Evgenia Medvedeva durant le programme libre des championnats du monde à Helsinki.
Alexander Vilf/RIA NovostiEvgenia Medvedeva durant le programme libre des championnats du monde à Helsinki. Crédit : Alexandre Vilf/RIA Novosti
Le roi est mort, vive le roi! Le patinage artistique a une nouvelle couronne. Sa technique et son sang-froid ébahissent même les grands champions, alors que les supporters l’ont baptisée « Plushenko en jupe ». Avec sa victoire aux championnats du monde 2017 à Helsinki, Evgenia Medvedeva a été officiellement sacrée « superstar du sport mondial ». Le hasard a voulu que ce triomphe ait lieu le jour même où Evgeni Plushenko a officiellement annoncé la fin de sa carrière. Le sportif, champion inégalé dans les années 2000, ne concourrait pratiquement plus depuis une blessure du dos subie aux Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Il remet désormais le flambeau entre de bonnes mains.
Ces deux ans passés à un niveau aussi exceptionnel montrent clairement que Medvedeva est là pour rester, et qu’il compter sur sa présence. En deux saisons, elle n’a laissé aucune chance à ses rivales et a raflé tous les titres possibles lors de tous les tournois auxquels elle a participé, du championnat de Russie jusqu’au championnat du monde. L’unique défaite de sa carrière (si l’on peut considérer l’argent comme une défaite) a eu lieu en novembre 2015 au Grand Prix de Moscou, lors duquel Medvedeva a été devancée par une autre Russe, Elena Radionova.
Evgenia Medvedeva à Helsinki. Crédit : Alexandre Vilf/RIA Novosti
Medvedeva semble avoir surgi de nulle part pendant la saison 2015–2016, quand les yeux du monde entier étaient encore rivés sur les nouveaux noms ayant percé aux Jeux de Sotchi. Pendant que les experts et les supporters spéculaient encore sur la nouvelle génération de jeunes filles prodiges, les incroyables performances de Yulia Lipnitskaya et Adelina Sotnikova et leur potentiel, un nouveau nom russe retentissait au Skate America, étape du Grand Prix qui se tient en octobre. À Milwaukee, la jeune fille aux cheveux bouclés âgée de 15 ans, à peine débarquée dans le sport sénior, a très aisément et très gracieusement vaincu toutes ses concurrentes : l’Américaine Gracie Gold, la Japonaise Satoko Miyahara et la fameuse « jeune fille en robe rouge » Yulia Lipnitskaya.
À l’époque, l’écolière Medvedeva n’est même pas connue en Russie. Les premières interviews nous apprennent que la nouvelle étoile vit à Moscou, prend tous les jours le métro pour aller aux entraînements, ce qui la force régulièrement à rater l’école, aime dessiner et broder, adore Dr House et Sherlock et s’agace terriblement quand on la compare avec Lipnitskaya. Sur glace, elle est très confiante et incroyablement gracieuse. Pour cause : la jeune fille travaille sans doute avec le meilleur tandem professionnel du patinage artistique, l’entraîneur Alexander Zhulin et le chorégraphe Ilia Averbukh.
Evgenia Medvedeva, championne du monde 2017. Crédit : Reuters
Le pari Medvedeva s’est avéré gagnant. Dès la fin de la première saison sénior, on comprenait que la Russie n’avait jamais connu de patineuse aussi irréprochable. Evgenia a remporté tous les principaux tournois et a triomphé au Grand Prix, aux championnats d’Europe et aux championnats du monde. La victoire aux championnats du monde à Boston, où Medvedeva a établi un record au programme libre, lui a permis d’être la seule patineuse au monde à être monté sur la première marche du piédestal des championnats sénior un an seulement après avoir remporté une victoire chez les juniors.
Evgenia Medvedeva aux championnats du monde de Boston. Crédit : Yusuke Nakanishi/Global Look Press
La saison suivante a montré que Medvedeva n’était pas une étoile d’un jour. Le changement d’entraîneur n’a aucunement affecté ses résultats : Alexandre Zhulin a été remplacé par Eteri Tutberidze, l’ancienne entraîneuse de Lipnitskaya. Medvedeva a de nouveau raflé tous les titres possibles et a conclu en beauté avec une victoire aux championnats du monde à Helsinki, où elle a une nouvelle fois battu des records du monde, tant dans le programme court que dans le programme libre.
Evgenia Medvedeva à Helsinki. Crédit : Reuters
Medvedeva parvient à gagner grâce à une incroyable stabilité psychologique, assure l’entraîneur Alexei Mishin. « Ce ne sont pas tant ses sauts et ses rotations que sa confiance qui m’épatent. Elle est extraordinaire ! », explique Mishin dans un entretien avec l’agence R-Sport.
« Sur glace, je ne suis pas un être humain, je suis une sportive. Je n’ai pas le droit de laisser libre cours à mes émotions », reconnaît Medvedeva. Pour autant, cette énorme capacité de concentration n’empêche pas Medvedeva de prendre du plaisir dans son travail, que ce soit un entraînement ou une compétition, souligne l’entraîneuse Tatiana Tarassova.
Si sur glace Evgenia adopte une image romantique (ainsi, pour le programme libre de la dernière saison, elle a utilisé la musique émouvante d’Alexandre Desplat du film 11'09"01 – September 11), dans la vie, c’est une adolescente tout à fait normale. Elle communique beaucoup sur les réseaux sociaux et, encore récemment, administrait même un groupe consacré au patinage artistique sur VKontakte. Par ailleurs, elle avoue aimer lire les commentaires qui lui sont consacrés et ne s’offusque pas des critiques et des insultes. « Les commentaires sont ouverts à tous, on peut écrire ce qu’on veut. Parfois, je vois de ces choses ! Ça me fait tellement rire ! Après l’étape canadienne, quelqu’un a écrit : +À quoi tout ça sert à une jeune fille de 16 ans ? Elle devrait laisser tomber et apprendre à faire le bortsch !+ ».« J’ai lu ça et je me suis demandé effectivement à quoi ça servait de patiner si le plus important, c’était le bortsch », confie Medvedeva dans un entretien avec sports.ru.
Medvedeva aime également tout ce qui concerne le Japon, les animes et les mangas. Quand elle a lu les paroles de la chanson du dessin animé Sailor Moon à la télévision japonaise, le pays tout entier semblait être tombé amoureux de la jeune sportive russe dont le physique correspond, d’ailleurs, aux standards de beauté propres à ce genre. Désormais, un commentaire sur deux est écrit en japonais sur son compte Instagram, alors que la patineuse ravit ses abonnés en posant dans le déguisement de Sailor Moon et d’un autre anime japonais sur un patineur russe, Yuri on Ice.
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