Cinq choses qui vous ignoriez sur le rugby en Russie

Stanislav Krasilnikov/TASS
Le rugby ne jouit pas de la même popularité en Russie que le football, mais il aurait pu en être tout autrement.

Foyer sibérien

Alimentée en sang polynésien, l’équipe sibérienne Krasny Yar Kranojarsk est le club le plus titré du pays. Cette année, l'équipe affrontera l'équipe voisine de Krasnoïarsk Enisey-STM dans la série finale du championnat. Krasnoïarsk est la capitale russe du rugby, nulle part ailleurs le ballon ovale ne peut prétendre au titre du sport numéro 1. Les équipes des deux côtés de l’Ienisseï se succèdent à l'Olympe russe : seules trois équipes ont à ce jour remporté le championnat russe, dont deux originaires de Krasnoïarsk.

Victoire contre l'Angleterre devant des tribunes vides

Coupe du monde de rugby. Crédit : Zurab Dzhavakhadze/TASS

La Russie n'est pas le pays le plus attaché au rugby, et même le goût du « grand jeu » n'a pas suffi pour que les Russes accourent, toutes affaires cessantes, voir les maestros à l'œuvre. Fin juin 2013, le championnat du monde de rugby-7, la variante la plus dynamique du jeu, s'est tenu à Moscou. Pourtant, même pendant les matchs décisifs, le stade moscovite de Loujniki, qui en 2018 accueillera la finale de la Coupe du monde de football, est resté pratiquement vide.

Si aujourd'hui, lors des matchs de la Coupe du monde en Angleterre et au pays de Galles, les stades sont pleins à craquer, les Moscovites ont préféré leurs séjours traditionnels à la campagne au spectacle des stars mondiales. Et pourtant, bien que les hommes russes n'aient pas réussi à s’imposer dans leur poule, ils ont pris leur revanche dans le match pour la coupe (prix de consolation pour l'équipe arrivée en 9e position) contre les Japonais. Alors qu’au tournoi par équipes, les femmes russes ont brillé par leur victoire fulgurante contre l'équipe d'Angleterre qui, sans exagération, peut être qualifiée d'historique.

Les batailles finales se sont achevées par la victoire des favoris – les équipes masculine et féminine néo-zélandaises ont confirmé leurs titres. À la surprise des vainqueurs, ces matchs se sont joués devant à peine deux mille personnes, dispersées dans un immense stade de 90 000 places.

Staline contre le rugby

Une photo de la série "C'est Rugby" par Igor Utkin/RIA Novosti. Cette photo a été présentée à l'exposition Agence de presse de 1969

Le rugby aurait pu devenir aussi populaire que le football en Russie, mais Staline en a décidé autrement : en 1949, en pleine guerre contre le cosmopolitisme, ce sport fut reconnu inadapté aux principes moraux de l’« homo sovieticus ». Le championnat russe fut interrompu d'un simple trait de plume, alors que depuis les années 30 en URSS, le football et le rugby se développaient en parallèle. Les grandes associations sportives, telles que Dynamo et CSKA, avaient notamment des équipes de rugby. Le célèbre spécialiste français Jean Nau avait été invité en URSS pour former les entraîneurs locaux.

Le rugby ne refit surface qu'en 1957, quand un tournoi des maîtres du ballon ovale fut organisé à Moscou pendant le Festival mondial de la jeunesse et des étudiants.

Débarquement océanien

Les équipes russes de rugby ne peuvent pas se vanter de compter de nombreux étrangers dans leurs rangs : le pays mise surtout sur les jeunes pousses nationales. Pourtant, le club de la ville sibérienne de Krasnoïarsk, Krasny Yar Kranojarsk, n'a pas peur d'expérimenter. Quand en 2013, Youri Nikolaïev, l'entraîneur historique du club, l'a quitté suite à une longue maladie, Siua Taumalolo, entraîneur du royaume lointain du Pacifique Tonga, a été invité par l’état-major sibérien. Le professionnel venu d'un pays exotique, où le rugby est pratiquement l'unique sport pratiqué, a amené avec lui toute une équipe de compatriotes en Russie.

Les sportifs océaniens ont trouvé leur place : ni le froid ni les salaires payés en monnaie russe instable n’ont pu les effaroucher. Avec l'effondrement du cours du rouble, le club a dû se séparer de plusieurs joueurs néo-zélandais payés en euros : ainsi les joueurs de Tonga ont renforcé l'équipe et lui ont permis de faire des économies.

Missile russe de Northampton

Vasily Artemiev. Crédit : Getty Images

L'équipe russe de rugby assiste rarement aux compétitions mondiales, mais en 2011, elle est parvenue à se classer pour le principal tournoi de la période. L’ailier Vasily Artemiev a été l'un des meilleurs joueurs de l'équipe. Artemiev était l'un des premiers Russes à jouer en Angleterre : en 2011, il a signé un contrat sensationnel avec le club Northampton Saints. Le joueur surnommé le « missile russe » s'est initié au rugby britannique en 2007 : lors de ses études à la faculté de droit à l’University College Dublin, il jouait régulièrement pour l'équipe locale. Après avoir joué deux saisons en Angleterre, Artemiev est rentré en Russie. Aujourd'hui, il est leader de Krasny Yar.

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