La baisse du rouble met le football russe sous pression

Crédit : Igor Rousska/RIA Novosti

Crédit : Igor Rousska/RIA Novosti

Le football professionnel russe connaît des difficultés financières : suite à la chute du cours du rouble, le coût des contrats des footballeurs et des entraîneurs a considérablement augmenté. RBTH a enquêté pour savoir quels sont les clubs que le sport russe pourrait perdre suite aux problèmes économiques.

Selon la récente étude de Sports.ru, les 10 footballeurs les mieux payés de la Première ligue russe gagnent 47,5 millions d'euros par an. Grâce à de simples calculs, on voit qu'au printemps et en été, lorsqu'un euro coûtait 38 roubles, cette somme valait alors 1,805 milliard de roubles. Aujourd'hui, avec un cours de 73 roubles pour 1 euro, les salaires atteignent 3,45 milliards de roubles. En un cours laps de temps, il a fallu 1,7 milliard de roubles de plus pour remplir les mêmes obligations de contrat concernant un petit nombre de joueurs.

Ces fluctuations économiques n'ont pas manqué de se refléter sur les budgets des plus grands clubs russes. Ainsi, le président du Spartak, Léonid Fedoun, a déclaré que les dépenses de son club avaient augmenté de 50%, alors que les revenus étaient restés inchangés. « En un an, le stade a couvert 20% de nos dépenses, et à présent seulement 10% », a-t-il annoncé dans une interview au journal Sport-Express. Il a ajouté que d'après ses estimations, cinq autres équipes connaissaient également de grandes difficultés.

« De nombreux footballeurs étrangers ont des contrats en devises étrangères, mais ils reçoivent leur salaire en roubles d'après le cours de la Banque centrale. Certains Russes sont également payés selon ce système », a expliqué Iouri Zaïtsev, juriste du sport, dans une interview accordée à RBTH. Il a aussi fait remarquer que le système comportait quelques nuances. « L'argent n'est pas toujours versé à temps. Par exemple, un footballeur peut recevoir son salaire pour le mois d'août en octobre au lieu de septembre. En conséquence, la somme, qui est basée sur le taux de change de la Banque centrale d'août, est inférieure à ce qu'attendait le sportif », a raconté Zaïtsev.

Pas seulement une question d'argent

Il est évident que les plus grands clubs, parmi lesquels le Zenith, le Dinamo, le CSKA, le Lokomotiv et le Spartak, auront moins de difficultés à gérer les turbulences actuelles. Le plus grand problème est de savoir comment vont finir ces fluctuations économiques : le taux de change reviendra-t-il à la normale ou bien devons-nous vivre « comme ça » ?

Au cours d'une conversation avec un journaliste de RBTH, le célèbre agent de footballeurs Arsen Minassov, qui représente notamment les intérêts du capitaine de la sélection russe Roman Chirokov, note que, d'un côté, le football russe est en difficulté, mais fait aussi remarquer que de nos jours, on met bien trop l'accent  sur les finances dans le football. « J'admets que quelques clubs peuvent faire faillite et même fermer, dit Minassov. Les employés, les administrateurs, les médecins, les footballeurs et bien sûr, les entraîneurs souffrent. »

Il faut noter que de nombreux problèmes du football russe ont des racines profondes, les fluctuations du taux de change des devises ne faisant que les rendre plus évidents. Avant même les difficultés économiques, le pays avait de l'argent pour développer le ballon rond, mais l'efficacité énergétique de son utilisation laissait à désirer. « Il sera intéressant de voir les clubs changer de politique par rapport aux difficultés », conclut Minassov.

Contexte concurrentiel

Il est évident que le versement des salaires en euro a aidé les équipes russes à être compétitives sur le marché international. Mais les futurs contrats signés prendront en considération les réalités. « Je suis de plus en plus souvent confronté à l'envie des clubs de fixer le taux de change, mais tout le monde est loin d'être d'accord sur ce point, déclare le juriste du sport Iouri Zaïtsev. Les étrangers dépensent de l'argent dans cette monnaie, et si on fixe le taux de change, ils recevront moins d'argent que ce qu'ils escomptaient ».

De plus, il est important de rappeler que le marché du football russe a connu une surchauffe évidente : les étrangers, pas toujours du plus haut niveau, touchaient des salaires très élevés, même comparés au niveau mondial. En résumé, entrer dans un club russe ne sera pas aussi avantageux qu'auparavant, mais l'importance des salaires permettra tout de même aux clubs de Première ligue russe de rivaliser avec  leurs homologues portugais ou brésiliens en termes de concurrence économique.

Rappelons une autre déclaration du président du Spartak concernant le contrat d'Artem Dzyuba. Léonid Fedoun a annoncé que l'on avait proposé à l'attaquant le plus gros salaire du club. Il a souligné que le contrat n'est pas en roubles et que « personne ne veut être payé en roubles ». Cette situation signifie qu'en plus des joutes sur le gazon, nous assisterons à une des périodes de transferts les plus intéressantes de l'histoire du football russe.

Sources utilisées : kp.ru, sport.rbc.ru

 

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