Crédit photo : ITAR-TASS
Dans les écoles russes, le papier cède la place lentement mais sûrement aux e-books, tablettes et autres ordinateurs portables, avec une émergence accélérée d’entreprises de technologie de l’information pour de nouveaux services dans l’éducation.
S’il y a 15 ans, les ordinateurs étaient essentiellement utilisés dans les écoles pour apprendre aux enfants les bases de la programmation et les simples applications bureautiques, ainsi que pour imprimer des documents à l’infini, beaucoup des écoliers d’aujourd’hui utilisent quotidiennement divers gadget pour leurs études.
Ces dernières années, l’apprentissage numérique s’est fait une place parmi les secteurs les plus en vogue du marché TI en Russie. Aussi bien les start-ups que les entreprises installées y voient un potentiel énorme pour l’innovation, soutenues par des capitaux-risques publics et privés.
En 2012-13, plus de 7 millions d’euros ont été investis dans les technologies d’éducation en Russie, selon les publications boursières.
Les nouvelles technologies ont pénétré dans toutes les parties du marché de l’éducation, y compris les écoles, le soutien scolaire privé et les cours par correspondance. Bien qu’il soit à la traine derrière quelques pays occidentaux en matière de développement, le marché russe possède beaucoup de joueurs très prometteurs.
Apprendre dans le nuage
Près de la moitié des investissements dans les technologies d’éducation, en 2012, est allée à Dnevnik.ru, une start-up créée en 2009 qui fournit un système de gestion électronique de documents complet pour près de 29 000 écoles russes (plus de la moitié des écoles du pays). Le système est géré par l’entreprise et les utilisateurs n’ont besoin que de se connecter à leur compte sur le site.
Gavriil Levi, qui a eu l’idée du projet en notant le manque de communication entre ses parents et l’école de son frère cadet, raconte que Dnevnik.ru s’est développé à partir d’une start-up autofinancée, pour devenir la plus importante initiative dans le secteur éducatif en Russie.
« D’abord nous avons connecté plusieurs écoles « manuellement ». Nous sommes allés rencontrer les directeurs, les parents et les enseignants pour leur expliquer l’utilité du projet », explique Levi.
La croissance a été dopée par un décret de l’État russe obligeant toutes les écoles à adopter les systèmes de documentation numérique d’ici 2014. Levi a confié récemment au quotidien Vedomosti qu’il compte équiper 35 000 établissements avec Dnevnik.ru à cette date, tandis que les 20 000 autres utiliseront les logiciels concurrents tels que NetSchool et Paragraph.
Dnevnik.ru compte devenir rentable au début de l’année prochaine. « Les fonctions de bases sont et resteront gratuites, tandis que les applications payantes, comme la messagerie, le système de contrôle d’accès, ou les tickets de cantine électroniques peuvent rendre le système encore plus utile », explique Levi.
Alléger le poids
Plusieurs autres compagnies cherchent à aider les écoliers avec leurs tâches quotidiennes. L’un des problèmes les plus évidents à régler est la lourdeur du cartable. Depuis décembre dernier, l’Institut fédéral du développement de l’éducation a lancé un système de distribution national de manuels numériques, en partenariat avec Azbuka.
Cette entreprise a développé le logiciel et a numérisé les manuels courants, en soutenant que les livres accessibles sur tablette ou ordinateur sont moins chers que sur papier, et permettent aux écoles de faire des économies.
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que le marché des didacticiels attire d’autres joueurs. En août, le géant de l’IT russe, Lanit, a annoncé qu’il rentrait dans la course. On peut affirmer sans prendre de risques que bientôt les écoles pourront choisir entre différents fournisseurs.
Toutefois, même avec l’entrée sur le marché de grandes entreprises soutenues par l’État, il reste de la place pour les start-ups. YaKlass, évaluée récemment à 1,4 millions d’euros, prétend avoir trouvé une solution pour un problème auquel les enseignants font face depuis que tout le monde a accès à Internet.
« Les élèves aujourd’hui sont habitués à pomper les devoirs sur le Net et les enseignants n’ont aucun moyen de les en empêcher », dit Valery Nikitin, le fondateur et directeur général de YaKlass.
La solution qu’il propose est une génération procédurale des devoirs, unique pour chaque élève : impossible dès lors de trouver des réponses toutes prêtes sur Internet. L’idée est d’abord venue à un professeur de maths qui a donné ce genre d’exercices aléatoires à ses élèves. YaKlass a racheté l’idée et l’a ajustée aux besoins des écoles russes.
Changer nos vies
Les nouvelles technologies ont indéniablement changé nos vies : notre manière de communiquer les uns avec les autres, d’apprendre et d’enseigner, de voyager et d’occuper notre temps à la maison, tout était différent avant l’introduction d’ordinateurs, téléphones portables et autres gadgets indispensables avec une connexion Internet. Reste à savoir si les effets sont toujours positifs.
Il est vrai que grâce à la Toile, l’éducation est devenue plus accessible et pratique pour ceux qui veulent apprendre, et les nouveaux services mènent à une variété de sujets et de sources simplement inaccessibles il y a 20 ans.
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Selon Levi, des expériences ont même prouvé une corrélation entre le niveau de développement des technologies de l’information, du progrès scolaire et de l’assiduité en classe.
D’un autre côté, le plagiat et un manque de sérieux plus général sont mis sur le compte de l’utilisation d’Internet par les enfants. Certains critiques prétendent que bientôt les enfants ne sauront plus tenir un stylo ou un crayon, mais seulement taper sur un clavier ou toucher un écran.
Seul le temps pourra trancher dans ce débat, mais on voit d’ores et déjà que de nombreux problèmes générés par les nouvelles technologies peuvent être résolus en utilisant ces mêmes technologies.
À long terme, les effets peuvent être positifs. Ce qu’il faut par-dessus tout, ce sont des gens passionnés désirant travailler et innover dans ce domaine, et la Russie d’aujourd’hui n’en manque pas.
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