Le nouveau véhicule blindé peut se déplacer en silence, utilisant l’énergie stockée dans les supercondensateurs. Crédit : Itar-Tass
Depuis le début du nouveau millénaire, le monde a connu des dizaines de divers conflits locaux, opérations antiterroristes et missions de maintien de la paix. Il est bien évident qu’un sous-marin nucléaire ou un char de combat ne sont pas appropriés pour protéger et approvisionner les nombreuses bases militaires petites et grandes des puissances militaires, érigées à travers le monde.
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Ce sont des véhicules légers et rapides, à roues et à chenilles (et de préférence, amphibies) qui peuvent assurer un déploiement rapide de forces spéciales, l’acheminement de tous les approvisionnements dans la zone de conflit et la protection des installations militaires. Sans aucun doute, dans les conditions de la guerre moderne, ce sont les véhicules à roues qui gagnent, possédant parmi leurs avantages la simplicité, le faible coût d’exploitation, une grande maniabilité et la rapidité.
La Russie est parmi les leaders mondiaux dans la production de chars – patrimoine soviétique en ce cas. Néanmoins, la production de véhicules de transport de troupes n’est pas du tout le point fort de l’industrie militaire russe. Mais cela va changer.
Fin juin, la société russe VPK Military Industrial Company a annoncé le début des premiers tests d’un nouveau châssis à roues pour un véhicule blindé du futur. Le nouveau projet, baptisé Krymsk, vise à éliminer le principal défaut des véhicules blindés modernes : l’imperfection des systèmes propulseurs.
D’après le chef du projet Viktor Roudine, « le prototype du châssis est équipé d’un moteur hybride et d’un mécanisme de transmission électrique, ce qui peut fournir des avantages considérables au véhicule ».
Le principe général du fonctionnement du moteur est le suivant : un moteur thermique entraîne le rotor d’un alternateur qui génère un courant alternatif, transformé en courant continu. Ensuite, l’énergie électrique est fournie via un système de transformateurs à des moteurs électriques de traction qui provoquent la rotation des roues. Une partie de l’énergie est stockée par des supercondensateurs. Pendant le freinage, l’énergie cinétique est transformée en électricité, qui est également fournie aux supercondensateurs.
Un véhicule blindé équipé de ce moteur peut se déplacer en silence, utilisant l’énergie stockée dans les supercondensateurs. L’autonomie du blindé est actuellement assez faible, mais si le moteur est muni de nouveaux accumulateurs lithium fer phosphate, déjà produits en Russie, cette caractéristique peut être améliorée dix fois de suite. La capacité du véhicule de rouler silencieusement représente quant à elle un avantage très important, particulièrement s’il est utilisé lors d’opérations spéciales.
La puissance du moteur est également impressionnante. Au cours des tests organisés près de Moscou, un véhicule prototype d’une masse de 22 tonnes, a atteint la vitesse de 97 km/h, passant de 0 à 80 km/h en 33 secondes seulement.
Viktor Roudine dévoile un autre avantage du véhicule : « Krymsk est effectivement une plate-forme télécommandée quasi prête. Les capacités des systèmes électroniques du prototype permettent déjà de le manipuler à distance, et si nous le modifions un peu en développant des algorithmes de contrôle et du logiciel spécial, nous pouvons en effet le transformer en une plate-forme robotisée ». Et c’est vraiment une nécessité : d’après de nombreux experts militaires internationaux, les robots seront largement utilisés dans les armées de l’avenir.
Malheureusement, les véhicules blindés à roues équipant l’armée russe sont pour l’instant très loin des standards décrits par M.Roudine. Il y a juste deux modèles de véhicules de transport de troupes à roues en Russie, les BTR-70 et BTR-80, évolués tous les deux à partir du BTR-60, qui fut conçu encore aux années 1950. Et les modifications par rapport à l’ancien véhicule ne constituent pas une percée technologique : pour le BTR-70, on avait remplacé ces deux moteurs par des versions plus puissantes (120 ch chacun) ; pour le BTR-80, on avait installé un moteur Diesel (210 ch).
En 1994, le constructeur GAZ a présenté au public pour la première fois le nouveau BTR-90. La production en série devait commencer en 2011. Toutefois, le ministère russe de la Défense a du coup refusé d’équiper l’armée avec de nouveaux véhicules. Le colonel général Sergueï Maev, qui était à l’époque le responsable de l’équipement de l’armée, a critiqué le nouveau modèle, en indiquant qu’il « ne correspondait pas à toutes les exigences de la Défense ». La production du BTR-80 a également été suspendue, ce qui n’est pas dû au hasard.
Donc, l’avenir des véhicules blindés à roues dans l’armée russe sera déterminé par le succès des nouvelles technologies telles que Krymsk.
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