclusive de vidéos de panoramas depuis la plateforme d’observation de la Colline aux Moineaux pour un coût d’environ 115 à 150 euros. Il existe des centaines de nouveaux entrepreneurs se tournant vers les Copters, non seulement à Moscou mais également à Saint-Pétersbourg, Ijevsk et Rostov.
« Les utilisateurs de Copters sont déjà des milliers, et non des centaines, indique Sergueï Semenov, coordinateur du projet Airpano, visant à filmer depuis les airs les plus beaux sites de la planète. Lorsque nous avons commencé en 2010, il n’existait tout simplement pas de Copters capables de voler en transportant dans les airs des appareils photo ou vidéo. Il est désormais possible d’acheter des Copters DGI miniatures chinois équipés d’appareils photos de base pour moins de 629 euros et de tranquillement commencer à photographier quelque chose. Je connais au moins 15 jeunes photographes de Moscou qui prennent des photographies de mariages non seulement à partir d’appareils photo traditionnels mais également en utilisant des Mini-Copters. Et bien que ce service soit cher, (Une journée de prise de vues de huit heures incluant les pauses nécessaires au rechargement du drone coûtera de 525 à 840 euros), il gagne en popularité et personne ne se plaint d’une faible rentabilité ».
Selon M. Semenov, l’utilisation de drones n’est de fait pas sans risques. « Avant d’utiliser un Copter, il est nécessaire de s’entraîner plusieurs dizaines d’heures sur un simulateur, explique ce dernier. « Nous réalisons nous-mêmes régulièrement des tests du logiciel, du moteur et des batteries, explique M. Semenov. En quatre années de tournage, il n’y a pas eu le moindre dommage, qu’il s’agisse de voitures ou de personnes. »
« Le marché russe des Copters croît très rapidement, les commandes de prises de vues aériennes augmentent, c’est pourquoi nombreux sont ceux qui souhaitent ne pas passer à côté d’une d’opportunité d’obtenir un revenu supplémentaire », explique Pavel Ivanov, créateur d’une entreprise d’assemblage et de services de maintenance pour Copters. Ce dernier est convaincu que le potentiel commercial des drones est gigantesque. « De très grandes entreprises privées de divers secteurs s’intéressent aux drones dont ils ont besoin pour surveiller leur territoire, observer des opérations industrielles ou livrer des marchandises, indique-t-il. Par ailleurs, les organisations gouvernementales et militaires s’intéressent aussi aux drones, qui peuvent être utilisés pour des opérations de sauvetage, de surveillance, de livraison de médicaments et bien d’autres choses encore. »
Article original publié sur le site de Kommersant
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