L’aviation militaire se porte bien, la civile un peu moins

Konstantin Makienko. Source : Service de presse

Konstantin Makienko. Source : Service de presse

L’expert Konstantin Makienko estime que faute d’un véritable partenariat stratégique avec l’Europe, l’industrie aéronautique civile russe peine à reprendre place sur le marché mondial. Les avions de combat continuent par contre de bien s’exporter.

La Russie a-t-elle laissé passer sa chance de revenir parmi les grands pays constructeurs d’avions civils ? C’est la question à laquelle s’est efforcé de répondre Konstantin Makienko, directeur adjoint du Centre d’analyse de stratégies et technologies (CAST) lors d’une conférence jeudi 11 juillet.

Organisateur de l’événement, l’observatoire franco-russe a jugé bon de faire le point sur l’industrie, après le Salon du Bourget le mois et dernier et avant le salon moscovite MAKS en août. M. Makienko s’est fendu d’un exposé remontant aux années 90, montrant l’émergence de deux pôles autour de MiG et de Sukhoi, jusqu’à l’unification au sein d’UAC (consortium d’Etat regroupant les principaux constructeurs civils et militaires).

Ce choix du Kremlin de créer un « champion national » a eu pour conséquence, selon l’expert, « d’entraîner la sortie d’EADS du capital d’UAC ».

Du coup, « la question de la création d’alliances stratégiques internationales n’a toujours pas été résolue (…) la Russie a laissé échapper pour longtemps la possibilité de devenir un acteur indépendant de premier plan sur le marché de l’aviation commerciale », avec la localisation profonde de la production d’appareils Airbus, qui aurait gardé à flot et permis la modernisation des capacités industrielles russes.

Pour M. Makienko, la coopération avec l’Ukraine (Antonov) ne mène à rien par la faute de ces derniers « incapables de respecter des engagements »

Parmi les invités de la conférence, tous ne partagent pas cette vision « pessimiste » de l’aviation civile. Un représentant d’EADS a souligné la fructueuse coopération franco-russe sur le moteur du Superjet. L’attaché pour l’aéronautique de l’ambassade de France a rappelé l’importante contribution de plusieurs fabricants français dans les programmes civils russes (Safran, Airbus, Thalès, Sagem, Turbomeca).

M. Makienko s’est gardé de dénigrer les deux principaux projets civils russes (Superjet et MS-21), mais estime que l’industrie russe serait « dans un bien meilleur état si le partenariat entrepris avec EADS en 2005 avait été mené à bien »

Sur le versant militaire, l’expert estime au contraire que l’aéronautique russe a su maintenir ses positions grâce à de bons produits (hérités de l’époque soviétique) et de solides clients comme la Chine et l’Inde. Le futur est moins réjouissant alors que la Chine tarde à préciser la taille de sa commande pour le Su-35.

Concernant l’Inde, M. Makienko note que le gros appel d’offre pour un chasseur léger de 4ème génération (auquel le Rafale français participe) lui semble tout à fait caduc. « L’Inde ferait mieux de consacrer ce budget pour développer un chasseur de 5ème génération avec la Russie ».

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