Kirill Kallinikov/RIA Novosti
Les dessous de la disqualification de l’équipe paralympique à Rio.
Que s’est-il passé ?
Dimanche 7 août, le chef du Comité international paralympique (CIP) Sir Philip Craven a annoncé la suspension du Comité paralympique russe (CPR) et la disqualification des sportifs paralympiques russes de toutes les compétitions internationales. Cela signifie que près de 270 sportifs russes pourraient manquer les Jeux paralympiques de Rio qui se tiendront du 7 au 18 septembre.n
Le CIO a autorisé la Russie à participer aux Jeux. Pourquoi la décision appliquée à l’équipe paralympique est-elle différente ?
Le CIO et le CIP sont deux organisations indépendantes qui peuvent prendre des décisions divergentes. Le CIO a décidé de ne pas appliquer le principe de responsabilité collective (le président du CIO Thomas Bach a qualifié la suspension de l’intégralité de l’équipe olympique russe d’« option nucléaire » et les athlètes « propres » pouvant souffrir de cette décision de « dommages collatéraux ») et a laissé les fédérations prendre les décisions à leur niveau.nnLe CIP a décidé que les violations commises par la Russie étaient si graves que seule une interdiction totale constituerait une mesure adéquate. Par ailleurs, Philip Craven a exprimé sa sympathie aux athlètes russes « propres » qui, selon lui, ont été « catastrophiquement trahis » par le gouvernement russe. nnLes positions du CIO et du CIP peuvent également s’expliquer par les différences dans la structure des deux organisations. Le sport paralympique est plus centralisé, aussi, le CIP peut prendre des décisions pour toutes les fédérations, alors que le CIO, association moins homogène, dispose de moins de pouvoirs et doit prendre en compte l’avis des fédérations qui, pour beaucoup d’entre elles, s’opposaient à la suspension des sportifs russes.n
Si ce sont les Jeux d’hiver de Sotchi qui sont remises en question, pourquoi disqualifie-t-on les sportifs paralympiques qui pratiquent les disciplines d’été ?
Les griefs du CIP ne visent pas des sportifs concrets, mais les responsables russes. « Cette situation ne parle pas d’athlètes qui trichent contre le système, mais d’un système géré par l’Etat qui trahit les athlètes », a déclaré Philip Craven aux journalistes dimanche dernier. De plus, le CIP ne disqualifie pas des sportifs individuels, mais le CPR tout entier, interdisant temporairement à tous les sportifs paralympiques russes de participer aux compétitions internationales. Les Jeux paralympiques de Rio constituent la première de ces compétitions. Si l’interdiction n’est pas levée d’ici l’hiver prochain, elle concernera les sportifs pratiquant des disciplines d’hiver également.nn n
La Russie peut-elle contester la suspension en justice ?
Selon le président du CPR Vladimir Loukine, la Russie contestera la décision du CIP auprès de la CAS sous 21 jours. Dans les derniers jours avant les JO de Rio, la cour a autorisé tout un groupe de sportifs russes disqualifiés à concourir aux Jeux. C’est notamment le cas de la nageuse Yuliya Efimova, donc les sportifs paralympiques peuvent espérer une issue positive. Cependant, le CAS avait auparavant rejeté les appels des athlètes et haltérophiles russes privés de JO à Rio par les fédérations internationales concernées.nnLe soutien juridique aux sportifs russes sera assuré par la Chambre fédérale russe des avocats. Le secrétaire d’Etat de l’organisation Konstantin Dobrinine a précisé, dans un entretien avec R-Sport, que les mécanismes juridiques permettant de faire annuler la décision du CIP existaient bel et bien. « C’est un cas flagrant de violation de la Convention de l’Onu sur les droits des personnes handicapées qui interdit clairement toute forme de discrimination et, dans son article 5, oblige les Etats-membres (par ailleurs membres du Comité international paralympique) à assurer une protection juridique efficace contre tout type de discrimination », indique le juriste.nn n
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